Vers une crise de régime ? - France Catholique
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Vers une crise de régime ?

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La règle que je me suis fixée pour cette chronique m’interdit d’intervenir dans le domaine politique, autrement que sur le terrain des principes généraux. Pas question de me poser en arbitre des compétitions. Ainsi, hier je m’interrogeais sur le caractère baroque d’une élection présidentielle vraiment particulière. On sait qu’hier aussi, ce caractère atypique s’est trouvé encore renforcé, du fait de l’imbrication inextricable du politique et du judiciaire. Ce qui pose tout de même un problème d’ordre général. On constate que le débat n’est plus tant sur les programmes que sur le sort que réservera à François Fillon la décision de la justice.

Du coup, il y a deux camps en présence. Celui des farouches défenseurs de la justice, qui partent en guerre contre celui qui dénonce « un assassinat politique ». Et le camp de ceux qui désignent une utilisation de la justice à des fins politiques. Laurent Joffrin, directeur de Libération est un des porte-parole du premier camp : « Dans un climat de révolte plus ou moins larvée contre les élites, écrit-il, la violente charge de Fillon contre la Justice n’a d’autre effet que de délégitimer la loi, au moment où beaucoup, souvent au sein de la droite, appellent au respect des règles et du maintien de l’ordre républicain  ». Élisabeth Lévy, directrice du mensuel Causeur, est l’interprète du second camp. Elle demande à François Fillon de ne pas céder parce que, sinon « cela signifierait qu’une sorte de putsch médiatico-judiciaire a réussi à plomber l’élection présidentielle plus sûrement qu’une armée de trolls russes » .

Je ne veux prendre parti pour aucun des camps. Je constate simplement que l’affaire Fillon peut produire une crise majeure de notre système politique, une des plus graves qu’ait connue la Cinquième République. Il ne s’agit pas seulement de sanctionner une éventuelle culpabilité personnelle. Il s’agit du trouble apporté au processus électoral, à travers la possible élimination du candidat d’une des principales familles politiques du pays. Le vainqueur probable d’hier étant mis hors-jeu, c’est l’équilibre institutionnel qui se trouve compromis, avec des conséquences encore imprévisibles.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 2 mars 2017.