3018-Amer lendemain - France Catholique
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Pèlerinage de Chartres : la jeunesse de l'Église
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3018-Amer lendemain

Un million de boites de Norlevo – la fameuse "pilule du lendemain" – a été distribué en France en 2005. C’est une révolution dans le domaine de la sexualité.
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Succès commercial indéniable pour le Norlevo mis sur le marché il y a seulement six ans : 30,3 % des filles de 15 à 19 ans l’ont déjà utilisé, vient-on d’apprendre, alors qu’elles n’étaient que 12,2 % en 2002. Certains ont surnommé « oral de rattrapage » ces comprimés à prendre après un rapport sexuel « à risque », dans les 72 heures, précise le fabriquant. L’expression « pilule du lendemain » n’est donc pas vraiment appropriée. Celle de « contraception d’urgence » est plus trompeuse encore.

Il faut aller jusqu’au bout de la notice explicative du produit, loin après ses nombreux effets secondaires, pour découvrir le pot-aux-roses : « la contraception d’urgence pourrait également empêcher l’implantation » suggère – au conditionnel – le laboratoire HRA Pharma, après avoir insisté sur son effet anticonceptionnel. Le Norlevo aurait donc une double action, contraceptive ou abortive, selon le moment où il intervient dans le cycle féminin.

Certes, la législation française ne parle d’avortement que si l’on interrompt une grossesse après l’implantation de l’embryon dans la paroi utérine, six jours après la conception. La destruction de l’embryon « préimplantatoire » se trouve injustement classée dans les méthodes contraceptives. C’est ce qui permet aujourd’hui à HRA Pharma de prétendre lutter contre l’avortement avec son million de boîtes vendues. Mais « il faudrait tripler ce chiffre pour qu’il y ait un impact sur les interruptions volontaires de grossesse » tempère-t-il, sans préciser le montant du chiffre d’affaires qu’il ambitionne de multiplier.

Ne doit-on pas d’abord s’interroger sur le maintien du nombre des IVG malgré l’explosion du Norlevo ? A l’heure où tant de très jeunes femmes subissent des violences sexuelles, n’agit-il pas davantage comme une caution à l’irresponsabilité masculine que comme l’outil de dissociation rêvé entre sexualité et procréation ?

« Je n’ai pas avorté, mais, à 17 ans, j’ai pris la ‘pilule du lendemain’ en ressentant très fort que je mettais un terme à ‘quelque chose’  » confie une femme sur un des forums internet où la « contraception d’urgence » est discutée. On y découvre que des jeunes le prennent trois fois par mois ! Malgré les assertions de ses promoteurs, la prise de Norlevo n’a rien d’anodin. Après le traumatisme post-IVG apparaît un autre, plus insidieux peut-être, car celles qui en sont victimes ne pourront jamais savoir si une vie a été arrêtée après son commencement. Comment une femme vit-elle l’incertitude sur l’existence même de son enfant dont elle a – peut-être – arrêté la vie au tout début ?

A la fureur du Planning familial, quelques pharmaciens bravent la loi qui ne reconnaît pas leur droit à l’objection de conscience. Ils refusent de délivrer le Norlevo.

Qu’en dit leur Conseil de l’ordre ? Son président pour l’Ile-de-France, Jean-Jacques des Moutis se targue de convoquer les réfractaires en conseil de discipline et leur promet de « passer un sale quart d’heure ». Il proclame : « le Norlevo évite la fécondation, il ne l’interrompt pas ». Même la notice du produit d’ose pas pareil déni.

Trugdual DERVILLLE