1er janvier, la circoncision - France Catholique

1er janvier, la circoncision

1er janvier, la circoncision

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Je ne veux pas avoir l’air de faire du mauvais esprit, mais, en ce temps où l’Eglise catholique affirme avec force son lien privilégié avec le peuple juif, il est étonnant que la fête de la Circoncision, célébrée naguère le 1er janvier (huit jours après la naissance, comme il se doit), ait complétement disparu de notre calendrier liturgique. A vrai dire, elle n’a pas totalement disparu, puisque l’évangile qui est lu ce jour-là reste bien celui qui relate l’épisode (Luc 2,21), avec juste quelques petits versets en plus qui mettent en valeur la Vierge Marie et son écoute attentive. Mais enfin ce n’est plus la Circoncision de Jésus qui est mise en avant, c’est la Maternité divine de Marie, ce qui est très bien aussi…

Pour ma part, je n’ai jamais entendu une seule homélie sur la circoncision, comme s‘il y avait une gêne à parler de cette petite opération que connaissent tous les bébés mâles dans le judaïsme (et d’ailleurs aussi dans l’Islam) et que Notre Seigneur a vécue, en gage de son insertion pleine et entière dans la descendance charnelle d’Abraham. Trop longtemps a prévalu un préjugé qui voit là un rite barbare, comme si Dieu avait besoin de voir couler le sang, comme si l’appartenance à l’Alliance n’était pas d’abord une affaire de conviction, etc. L’idée qui se fait jour à présent, selon laquelle nos relations avec Dieu devraient être indolores et purement spirituelles explique bien des rejets dont la foi chrétienne a elle-même pâti, c’est ainsi qu’on a souvent évacué les obligations d’abstinence ou d’assistance à la messe dominicale, comme des relents de judaïsme qu’il fallait dépasser.

Le fait qu’une marque soit imprimée dans la chair, qui signifie la mise à part pour Dieu, n’est pas sans portée. Israël est constitué comme le peuple témoins de l’unicité de Dieu : dans ce monde polythéiste (et il l’est toujours, lisez les affiches), il atteste la souveraineté du vrai Dieu face aux idoles de l’argent, du sexe et du pouvoir. Par l’ablation d’un peu de chair dans le corps d’un homme (sans gêner aucune de ses fonctions vitales), il humilie l’orgueil de la virilité, il refuse la fermeture sur soi. Bien sûr, ce n’est qu’un signe, mais un signe drôlement parlant. La tendance à remplacer tout par des équivalences (je ne vais pas à la messe le dimanche, mais je passe dans une église en semaine, parce que j’aime mieux me trouver seul avec Dieu ; je ne fais pas abstinence le vendredi, mais je remplace cela par un acte de bonté pour mon mari, c’est beaucoup plus engageant etc.) fait de nous le juge de ce que nous voulons donner et finit toujours par suivre la pente de nos désirs et de nos habitudes, jusqu’à disparition complète, généralement, car ce Dieu qui partage en tout notre largeur d’esprit n’a plus grand-chose à nous dire, et nous le quittons un jour imperceptiblement, sans nous en rendre compte.
La revendication brûlante du Dieu saint d’Israël qui peut dire « tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force » passe par des signes qui, d’une façon ou d’une autre, s’inscrivent dans notre vie concrète. Pour nous chrétiens, le premier signe sera le baptême qui, à première vue, est moins directement charnel, mais qui nous marque assez pour que certains, aujourd’hui, cherchent (mais en vain) à s’en défaire, en demandant d’être rayés des actes de baptême.

Jésus, lui-même tout plein de la sainteté de Dieu, a connu cette marque dans sa chair, les quelques gouttes de sang qui ont coulé annonçaient l’effusion de son sang sur la croix. Il commençait ainsi à offrir le sacrifice parfait, en remplacement de l’homme qui avait perdu le chemin de l’obéissance filiale.