Une vue historique - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Une vue historique

Traduit par Bernadette Cosyn

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Je suis historien de l’Église et j’ai reçu dans cette discipline un doctorat délivré par une université pontificale. Je mets cela en avant en raison des grandes controverses dans les médias du monde entier à propos du récent rassemblement des évêques à Rome pour le synode de la famille, qui s’est heureusement achevé à l’heure actuelle sans aucun changement dans la doctrine traditionnelle de l’Église.

Cela ne m’a pas du tout surpris, et ne devrait surprendre aucun catholique, pour la simple raison que les enseignements de l’Église entrant dans la catégorie des dogmes ne peuvent être changés par personne, pas même par le Saint-Père. N’oublions pas que l’Église bénéficie toujours de l’aide de l’Esprit-Saint, ainsi que le Christ l’a promis, et cela continuera ainsi jusqu’à la fin des temps. Nous devons en rester persuadés, parce que c’est la vérité. Et, demeurant dans cette vérité, nous ne devrions à aucun moment être surpris d’être témoin de mauvaises interprétations infidèles par ceux qui se prétendent catholiques mais dont l’intérêt est d’essayer de semer la confusion chez les croyants, comme si l’Église était œuvre humaine plutôt qu’œuvre de Dieu.

La réalité est que l’Église sera toujours attaquée, qu’elle l’est depuis le commencement, que ces attaques prennent la forme de controverses ou d’attaques physiques contre les Chrétiens qui deviennent alors des « martyrs » (ce qui veut dire témoins) de la vérité. Au commencement, à l’époque des Actes des Apôtres, nous voyons des attaques perpétrées par des autorités juives et les prémisses de la défiance romaine qui a débouché sur les persécutions de Néron et de nombre de ses successeurs. Quelques siècles après l’Édit de Milan instituant la tolérance religieuse pour les chrétiens dans l’Empire Romain, les jihadistes musulmans ont commencé leur interminable labeur pour conquérir la chrétienté (avec succès en Terre Sainte, en Afrique du Nord et finalement dans ce qui avait été la partie est de l’Empire Romain centré à Constantinople). Le Siècle de la Raison a vu la persécution de l’Église par les révolutionnaires français durant le règne de la Terreur ; moins d’un siècle et demi plus tard, les persécutions communistes débutaient.

Et il y a évidemment d’autres menaces venant de l’intérieur même de l’Église. Et c’est vraiment un signe de la vérité du christianisme que le Mauvais fasse tout son possible dans le but de semer la confusion et d’éloigner les gens de l’Église (ou de la foi en son enseignement), dans l’espoir d’entraîner davantage de gens en Enfer. Dans les premiers siècles du christianisme, des hérétiques tels les gnostiques, les ariens, les iconoclastes et bien d’autres ont souvent semblé sur le point de submerger l’Église et il en a coûté la vie de nombreux croyants, confesseurs de la foi déterminés et Pères de l’Église. Des siècles plus tard, le grand schisme appelé Réforme Protestante a produit de nombreux martyrs. Face à de tels périlleux et fréquents défis à sa mission de proclamer et de garder le dépôt de la foi, l’histoire de l’Église est remplie d’histoires de grands théologiens qui ont défendu la foi mais aussi de milliers de saints et d’une variété d’ordres religieux qui ont été fondés pour répondre aux besoins divers et contrer les menaces de chaque époque.

Par moments, ces attaques contre l’Église ont effrayé les pays catholiques d’Europe ou des populations catholiques importantes dans d’autres nations. Quoi qu’il en soit, des catacombes à la Réforme, l’Église a toujours survécu.

Et il continuera d’en être de même. Pourquoi ? Parce que nous avons la foi, et parce que l’assurance de la foi fait que nous ne craignons pas la mort. En vérité, en dehors de la peur naturelle de la souffrance et du jugement, nous chrétiens devrions être dans l’attente de la mort, sachant que, si nous avons été fidèles, elle nous amènera finalement à notre Père aimant, dans le Ciel. Là, nous ferons la connaissance avec des milliers de nos ancêtres que nous n’avons pas connus en cette vie mais avec qui nous allons partager une éternité de béatitude.

Alors que nous luttons à notre propre époque pour bâtir des familles solides, pour travailler avec intégrité, pour créer de vraies amitiés, avec le secours des grâces que nous recevons de l’Église, nous devrions chercher la force et l’inspiration dans notre histoire. En cherchant à vivre de façon charitable, engagée et courageuse, nous pouvons observer les exemples des martyrs et des saints. Notre rôle comme membres de l’Église est de vivre notre foi joyeusement, et à travers cette joie, d’évangéliser ceux que nous rencontrons. Après tout, c’est de cette façon que les premiers chrétiens ont répandu la foi aux premiers temps de l’Église.

J’espère que cette prise de conscience, en y réfléchissant fréquemment, non seulement vous aidera à vivre votre foi plus profondément mais également éveillera en vous le désir de découvrir davantage l’histoire de l’Église. Parmi les nombreux bons livres sur le sujet, je recommande particulièrement ceux écrits à notre époque par une grande historienne catholique : Diane Moczar. Pourquoi ne pas commencer avec « Don’t know much about Catholic History : from the catacombs to the Reformation » (histoire de l’Eglise des catacombes à la Réforme), ou peut-être « The Church under attack (l’Eglise attaquée) ?

C’est tout spécialement dans des temps tels que ceux-ci que nous ne devrions pas laisser les tribulations nous troubler, mais au contraire nous devrions trouver confiance grâce au récit de la façon dont l’Esprit-Saint a préservé la foi à des époques comme la nôtre – et même pires.


Le père C. John McCloskey est historien de l’Église et attaché de recherche non résident à l’institut Foi & Raison.

Illustration : « Pentecôte » par Jean Restout (1732)

Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/11/08/a-historical-view/