3082-Laos : une Eglise fragile dans un pays fermé - France Catholique
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3082-Laos : une Eglise fragile dans un pays fermé

Dans ce petit pays hermétique, les catholiques représentent moins de 1% de la population. De récentes ordinations sacerdotales semblent marquer un signe de réchauffement des relations entre l’Église et le régime communiste.
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Au Laos, l’un des trois pays de l’ancienne Indochine, les catholiques sont environ 42 000 sur une population de 5,4 millions d’habitants, à large majorité bouddhiste. Régi depuis 1975 par un parti communiste qui refuse toute évolution démocratique, le pays reste fermé sur lui-même.

Pourtant, de récentes ordinations sacerdotales montrent un signe de détente entre l’Église catholique et le gouvernement. Le 9 décembre 2006, l’évêque de Thakhek, Mgr Jean Sommeng, a ordonné deux jeunes prêtres, Pierre Vilayphone et Luc Sukpaphorn. La cérémonie a réuni les trois autres évêques du pays, ainsi que deux évêques de la Thaïlande voisine, de nombreux prêtres et plus de 2.500 fidèles. Les autorités civiles étaient présentes à la cérémonie, ainsi qu’une délégation de la communauté bouddhiste.

Ces ordinations ont suivi de quelques mois celle du père Somphone Vilavongsy, des Oblats de Marie Immaculée, en juillet 2006. Il était le premier prêtre ordonné depuis trente ans. Il y a actuellement quatorze séminaristes en formation au grand séminaire national de Thakhek, qui est l’un des quatre vicariats apostoliques du pays. Situé au sud du Laos, il compte près de dix mille catholiques, un évêque, sept prêtres et plusieurs dizaines de religieuses.

Si l’Eglise jouit d’une liberté relative au sud du pays, la situation est plus difficile au nord. Le vicariat apostolique de Luang-Prabang reste étroitement surveillé : seul l’évêque, Mgr Tito Banchong, entouré d’une poignée de catéchistes, assure la mission.

Les protestants évangéliques, très actifs parmi les minorités ethniques, restent particulièrement contrôlés. Le 11 août 2006, deux d’entre eux ont été arrêtés dans la province méridionale de Savannakhet.

Parmi ces minorités, les Hmongs sont ceux qui ont été le plus éprouvés. Sans cesse repoussés vers les hauteurs des massifs montagneux, persécutés dès 1945 pour ne pas s’être rangés du côté des indépendantistes, ils ont massivement fui le pays en 1975 quand le Parti communiste laotien a pris le pouvoir. 120 000 d’entre eux se sont alors réfugiés en Thaïlande d’où ils espéraient gagner un autre pays. Les Etats-Unis en ont accueilli 65 000, la France (et la Guyane française) 8 000. Les autres se sont répartis entre Australie et Canada. Le Mouvement lao pour les Droits de l’homme indique que, parmi ceux qui sont actuellement réfugiés en Thaïlande, certains sont en voie d’expulsion vers le Laos ou la Chine.

Aujourd’hui, la plupart des Hmongs sont parvenus à s’intégrer à la société laotienne, même si certains d’entre eux continuent à vivre cachés dans la jungle, en groupes isolés. Confrontées à une extrême pauvreté, exposées aux maladies, à la faim, ces familles font parfois l’objet de meurtrières chasses à l’homme.

Le 7 octobre dernier s’est ouverte à Trente la phase diocésaine du procès de canonisation du père Mario Borzaga, missionnaire Oblat de Marie Immaculée (OMI) et du catéchiste Thoj Xyooj Paolo, tués de façon tragique en mai 1960 au Laos. Le père Mario avait à peine 27 ans et le catéchiste 19. Parmi les nombreux messages que nous transmet aujourd’hui ce jeune missionnaire martyr, retenons celui-ci : « pour devenir saint, il n’y a pas de limite d’âge ».

Marc FROMAGER