Usage de la force publique - France Catholique

Usage de la force publique

Usage de la force publique

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Entre les socialistes qui assument la responsabilité du pouvoir, aussi bien à l’échelon de l’État qu’à celui de la ville de Paris, et leurs partenaires, qui se situent plus à gauche, du côté de Jean-Luc Mélenchon et de Pierre Laurent, les relations se sont tendues une fois de plus à propos d’une opération d’évacuation de migrants dans la capitale. Pourtant, il semblait que celle qui s’était produite, le 2 juin dernier, près de la station de métro La Chapelle, s’était plutôt bien passée. Des associations vouées à l’aide aux personnes en difficulté avaient accompagné l’opération, et les 450 migrants, évacués par autobus, avaient été relogés ici ou là. Mais l’opération d’avant-hier s’est déroulée dans des conditions beaucoup plus critiques, avec gaz lacrymogène et gestes musclés. Les choses se sont aussi gâtées parce que des élus du Front de gauche se sont dressés aux côtés des expulsés pour s’opposer à la police.

Cela rappelle évidemment des souvenirs. Par exemple, lorsqu’il y a dix-neuf ans, sous Jacques Chirac et Alain Juppé étant Premier ministre, les portes de l’église Saint-Bernard de la Chapelle avaient été forcées à coups de hache pour en faire sortir les Maliens et les Sénégalais sans-papiers qui s’y étaient réfugiés. La polémique avait alors fait rage, avec l’emploi d’expressions limites qui rappelaient les pires souvenirs de l’Occupation (« rafles »). Droite ou gauche, dans des situations analogues, on se retrouve face à des choix pénibles. Il n’est jamais agréable d’user des moyens de force contre ceux qui apparaissent et sont réellement des pauvres gens démunis. L’Église catholique, d’ailleurs, s’est aussi exposée aux critiques à la suite d’une intervention policière dans l’église Saint-Ambroise en cette même année 1996. Critiques injustes faites au mépris de l’action des organisations caritatives. Mais c’est un peu la règle du jeu avec ses surenchères. Reste la politique à mener à l’égard d’un phénomène qui fait trembler les responsables, au-delà des décisions au jour le jour. Gauche et droite devraient peut-être prendre garde aux démons de ce genre de surenchère. Face à de tels défis, il conviendrait de prendre les choses par le haut, sans jamais oublier les règles de l’humanité.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 10 juin 2015.