15 - la revue "Demain", c'était qui ? - France Catholique
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15 – la revue « Demain », c’était qui ?

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DEMAIN ? C’ÉTAiT QUI ?

Ainsi, pour y voir clair sur La France Catholique 2, incontournable l’hebdo Demain…
Comment se présentait-il et, surtout, qui en était ? Quoi y lisait-on ?
Format journal – et non revue – tiré à quelque 45 000 exemplaires semble-t-il, Demain avait cinq pages : la «une» avec le billet de Gustave Thibon, l’éditorial de Fabrègues et, souvent, l’article de Jean Le Cour Grandmaison ; la deuxième page était titrée «Jeunesses de France» ; la , La Cité française avec, souvent, un article de François Perroux ; la 4 était consacrée au Lettres et la 5 était intitulée France, terre chrétienne.

Les hommes de Demain ? Il y avait deux hommes-clés : Jean Le Cour Grandmaison – dont on a tendance à escamoter le rôle dans cette publication – et Jean de Fabrègues.
Celui-ci étant comme l’homme-orchestre. En effet, il était à la tête de deux «réseaux».

Pierre Péan (in Une jeunesse française, Ed. Fayard) les a bien repérés : Le Centre d’action des prisonniers a été créé par Jean de Fabrègues et Henri Guitton, au début de 1942, sous l’égide du Commissariat au reclassement des prisonniers de Guerre de Maurice Pinot. Il en constitue une sorte de bureau d’études pour toutes les questions intellectuelles, artistiques, sociales et mofrales. L’objectif est de préserver le capital humain accumulé durant la captivité, de recueillir et faire germer tous les témoignaes issus de cette captivité et, surtout, d’en faire apport à la «Communauté française» retrouvée. La «Communauté française» est une des expressions magiques de la Révolution nationale qui recouvre l’espérance de faire de la France une société sans classes, fraternelle et solidaire. L’idée des penseurs du mouvement est que l’«esprit prisonnier», fait de fraternité, de solidarité, et ayant aboli la hierarchie bourgeoise, pourrait servir de base à cette «Communauté». Le CAP pour la zone non occupée – on disait à l’époque la zone «nono» – est installé à Lyon.
Les principes qui gouvernent l’action du Centre ont été élaborés lors de sessions réunioes à Crépieu-la-Pape, au siège des Compagnons de France, mais ils s’appuient surtout sur le livre de Jean Guitton qui vient d’écrire, dans son oflag, Fondements de la Communauté française, une déclinaison des principes de la Révolution nationale. Le livre de Guitton est une sorte de bible au sein du mouvement des prisonniers. Les fondateurs du CAP sont presque tous issus de l’Action française ou de groupes d’extrême-droite. Jean de Fabrègues, après avoir été Action française, puis proche du comte de Paris, a été le fondateur, avant-guerre, de la revue d’extrême-droite Combat. Fabrègue est rejoint à la direction du CAP par Jacques de Montjoie, autre royaliste. Comme l’indique une note élaborée par le cabinet du secrétariat d’Etat à la Guerre en date du 29 juin 1942, le Centre «poursuit un but de propagande en faveur de la Révolution nationale. L’action de ce centre doit être le prolongement de celle des cercles Pétain qui fonctionnent dans les camps. »

D’où cette lettre de François Mitterrand à son ami Jacques bénet : « Je vous écris de la salle de rédaction de l’hebdomdaire Demain, chez mon ami Jean de Fabrègues. Tout à l’heure, je déjeunerai à Crépieux-la-Pape avec de Tournemire, chef des Compagnons de France : ambiance sympathique, site splendide au-dessus du Rhône, dont un bras frôle le bas de la roche tandis que lautre s’étale au loin, découpe une campagne aux allures de plaine… »

Une partie de la thématique de Demain vient de cette filière. Continuons de lire Péan :
« Demain consacre une page entière à la Jeunesse de France, dans laquelle de longs papiers traitent régulièrement des Compagnons de France, des Chantiers et, plus généralement, de tous les mouvements de jeunesse. Rien d’extraordinaire à cela, puisque Jean de Fabrègues est en parfaite symbiose avec les dirigeants de ces mouvements, notamment avec Tournemire, qui a hébergé de nombreuses réunions du CAP à Crépieux-la-Pape, point de ralliement des Compagnons.
Quelques «unes» permettent de se faire une idée de l’état d’esprit qui prévaut à Demain. 8 février 1942 : « Les idées corporatives reçoivent-elles une adhésion sincère de l’opinion ? » ; 10 mai 1942 : numéro spécial sur Jeanne d’Arc ; 16 août 1942 : le pèlerinage du Puy-en-Velay… Après l’invasion de la zone non occupée et le débarquement allié en Afrique du Nord, pas une livre n’est consacrée à ces événements. Fabrègues est plus proéccupé par le «réarmement de nos enfants». À la mi-septembre de 1973, un long reportage sur «Equipes et Cadres», le mouvement où est employé Pol Pilven, collaborateur direct de François Mitterrand.
Comme ce dernier, Jean Védrine est proche de Demain et de l’équipe de Jean de Fabrègues. À partir du 14 mars 1943 et jusqu’à la mi-août, il y signera douze articles. Le premier à trait à «La campagne des traditions militaires». Parmi les autres titres, relevons : «Alerte aux foyers dispersés», «L’heure du crab» ; les deux derniers rendent compte d’une longue enquête sur les Compagnons de France, dirigées par un des amis de l’équipe Pinot-Mitterrand, Guillaume de Tournemire.
À cette date, l’esprit du journal n’a donc pas changé : il est toujours très favorable à la Révolution nationale, attaque les francs-maçons, entend réhabiliter les vraies valeurs de la France et, à titre d’exemple, fera sa «une», début août, sur Salazar et le corporatisme… »

Quant à l’autre filière, elle vient d’ailleurs, du catholicisme social et, surtout, on y retrouve les amis de Fabrègues, dans ses multiples revues des années 30 et, notamment, à sa revue Combat : Gustave Thibon, François Perroux, Jean Guitton, Henri Pourrat, on pouvait lire les contributions de nombreux auteurs qui, au cours des années 1930, avaient suivi Jean de Fabrègues à travers les nombreuses revues qu’il avait créées et animées : ainsi René Vincent, chargé de la chronique littéraire, avait signé à Réaction, à Civiulisation, à La Revue du XXe siècle, à Combat. François Gravier et Louis Salleron avaient écrit à Combat. On voyait aussi les noms de Robert Havart de la Montagne (qui écrivait dans l’Action Française), de Charles Ledré, de Jean Lecerf, de Robert Valéry-Radot, de Paul Chanson, de Jean Daujat, de Jean Peyrade, du Père Roguet, etc.