02 - Chapitre II - Extension de l'évangélisation de rue - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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02 – Chapitre II – Extension de l’évangélisation de rue

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Ce que nous a appris l’évangélisation de rue

Au départ l’évangélisation de rue était considérée à l’Emmanuel comme une spécialité de la Boutique verte, l’exclusivité d’un groupe un peu particulier. Pierre Goursat peu à peu a ouvert l’évangélisation de rue à tous.

Pierre Goursat et Martine Laffitte, avaient reçu l’effusion de l’Esprit le 12 février 1972. Ils avaient été appelés à prier ensemble tous les jours. De là était née la Communauté Emmanuel. Pierre en était le coordinateur. C’était un homme de soixante ans, distingué et original, d’une grande profondeur spirituelle, avec un feu pour l’évangélisation. Il nous apprenait à faire oraison chaque jour, si possible en adorant le Saint Sacrement. De là il nous poussait à l’évangélisation. Le 1er novembre 1974 nous avions commencé à habiter ensemble, Pierre, Jean-Marc Morin et moi, au presbytère abandonné de la Cité universitaire, à Gentilly. Un week-end général, proposé aux groupes de prière de la région parisienne, eut lieu à Gentilly, au premier semestre 1975. Pierre a ajouté aux ateliers de préparation à l’effusion de l’Esprit, de chant et de prière personnelle, un atelier sur l’évangélisation. Nous avons été plusieurs avec Bernadette Jomard à choisir cet atelier. Aucune salle ni aucun animateur ne nous était attribué. J’ai demandé à Pierre qui allait nous faire travailler. Il me répondit : « C’est toi. Vous allez aller au Luxembourg. » J’ai répondu : « Mais je n’ai jamais fait ça ! » – « Bernadette sera avec toi et jouera de la guitare. » A l’époque, à la Boutique verte, nous ne sortions pas dans la rue. Pierre nous y a rejoints au Quartier latin en haut du boulevard Saint-Michel. Nous pouvions être une vingtaine.

Bernadette à la guitare, entourée de quelques chanteurs, les gens se sont attroupés autour de nous, en posant des questions: « Est-ce que vous êtes une nouvelle secte ? » Nous répondions indignés : « Nous ne sommes pas une secte ! Nous sommes des catholiques ! » « Ah bon, répondit quelqu’un, pourtant vous avez l’air heureux. » Là-dessus les conversations de s’engager …
L’année suivante, fin 1975, de retour de Paray-le-Monial (1) , où avait eu lieu la première des « Sessions du Renouveau », nous étions installés rue Gay-Lussac chez les Sœurs de l’Adoration. Nous allions en général à la messe de midi à l’église Saint-Jacques du Haut-Pas, à côté. Pierre, quand il voyait des jeunes à la messe, s’arrangeait pour leur parler à la sortie. Le samedi après-midi, il nous envoyait à la porte du jardin du Luxembourg, parce qu’il avait repéré plusieurs fois un groupe de Moon (2) à cet endroit. Nous étions une quinzaine habituellement. Pierre, pour nous inciter à évangéliser, nous avait dit: « Imagine que tu es dans le métro, en train de prier en silence sans rien montrer, autour de toi il y a des gens. Soudain un accident, et vous mourez tous. Vous vous retrouvez au Ciel. Le type qui était en face de toi te dit : “Vous auriez pu me dire que c’était si beau, vous qui étiez au courant”. » Pierre nous expliquait qu’il fallait parler aux gens comme si c’était la seule occasion qu’on aurait de le faire.

Cette histoire m’a aidé un jour au Luxembourg. Nous offrions quelques numéros d’Il est vivant !3aux passants. Un homme d’un certain âge le refusa assez sèchement et continua d’avancer vers le théâtre de l’Odéon. Tout à coup je me suis dis : « Et s’il meurt ? » J’ai couru derrière lui et, par un mouvement tournant, je me suis trouvé en face de lui : « Monsieur, vous avez peut-être cru qu’on voulait vous vendre quelque chose. Mais c’est un cadeau, je vous l’offre. Nous sommes là pour parler de Dieu qui nous aime. » Le visage de l’homme s’est transformé, il a souri avec bienveillance, il a pris le journal: « Je vous remercie. Je ne suis pas du tout contre, mais je suis obligé de me presser pour un rendez-vous. » A ce moment-là j’ai compris que l’Esprit Saint aurait d’autres moyens de continuer à toucher cet homme et à le faire avancer. Mais déjà ses paroles et l’attention bienveillante qu’il m’avait prêtée étaient un verre d’eau offert à Jésus, selon les paroles de l’Evangile :

« Qui vous accueille m’accueille et qui m’accueille accueille celui qui m’a envoyé.

« Qui accueille un prophète en tant que prophète recevra une récompense de prophète, et qui accueille un juste en tant que juste recevra une récompense de juste.

« Quiconque donnera à boire à l’un de ces petits rien qu’un verre d’eau fraîche, en tant qu’il est un disciple, en vérité je vous le dis, ilne perdra pas sa récompense » (Mt 10, 40-42).

Ces paroles de l’Evangile contiennent deux implications qui nous concernent :
Premièrement, comme baptisés, nous faisons partie des disciples du Christ, dont la charge est d’être d’autres Jésus pour annoncer la Bonne Nouvelle, par le témoignage, par la charité, mais aussi par l’annonce directe. L’Esprit Saint nous aide à trouver l’audace, les moyens et le tact nécessaires pour entrer en conversation avec le prochain et dire les paroles qui lui ouvriront le coeur et l’espérance. N’est-ce pas un des sens de la parabole du bon Samaritain ? Comment pouvons-nous passer à côté de gens qui sont dans leur coeur blessés, malades, sans espérance et fermer les yeux en continuant notre chemin ? Notre prochain, c’est tout homme auprès de qui nous vivons, que nous rencontrons sur le chemin, et qui n’a pas d’espérance. Pour ceux qui en ont déjà un peu, ne pouvons-nous pas, comme le disait Véronica O’Brien, les aider à en avoir un peu plus ?

La deuxième signification de ce texte, particulièrement importante dans le cadre de l’évangélisation, est de considérer que si Jésus dit : « Qui vous accueille m’accueille », cela veut dire que dans la rue ou ailleurs, là où nous annonçons l’Evangile, si quelqu’un s’arrête, ne serait-ce qu’une minute pour nous écouter, poser une question, c’est Jésus qu’il accueille à travers nous. Ces rencontres ont une valeur d’éternité. Il n’est pas nécessaire qu’il y ait des grands mots, des grandes découvertes, des changements apparents. En nous rencontrant quelques instants, c’est comme si cet homme s’était arrêté sur une route de Palestine pour parler avec Jésus.

Cela nous renvoie à demander pour évangéliser une grâce de foi, pour vraiment croire que l’Esprit Saint nous fait parler au nom de Jésus, une grâce de foi pour croire que la personne qui s’arrête, qui nous écoute, rencontre Jésus.

Notre ami Jean-Michel Paulus, aujourd’hui avocat à la Cour de Colmar, dans le métro, priait. Au moment où il se lève pour descendre à sa station, l’homme en face lui dit : « Je vous demande pardon, mais est-ce que vous n’étiez pas en train de prier ? » Jean-Michel, surpris, répond : « Oui. – Alors, est-ce que vous pourriez prier pour moi ? »

On peut prier en union avec Jésus pour tous ceux qui nous entourent et nous bousculent dans les moments de presse et demander à Jésus d’être avec nous pour les regarder. On peut aussi lire, de façon à ce que notre voisin en profite, un texte sur l’amour de Dieu ou toute chose susceptible d’exciter l’intérêt. Une fois, au début du développement de l’internet en France, comme je commençais le site « Questions de l’homme », nous avions imprimé 50 000 tracts, en français et en anglais. A la station de métro Tuileries, où pas mal de touristes passent, je descends, j’attends que tout le monde soit sorti et dispose rapidement mes tracts sur les nombreux sièges qui s’y trouvent, alternativement tournés côté français ou côté anglais. Ensuite, assis, j’ai pris un tract et me suis mis à le lire. Les gens arrivaient et retiraient le tract pour s’asseoir, le mettant sur le siège voisin. Puis la curiosité l’emportant, ou me voyant le lire, ils y jetaient un coup d’oeil de biais. Finalement la plupart, quand la rame de métro arrivait, en se levant, emportaient un tract. J’ai répété l’opération pour plusieurs passages de métro.

Dans le train ou dans l’avion, il est plus aisé de trouver le temps et l’occasion de parler à ses voisins. Il m’est arrivé de très nombreuses fois d’avoir des rencontres passionnantes et apparemment utiles. Une fois je repartais par avion de Rome, j’étais fatigué des journées que j’y avais passées. A l’enregistrement j’ai demandé, avec ma carte de grand voyageur, une place en avant afin de gagner du temps pour sortir à l’arrivée. L’hôtesse d’enregistrement me répondit oui, mais en fait elle m’avait placé assez loin dans le couloir. Je maugréai intérieurement en me dirigeant vers la salle d’embarquement. Je me suis rendu compte de mon attitude et j’ai demandé pardon au Seigneur de me plaindre pour un tel détail. Mais il n’est pas facile de paraître bon vis-à-vis du Seigneur, et à ses propres yeux : Je me surpris une seconde fois à maugréer avant d’embarquer. Et une troisième fois j’ai maugréé quand j’ai vu que j’étais tout seul à un rang : « Et en plus je ne pourrai même pas évangéliser. » C’était de la mauvaise foi parce que si j’évangélise souvent, je ne peux pas dire que j’évangélise chaque fois que je voyage. Je demandai encore pardonau Seigneur et m’installai.

Je ne me rappelle plus comment, mais nous avons commencé à parler avec l’hôtesse de l’air. Puis elle m’a dit : « Je reviendrai quand j’aurai fini mon service. » J’avais peut-être évoqué mon séjour à Rome pour raisons d’évangélisation. L’avion n’était pas très plein, elle est venue s’asseoir à la place libre à côté de moi. C’était une Italienne d’origine ; son père, âgé, allait mourir prochainement. Elle voulait savoir comment l’aider à mourir chrétiennement. Nous avons parlé ainsi vingt minutes. La Providence avait ménagé que je me trouve seul à un rang, dans la partie que desservait cette hôtesse. Au lieu de maugréer en attendant mon tour pour sortir à l’arrivée, j’étais dans une joie !

La joie est un don que nous recevons lorsque l’Esprit Saint se sert de nous pour faire connaître Jésus. Pendant des années, j’ai eu du mal à partir le mardi soir pour me rendre à la Boutique verte. J’en suis toujours revenu dans la joie, une joie surnaturelle. Je crois que la plupart des gens qui font l’expérience de l’évangélisation de rue, du porte-à-porte, ou de parler de Jésus avec un voisin ou un collègue éprouvent cette même joie. Cette joie nous est donnée même lorsque, semble-t-il, nous avons travaillé pour rien.

En pratique l’évangélisation de rue se passe mieux en un lieu répondant à deux conditions :

Premièrement choisir un endroit où passe beaucoup de monde. A une époque nous avions essayé de changer un peu de quartier dans Paris pour voir s’il n’y avait pas des gens à évangéliser ici ou là. Nous nous sommes rendu compte que s’il ne passe pas beaucoup de monde, c’est assez décevant. Il faut repérer les lieux passants, avec de la place pour un groupe de chant et d’évangélisation, donc que le trottoir soit assez large, ou une place piétonne. Cependant l’étroitesse d’une rue piétonne peut être favorable. Un jour à Varsovie nos frères polonais évangélisaient dans une rue étroite sur laquelle donnait la cathédrale. Il suffisait de se mettre à quatre ou cinq dans la rue pour être sûrs que personne ne nous échappe. Je ne savais pas plus de cinq mots de Polonais, mais j’étais posté devant l’entrée de l’église et quand les gens arrivaient, avec le pouce levé, je faisais comprendre que c’était intéressant, et avec l’index tourné vers la porte de l’église, que c’était là que ça se passait.

Deuxièmement il convient d’évangéliser à une heure où les gens ont le temps de flâner, sinon ils passeront sans s’arrêter. S’ils partent au travail le matin ou s’ils y retournent après le déjeuner, le moment est mal choisi. A moins de se mettre à une bouche de métro pour distribuer des tracts ou des images.

Dans la rue, l’évangélisation en nombre est un atout. Lorsque Francis Kohn4 est revenu de l’île Maurice dans les années 80, il s’est demandé s’il ne pourrait pas mettre tout son groupe de prière de Notre-Dame-des-Champs dans la rue. En effet dans l’île, avec une équipe de la Communauté, ils avaient eu une expérience d’évangélisation dans les quartiers populaires avec des processions, des foules de gens qui suivaient, ce qui attirait l’attention et favorisait l’annonce. A partir de ce moment, les groupes de prière de Notre- Dame-des-Champs et de Saint-Sulpice se sont mis à évangéliser régulièrement dans la rue. Il y avait une méthode qui consistait à faire plusieurs groupes échelonnés sur le trottoir le long du boulevard du Montparnasse. Le passant rencontre un premier groupe. Il s’arrête un instant et subodore que c’est une quelconque démonstration. Cela ne l’intéresse pas ; il continue son chemin. Il trouve un second groupe vingt mètres plus loin et s’approche. Il comprend vaguement qu’il s’agit de chrétiens, et repart aussitôt. Enfin il tombe quelques dizaines de mètres plus loin sur un troisième groupe. Il se dit : « Il se passe quelque chose. De quoi s’agit-il exactement ? » Et si cet homme n’est pas pressé, il viendra poser ses questions au troisième groupe.

C’est d’ailleurs un principe de la publicité qu’on appelle « le principe d’unanimité » : une annonce ne suffit pas, mais il faut l’impression que différentes personnes ou différents milieux donnent le même message pour que l’on y prenne de l’intérêt.

Cet effet d’unanimité est obtenu également si le groupe d’évangélisation est diversifié. Si cinq jeunes chantent un chant de l’Evangile dans la rue, vous allez penser qu’ils sont sympathiques : c’est un groupe qui a eu une idée originale. Les jeunes attirent, ils peuvent faire des choses originales, mais c’est sans importance. Par contre s’il y a des jeunes, des gens d’âge moyen et des personnes âgées, plus d’alibi à la confrontation. On a devant soi non plus quelques originaux mais la société dans son ensemble. Une question frontale est posée : pourquoi ces gens sont-ils là ? Je ne peux pas les exclure de mon intérêt, parce que je ne peux pas les ranger dans une catégorie spéciale.

Boulevard Montparnasse, une fois j’avais amené Tom Forrest, alors président de l’ICRO (Office international au Service du Renouveau charismatique catholique) et quelques membres de ce comité pour leur montrer notre évangélisation de rue. Nous n’avions rien dit aux équipes qui allaient dans la rue. Ces personnes, de différents pays et continents même, ont été ravies de se voir interpellées par des gens qui leur demandaient si Paris leur plaisait, de quel pays ils venaient, s’ils avaient vu quelque chose d’intéressant et … s’ils connaissaient Jésus ? Un évangélisateur s’est adressé à un homme qui paraissait curieux et lui a demandé s’il voulait en savoir plus sur l’Evangile. L’interlocuteur répondit : « Certainement, mais je connais déjà un peu. Je suis évêque de… »5

Un soir un journaliste, alors à Europe n° 1, Charles Villeneuve, est venu discuter. Il avait rencontré quelque temps auparavant à Genève un confrère, Daniel Garric6, journaliste au Point, qui lui avait expliqué que l’Eglise catholique était en train de changer, qu’il se passait des choses extraordinaires. Daniel avait publié un reportage pour Le Point sur le Renouveau charismatique, pour lequel il avait rencontré plusieurs personnes de l’Emmanuel. Il avait emmené son ami Jean-Jacques Walter au groupe de prière de Saint-Sulpice, et tous les deux avaient été frappés.

Daniel à la fin de son enquête s’était converti et avait demandé l’effusion de l’Esprit. Il continuait d’aller au groupe de prière. Villeneuve ne voulait pas croire que des catholiques évangélisaient dans la rue. Daniel lui donna rendez-vous à Montparnasse au jour et à l’heure habituels : c’était vrai. A la suite de quoi Villeneuve est venu sur la péniche de l’Emmanuel pour interviewer Pierre Goursat et quelques-uns d’entre nous. Depuis 1977 nous étions installés sur une péniche, appelée Le Mont Thabor, ancrée à Neuilly à trois cents mètres du pont. C’était juste le moment où Pierre Goursat, sur une propositiode Daniel, avait lancé SOS Prière par téléphone.

L’enregistrement radio se passait assez mal avec Villeneuve. A un moment Pierre dit à Martine : « Tu vas lui faire du thé ». Je courus dire à Martine: « Mets de l’eau de Lourdes dans le thé et prions la sainte Vierge pour que ça se passe mieux. » Après le thé, Charles Villeneuve très détendu, très aimable, nous conseillait utilement, et tout se termina bien. Le lundi plusieurs radios étaient en grève et tous ceux qui voulaient entendre des informations se branchaient sur Europe n° 1. Ainsi toute la journée, à la suite des infos, on a entendait l’interview sur l’Emmanuel et l’annonce de SOS Prière avec le numéro de téléphone.

Pour des catholiques, bouger, se manifester de façon directe, joyeuse, grâce à l’Esprit Saint et à la louange, donnait aux observateurs que sont les journalistes l’idée que quelque chose de neuf apparaissait. L’effet de l’évangélisation en des lieux publics dépasse largement le cercle de ceux qui se sont arrêtés pour parler. Il y a ceux qui passent sans s’arrêter mais qui ont repéré le fait de l’évangélisation, ceux qui en entendent parler et qui se disent, comme ce journaliste : « Il y a quelque chose qui bouge, il y a un dynamisme. » Tous n’approuvent pas, un certain nombre peuvent être hostiles, mais le paysage change.

Un jour j’étais invité comme charismatique à un déjeuner organisé par le groupe Bayard-La Croix pour des agents de publicité. Avec d’autres intervenants nous devions leur montrer ce qu’il y avait de vivant dans l’Eglise. Chacun de nous après un exposé se mettait à une table portant son nom. Les gens de la publicité choisissaient avec qui ils désiraient déjeuner. A ma table un agent de publicité ayant ses bureaux sur les Champs-Elysées m’a demandé : « Est-ce votre groupe que je vois le mardi sur les Champs-Elysées ? » J’ai répondu : « Oui, naturellement ». La conversation s’est engagée avec un tour personnel. Il y avait trois ans qu’il nous voyait évangéliser sur les Champs-Elysées, et avait saisi l’occasion de ce déjeuner pour s’exprimer.

En ce qui concerne les chants, pour l’évangélisation dans la rue, j’ai remarqué qu’il est utile d’alterner par périodes chants de louange et chants d’adoration. Les chants de louange attirent et les gens sont heureux quelque part de voir cette joie se manifester en voyant « des catholiques heureux». Ils sont attirés par le fait que nous soyons debout dans la rue avec joie et conviction. Ils veulent savoir pourquoi nous croyons. Ils pensent que nous avons trouvé quelque chose d’assez important pour en témoigner publiquement. D’un autre côté, en France, on se méfie généralement des sectes. Aussi quand ils apprennent que nous sommes catholiques, ils sont rassurés – l’Eglise catholique, deux mille ans de garantie – et contents de voir un catholique témoigner. Cela ne veut pas dire qu’ils adhéreront, mais cette rencontre commence à déplacer quelque chose dans l’image qu’ils se font des chrétiens.

Les chants d’adoration éveillent quelque chose de plus intime dans le coeur des gens. Comme le Brésilien, ces personnes ont le sentiment que quelque chose d’inconnu se manifeste dans leur coeur. J’interprète cela ainsi : tout homme et toute femme a été construit par le Créateur de la même façon avec, dans le cœur, comme une corde d’instrument de musique qui entre en résonance quand elle rencontre quelque chose de spirituel. Pour beaucoup de gens cette corde n’a jamais vibré dans leur coeur. Mais ils sont faits pour cela et à travers les chants d’adoration, ils perçoivent pour la première fois les vibrations de cette corde. De plus, le fait de chanter par moments des chants d’adoration évite que le groupe ne passe pour des excités, si belle soit la louange.

Notes :

(1) Paray-le-Monial où le Christ, au XVIIe siècle, est apparu à sainte Marguerite-Marie, en lui montrant son cœur. Depuis 1986 le pèlerinage est confié à la Communauté Emmanuel. Le 5 octobre 1986 Jean-Paul II a été accueilli à Paray par 150 000 personnes.

(2) Moon, l’Eglise de l’Unification, dite encore « Secte Moon ». Cette secte a une emprise redoutable sur ses membres. Sun Myung Moon, né en Corée du Nord, se présente comme le Nouveau Messie, et le Père de tous les croyants, à la fois Abraham et Jésus Christ…

(3) Magazine du Renouveau.

(4) Un des premiers de l’Emmanuel. Francis avait été envoyé avec d’autres jeunes pour une mission à l’île Maurice.

(5) Cela me rappelle l’histoire de Mgr Sudreau, évêque du Havre, qui se promenait sur le port un soir où il n’y avait pas grand monde dehors. Sur la grande digue il rencontre un clochard avec qui il entre en conversation. Au bout d’un moment le clochard lui demande : « Qu’est-ce que tu fous dans la vie ? » Mgr Sudreau répond : « Oh, je suis évêque du Havre. » Et le clodo de s’exclamer : « Eh bien, mon gars, tu es encore plus saoul que moi ! »

(6) Daniel Garric a épousé quelque temps après Bernadette Jomard. Il s’est engagé dans la Communauté Emmanuel et est aujourd’hui décédé. Leur fils Nathanaël a été ordonné prêtre le 28 juin 2010.

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