2 - Dieu a parlé : l'Incarnation - France Catholique

2 – Dieu a parlé : l’Incarnation

2 – Dieu a parlé : l’Incarnation

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« Après avoir, à maintes reprises et sous maintes formes, parlé jadis aux Pères par les prophètes, Dieu, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, par qui aussi il a fait les siècles. « (Hébreux 1,1)

Dans la précédente communication, nous avons saisi l’émergence de cette parole de Dieu lors de l’événement fondateur du Sinaï. Nous aurions pu commencer par Abraham, mais la saisie historique en est beaucoup plus difficile. En effet, cet événement a été enrichi par tout le développement de l’histoire du salut.

Comme le dit ce début de la Lettre aux Hébreux, nous nous intéressons à cette parole décisive qui est celle du Fils incarné, le Christ. Après deux textes bibliques fondamentaux, nous réfléchirons à cette plénitude de parole qu’est la venue du Christ.


I – Fondement biblique

* A * Le prologue de saint Jean

Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec Dieu. Tout fut par lui, et sans lui rien ne fut. Ce qui fut en lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes. Et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie. Il y eut un homme envoyé de Dieu ; son nom était Jean. Il vint pour témoigner, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui. Celui-là n’était pas la lumière, mais il avait à rendre témoignage à la lumière. Le Verbe était la lumière véritable, qui éclaire tout homme ; il venait dans le monde ( variante : venant…). Il était dans le monde, et le monde fut par lui, et le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas accueilli. Mais à tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom, lui qui ne fut engendré ni du sang, ni d’un vouloir de chair, ni d’un vouloir d’homme, mais de Dieu. ( autre tradition, plus probable : ceux-là ne sont pas nés du sang, ni d’un vouloir de chair, ni d’un vouloir d’homme, mais de Dieu). Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. Jean lui rend témoignage et il clame :  » C’est de lui que j’ai dit : Celui qui vient derrière moi, le voilà passé devant moi, parce qu’avant moi il était.  » Oui, de sa plénitude nous avons tous reçu, et grâce pour grâce. Car la Loi fut donnée par Moïse ; la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ. Nul n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, lui, l’a fait connaître. (1,1-18)

Le mot « verbe » est la traduction du grec logos. On a pu penser qu’il venait de la pensée grecque où il signifie à la fois parole (discours, communication) et principe de raison (intelligence, raison, au sens de compréhension des causes). Mais il vaut mieux rester dans l’horizon biblique et faire référence à la parole ( en hébreu davar ), à la fois discours et action. Ceci est souligné par la référence évidente au premier verset de la Genèse : « Dieu dit », et tout exista, et par les considérations sur le rôle du Verbe dans la création. On doit aussi inclure dans ces références la réflexion du livre de la Sagesse qui identifie Sagesse, à laquelle il attribue les merveilles de l’histoire du salut, et Parole comme action de Dieu, en particulier pour la sortie d’Égypte (18,15).

De qui parle alors l’évangéliste ? Il nous fait pénétrer dans l’intimité de Dieu en nous dévoilant que celui-ci, en quelque sorte, se dédouble en son Verbe, qui est son expression et son action. Ce Verbe est divin, à cause de la triple affirmation de son existence « au commencement », c’est à dire avant toute chose, de son rôle dans la création, et surtout de sa proximité avec Dieu, c’est-à-dire le Père. La traduction du mot grec pros, qui revient deux fois, par auprès ou avec est un peu faible. Cette particule, quand elle gouverne l’accusatif, implique le mouvement. Pour ne pas laisser dans l’ombre le sens dynamique de ce mot la TOB traduit à juste titre tourné vers, en profonde communion avec le Père, ceci à juste titre à cause du verset 18 tourné vers le sein du Père . Saint Jean va identifier ce Verbe au Christ, au v. 14, en prélude à toute la vie et la passion du Christ qu’il va déployer dans son Évangile. On remarquera qu’avec Apocalypse 19,13 (le cavalier blanc, Verbe de Dieu, le vainqueur des nations païennes, à ne pas confondre avec le cavalier blanc de Ap. 6,2, qui est l’oppresseur) et 1 Jean 1,1 (le Verbe de vie). Ce sont les trois seules mentions de ce titre, promis pourtant à un grand avenir dans la théologie trinitaire.

La vraie question est de savoir si le prologue parle du rôle du Verbe en Dieu, avant la création du monde, puisqu’il participe à la création (v. 3), dans le monde, lumière pour tout homme (v.4), ou dans l’Incarnation (il vient dans le monde, v. 9, en choisissant la traduction, il vient…, opposée à celle de saint Jérôme dans la Vulgate tout homme venant en ce monde). Cette Incarnation n’est en effet mentionnée qu’au verset 14. Compte tenu du style de saint Jean, un peu circulaire et qui défie parfois la chronologie, on peut penser que le prologue remonte de l’action du Verbe Incarné à l’action du Verbe éternel. On ne peut pour autant affirmer que le Christ ne serait qu’une partie du Verbe et que celui-ci aurait une action indépendante du Christ et de son Église, manière récente de résoudre le problème du salut des nations. Le Verbe est venu dans la chair, c’est-à-dire dans la réalité de notre expérience humaine, dans une détermination concrète de temps et d’espace, avec la totalité de son être divin. Selon la pédagogie divine, cette focalisation de la divinité en un seul être humain est la condition pour qu’il puisse atteindre tous les hommes par une parole humaine, relayée par l’Église et soutenue par l’Esprit. La preuve en est le double témoignage qui se glisse dans ce prologue : celui de Jean le Baptiste, deux fois, qui rend témoignage à la lumière et celui de l’auteur, témoin oculaire : « Nous avons vu sa gloire.»

Nous avons aussi dans ce prologue l’aspect progressif de la Révélation : la Loi de Moïse, puis la grâce et la vérité venues par Jésus-Christ. Du point de vue trinitaire, nous retiendrons l’identification formelle du Verbe et du Fils unique (v. 14).

« Il a habité parmi nous » littéralement : il a planté sa tente parmi nous, allusion à la Tente de réunion dans le désert où Moïse rencontrait Dieu et à cette présence bienfaisante de Dieu à son peuple pendant cette période privilégiée, que le prophète Osée comparera à un temps de fiançailles.
Le verset 13 possède deux versions : le pluriel ceux que…, ou le singulier, lui que…La première est attestée par la plupart des manuscrits, la seconde par beaucoup de citations patristiques, permettant aux auteurs d’introduire la conception virginale. Il semble néanmoins qu’il faille garder le pluriel (traduction liturgique contre Bible de Jérusalem). Cela souligne la réalité hors du commun de notre vie chrétienne comme adoption filiale.
De ce texte nous pouvons tirer les réflexions suivantes sur notre question fondamentale, Qui est ce Dieu qui se révèle ? Même s’il se fait connaître, il reste le Dieu invisible (v.18). Mais cette connaissance se fait par deux régimes successifs, dont nous aurons à voir l’ajustement, la parole entendue, la Loi de Moïse et les prophètes, la Parole faite chair, c’est-à-dire l’un d’entre nous, Jésus Christ. Le prologue souligne que ceci n’est possible que parce que en Dieu, il y a déjà ce dialogue, ce duo du Père et du Fils, de Dieu et de son Verbe.

* B * Éphésiens 3

Vous pouvez vous rendre compte de l’intelligence que j’ai du Mystère du Christ. Ce Mystère n’avait pas été communiqué aux hommes des temps passés comme il vient d’être révélé maintenant à ses saints apôtres et prophètes, dans l’Esprit : les païens sont admis au même héritage, membres du même Corps, bénéficiaires de la même Promesse, dans le Christ Jésus, par le moyen de l’Évangile. Et de cet Évangile je suis devenu ministre par le don de la grâce que Dieu m’a confiée en y déployant sa puissance : à moi, le moindre de tous les saints, a été confiée cette grâce-là, d’annoncer aux païens l’insondable richesse du Christ et de mettre en pleine lumière la dispensation du Mystère : il a été tenu caché depuis les siècles en Dieu, le Créateur de toutes choses, pour que les Principautés et les Puissances célestes aient maintenant connaissance, par le moyen de l’Église, de la sagesse infinie en ressources déployée par Dieu en ce dessein éternel qu’il a conçu dans le Christ Jésus notre Seigneur, et qui nous donne d’oser nous approcher en toute confiance par le chemin de la foi au Christ. (2-12)

Au premier abord, ce texte met en relief la grande préoccupation de saint Paul, l’évangélisation des païens, et pas seulement des Juifs, la Bonne Nouvelle de Jésus Christ communiquée à tous et pas simplement au peuple élu. Mais on reste étonné que cette affirmation soit entourée d’une affirmation aussi solennelle et gratifiée de ce qualificatif de mystère. C’est que sous ce mot saint Paul veut inclure à la fois l’annonce du salut des nations par Jésus Christ et le mode de transmission par lequel cette Bonne Nouvelle va leur parvenir. De même qu’en 1 Corinthiens 15, il énonce qu’il a transmis ce qu’il a reçu, en précisant qu’il s’agit non seulement de la résurrection mais aussi des apparitions, de même, dans ce texte, il englobe dans le mystère le plan de salut qui avec le Christ veut atteindre toutes les nations, après l’épisode pédagogique du peuple élu, et le rôle qui lui a été dévolu d’en être l’apôtre auprès des païens. Le mystère englobe donc la réalité à transmettre et la manière dont elle doit être transmise. On retrouve le sens du qualificatif apostolique donné à l’Église dans le credo ; il est de son essence même de recevoir le message des apôtres et, à leur image, de le transmettre.

Nous apprenons donc par ce texte que Dieu donne à la fois le contenu de sa parole mais dans cette parole même la manière et l’exigence de la transmettre. Ou encore, Dieu donne, mais il donne aussi la possibilité et la manière de recevoir ce don.

II – Réflexion théologique

* A * Une révélation progressive

Notre foi n’est pas un ensemble de propositions qui seraient contenues dans un unique traité délivré une fois pour toutes. La révélation n’est pas un livre tombé du ciel, comme les musulmans l’affirment du Coran. Pour celui-ci, l’étude littéraire en reste à faire, ce que les musulmans refusent en raison de l’affirmation précédente.

Il a fallu des siècles de fréquentation de Dieu et de son peuple, pour que s’élabore le trésor qu’est notre Bible.

Ce ne sont pas pour autant des révélations successives dont chacune abolirait la précédente, mais des touches qui viennent approfondir les affirmations précédentes. Les prophètes se veulent solidaires de la Loi de Moïse et le livre de l’Ecclésiastique prend bien soin de faire l’éloge des hommes illustres qui ont collaboré à cet avancement du dessein de Dieu. Cette série s’achève par le Christ. C’est lui qui donne sens à l’ensemble. Un peu comme dans un roman policier où les dernières lignes éclairent et font comprendre l’ensemble qui a été écrit précédemment. Nous reverrons cela en * D *.

Un tournant décisif fut celui de l’Exil à Babylone. On y voit comment la méditation de la prophétie de Jérémie fait connaître et attendre une autre délivrance (Daniel 9). On peut y ajouter qu’à ce moment là, celui semble-t-il de la persécution du temps d’Antiochus (voir le Livre des Martyrs d’Israël), l’espoir ne peut venir que d’une transformation radicale, d’une fin définitive qui sera la victoire de Dieu.

Ce que l’on vient de dire de l’espérance, messianique et eschatologique, peut aussi se dire dans le progrès de la connaissance de Dieu. Dieu ne s’est révélé ni dans la forme abstraite d’un exposé sur la Trinité, ni dans une approche philosophique, mais par son action libératrice et son exigence morale (Moïse), puis par sa sainteté (Isaïe), puis encore son exigence d’unicité et sa profonde différence avec le idoles (second Isaïe), enfin par sa Sagesse et sa puissance créatrice.

* B * Comment le Verbe Incarné est-il la parole définitive de Dieu ?

Saint Paul nous le dit bien : « Dieu n’a pas refusé son propre Fils, il l’a livré pour nous tous ; comment pourrait-il avec lui ne pas nous donner tout ? » (Romains 8,32) et l’introduction de la Lettre aux Hébreux citée au début de cette communication sera confirmée par cette affirmation plusieurs fois reprise : «une fois pour toutes .» Nous avons donc à chercher ce qu’il y a de définitif dans le Christ.

Le problème est le suivant : comment le Dieu infini peut-il se donner tout entier en préservant son invisibilité et sa transcendance ? La 2° préface de la Nativité nous met sur la piste : « Celui qui par nature est invisible se rend visible à nos yeux. » En plongeant son Fils dans notre expérience humaine, Dieu a rendu possible une meilleure connaissance de Dieu, mais en quoi est-elle définitive ? Il semble que cela soit dans la profondeur et la richesse même de cette révélation. Non seulement Dieu nous dit son projet sur nous, depuis la création jusqu’à notre entrée dans la vie éternelle, mais il nous dit qui il est lui-même. En faisant connaître sa vie intime, son amour trinitaire, Dieu va au fond de ce qu’il peut nous donner, il nous fait connaître son être même et en conséquence l’ampleur de son dessein sur nous, puisque cette vie qu’il nous propose par le baptême est l’entrée dans son intimité, dans la vie trinitaire .

Cet aspect unique de la parole de Dieu était pressenti par ce fragment du psaume 61. Avec le procédé « numérique » qu’on retrouve ailleurs dans l’AT (en Amos 1, par exemple), le psalmiste souligne l’unicité de cette parole :
Une fois, Dieu a parlé, deux fois je l’ai entendu, ceci que la force est à Dieu, à toi, Seigneur l’amour. (v, 12)

* C * Parole, paroles et actes.

Le Christ, Verbe de Dieu, Parole de Dieu, s’est exprimé avec le langage de son temps, imprégné de la culture religieuse qui était la sienne, celle de l’AT. Les évangélistes ont recueilli cet enseignement, tout au moins dans son essentiel, mais en ayant conscience, justement de ne donner que l’essentiel. D’où ces deux citations complémentaires :

Il y a encore bien d’autres choses qu’a faites (et dites) Jésus. Si on les mettait par écrit une à une, je pense que le monde lui-même ne suffirait pas à contenir les livres qu’on en écrirait. (Jean 21,25)

Qui oserait retrancher aux paroles de ce livre prophétique, Dieu retranchera son lot de l’arbre de Vie et de la Cité sainte, décrits dans ce livre ! (Apocalypse 22,19)

D’où l’importance que nous attachons aux moindres mots de ces textes qui sont porteurs de la révélation de Dieu.

De plus, de même qu’en Dieu parole et action sont identiques, de même, pour le Christ, ses actes et ses paroles se superposent. Ces paroles sont très souvent une manière d’expliquer ce qu’il vit. Par exemple, les Béatitudes sont son programme de vie et de sacrifice, des paraboles, comme celle des vignerons homicides, parlent de son action : être rejeté par son peuple pour offrir le salut à toutes les nations. Réciproquement, les actes de Jésus révèlent qui il est : les guérisons anticipent la rénovation de l’homme qu’il va réaliser par sa résurrection, sa passion dévoile le fond de son obéissance sans faille à son Père, sa résurrection fait passer dans le monde « la vie qu’il possède en plénitude .»

Pour rejoindre le commentaire d’Éphésiens 3, attachons-nous aux gestes et aux paroles qui concernent les Apôtres et l’établissement de l’Église. En choisissant les Douze, en les formant à une vie avec lui autant qu’en leur inculquant son message, il complète ses paroles. Il prépare cette transmission au monde entier qui sera leur mission, conformément au nom qu’il leur donne ; apôtres c’est-à-dire envoyés. Le geste et la parole de la fondation de l’Église en instituent les Apôtres rejoint ce que Jésus dit de lui même : il se livre pour le monde. N’est-ce pas le même mot qui signifie livrer et transmettre ( en grec paradidomi) ?

* D * Parole définitive et pourtant ouverte sur l’avenir.

Revenons sur cette affirmation : Jésus plénitude de la révélation. Elle a deux faces, celle de Jésus qui accomplit les Écritures et celle de la clôture de la Révélation.

Sur ce premier aspect, le P. de l’Éprevier écrit :

Le Christ « accomplit » les Ecritures. « Je suis venu accomplir » ; « tout ceci arriva afin que s’accomplisse la parole du prophète… ». La Commission biblique pontificale relève trois sens à accomplissement.

1. Jésus accomplit parce qu’il met en pratique. Contrairement à l’idée d’un Jésus « libre par rapport à la Loi », on redécouvre aujourd’hui qu’il a mis en pratique la Loi jusque dans ses préceptes les plus précis (« pas un iota… »). Il porte le tsitsit, il va à Jérusalem, il ne froisse pas les épis le jour du shabbat. Il « fait » ce qui est écrit (comme Dieu le demande à Israël ; cf. dans le Deutéronome : « tu garderas et mettra en pratique »), et il le fait de manière parfaite.

2. Accomplir, c’est aussi conduire à son terme. C’est le sens classique de l’accomplissement des prophéties, que mettent en avant les Pères dans un but apologétique. Jésus naît à Bethléem, comme cela était annoncé du Messie. Ses disciples le quittent au moment de la Passion, comme le prophétisait Zacharie. Mais il faut noter qu’à aucun moment, Jésus n’accomplit la prophétie de manière formelle. Il ne va pas vivre à Capharnaüm pour accomplir la prophétie d’Isaïe (d’ailleurs celle-ci ne demande pas d’accomplissement). Mais parce qu’il va vivre à Capharnaüm, se trouve accomplie la parole : « le peuple qui marchait dans les ténèbres… ». Jésus est plus grand que les Ecritures qu’il accomplit.

3. Nous arrivons ainsi à un troisième sens d’accomplissement : Jésus porte en lui une plénitude, à partir de laquelle se réorganise tout le reste. L’accomplissement, c’est la pleine réalisation, ou plutôt la plénitude donnée à ce qui est réalisé.

La clôture de la Révélation n’est pas plus facile à saisir. Elle est dite dans le livre de l’Apocalypse, justement le dernier de la Bible. Mais ce même livre dit bien que c’est l’Agneau qui ouvre le livre scellé de sept sceaux. Ce terme doit être pris dans le sens suivant : le Christ est la totalité du don de Dieu. On ne peut rien y ajouter. (Voir aussi conclusion).

Mais il faut faire place à une constante des Évangiles : il y a quelque chose à attendre, le Retour de celui qui donnera la véritable fin de l’histoire.
Cela veut-il dire qu’il ne peut rien être dit de nouveau, alors que la Bible regorge de ces affirmation, du neuf et de l’ancien.., toujours nouveau… ? La réponse est dans notre incapacité à tout saisir.

Même si la plénitude de la Révélation est donnée, il reste un énorme travail à faire, celui d’assimiler subjectivement ce donné. Peut-être est-ce le sens de la phrase de saint Paul en Colossiens 2,9 : « vous vous trouvez associés à sa plénitude ( BJ) » ou « en lui vous avez tout » (Bible des peuples) ou « vous vous trouvez pleinement comblés » (TOB). La variété des traductions montrant la difficulté de rendre le grec qui pourrait se traduire littéralement : « vous complétez la plénitude ». Sans oublier que Dieu n’est pas à notre mesure et que la découverte de son plan et de son être excédera toujours nos limites et nous poussera à approfondir ce donné.

Conclusion

Tout est donné dans le Christ, mais tout est à recevoir, à intérioriser, à approfondir. Les prochaines communications chercheront à voir ce que cela veut dire tant dans la théologie que dans la vie spirituelle.