2993-Bioéthique : la surenchère - France Catholique
Edit Template
L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
Edit Template

2993-Bioéthique : la surenchère

Des scientifiques français faisant fi de l’humanité de l’embryon au nom des hypothétiques bénéfices de son exploitation, exercent un lobbying sur les responsables politiques en faveur de nouvelles dérives scientistes.
Copier le lien

La pétition en faveur du clonage dit « thérapeutique » lancée le 17 juin par dix scientifiques français de premier plan, dont deux anciens prix Nobel de médecine, est-elle en passe de rallier la classe politique ? C’est l’inquiétude de Christine Boutin. Par un communiqué diffusé le 27 septembre, la présidente du Forum des Républicain Sociaux, jugeait « suspecte » la « précipitation » du groupe d’études parlementaire Application des technologies en génétiques et problèmes éthiques à vouloir, dès l’ouverture de la session parlementaire, discuter cette pétition. Selon elle on risque une tentative de légalisation du clonage « thérapeutique ».

Autre thème récurent d’un lobbying effréné : les mères-porteuses. Comme pour les « bébés-médicaments » dont la validation s’était accompagnée d’une reformulation positive avec l’expression « bébé du double espoir », c’est l’expression à connotation altruiste de « gestation pour autrui » qui est promue. On ne compte plus les plaidoiries en sa faveur dans la presse, émaillées d’histoires à faire pleurer dans les chaumières. Le dernier argument de l’association Maia, interrogée par l’AFP le 16 septembre : protéger les candidates à cette pratique des trafics qui fleurissent sur Internet.

Frustrés par la loi bioéthique de 2004, qui ne va pas aussi loin qu’ils l’espéraient, même si elle ouvre la boîte de Pandore de l’expérimentation sur l’embryon, nos scientistes lorgnent sur leurs homologues anglo-saxons qui manipulent, vendent et achètent de l’humain à tout va : outre-Manche, on vient de produire un embryon humain portant l’ADN de deux mères.

Parce que « elle viole au moins trois interdits », cette première a été dénoncée par le président de l’Académie pontificale pour la vie. « Un vrai clonage va être effectué, l’embryon sur lequel est prélevé un noyau est supprimé et on va créer un nouvel embryon implanté à une femme qui devient une mère de substitution », a contesté Mgr Sgreccia, en précisant qu’il s’exprimait « du point de vue de la morale, et pas seulement catholique ». Qu’à cela ne tienne, le Vatican est considéré comme l’ennemi public n°1 par les scientistes : certains refusent carrément que des garde-fou éthiques puissent entraver leur sacro-sainte « course au progrès ».

Ils jalousent leurs collègues asiatiques, affranchis d’une morale judéo-chrétienne accusée de tous les maux. Pour eux, l’Italie fait figure de mouton noir : sa loi bioéthique est la moins transgressive de la planète, le référendum du printemps dernier, combattu par l’Eglise, n’ayant pas réussi à la rendre plus laxiste faute d’atteindre le quorum de 50% de votants. De plus, la péninsule a « produit » l’apprenti sorcier le plus provocateur, ce célèbre docteur Antinori, qui ne s’embarrasse d’aucune limite. On peut certes trouver encore pire que ce « gâcheur » accusé de ternir l’image de la science : la secte Raël continue d’annoncer d’invérifiables naissances de bébés clonés.

Effet boomerang ?

A propos du clonage justement, certains scientifiques comme le professeur Axel Khan ont mis en garde contre l’abus du qualificatif de « thérapeutique ». Conçu comme un sésame à accoler aux mots qu’on veut réhabiliter, il pourrait bien provoquer la suspicion du public, par un effet boomerang, dès lors qu’il ne tiendrait pas ses belles promesses.

Faut-il rappeler que les dérives bioéthiques se sont développées, en France comme ailleurs, dans la totale clandestinité ? Avant la réussite de leurs fécondations in vitro, les procréateurs artificiels ont conçu des embryons humains à seules fins de recherche, utilisant leur propre semence et les ovocytes de femmes auxquelles ils avaient fait subir une stérilisation, pratique tout aussi illégale à l’époque.

Aucun n’a fait son mea culpa. C’est dire avec quelle prudence il faut écouter ceux qui en appellent aujourd’hui à la légalisation de certaines pratiques en invoquant tour à tour, d’un ton angélique, la nécessité de sortir de l’hypocrisie et les difficultés de tous ordres générés par les interdictions, en prenant soin de nier une évidence : l’humanité de l’embryon… Il y plus d’un siècle d’autres experts montraient le même obscurantisme lorsqu’ils plaidaient le maintien de l’esclavage.

Tugdual Derville