Une crise possible ? - France Catholique
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Une crise possible ?

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Le synode sur la Famille, qui a tenu sa dernière session le samedi 24 octobre à Rome, ouvre-t-il une période de crise pour l’Église ? On peut légitimement poser la question, ne serait-ce que pour tenter de la conjurer dans les meilleures conditions, c’est-à-dire en examinant soigneusement les causes de désaccord, pour leur apporter les réponses les mieux fondées. Le Pape, en voulant que l’Église aborde résolument les difficultés actuelles de la famille, s’est exposé à susciter des conflits au sein même du collège épiscopal. Ce n’est pas une nouveauté dans l’histoire du christianisme. Au cours de Vatican II, on a suffisamment parlé des désaccords entre la majorité conciliaire et une opposition tenace, avec des moments de forte tension. On ne voit pas pourquoi l’institution échapperait à des turbulences provoquées par de rudes explications. N’était-ce pas déjà le cas au moment du premier concile de Jérusalem, tel qu’il est rapporté par les Actes des apôtres et où l’on voit s’opposer « les colonnes de l’Église », Pierre, Paul et Jacques, sur un sujet qui conditionnait l’essor de la prédication évangélique dans tout le bassin méditerranéen ? Et ce qui concerne la tête n’est nullement indifférent aux membres. L’association américaine Voice of the Family n’a-t-elle pas prévenu que le Pape devrait affronter une telle crise ?

Il est vrai que François n’est pas avare de paroles sévères à l’égard de son opposition, qui peuvent attiser les sentiments de ceux qui s’estiment visés. Sans doute s’agit-il d’entendre ces avertissements comme un écho des propos de Jésus lui-même dans sa vie publique. Le Pape voudrait réveiller les consciences, provoquer la révélation des cœurs. Mais qui donc sont « ces cœurs fermés qui souvent se cachent derrière les enseignements de l’Église ou derrière les bonnes intentions pour s’asseoir sur la cathèdre de Moïse et juger, quelquefois avec supériorité et superficialité les cas difficiles et les familles blessées » ? Nous avons toujours à nous convertir et il est vrai qu’un certain rigorisme s’expose à des catastrophes morales. Mais par ailleurs, le cardinal Schönborn a mis aussi, parallèlement, en évidence les dégâts du laxisme.
Il ne faudrait pas que l’affaire tourne à la confusion générale, par incompréhension du changement réclamé par le Pape. C’est la matière du changement qui importe, et c’est sur elle que doit porter toute l’attention nécessaire. Lors de Vatican II, le père Congar, qui était pourtant le conseiller le plus déterminé de la majorité, a remercié les théologiens de la minorité, pour l’aide éclairante qu’ils avaient apportée à la rédaction des textes les plus importants. Sans elle, ces textes n’auraient pas eu le même caractère abouti qu’ils ont eu, grâce à l’intégration des objections possibles et des nuances fondamentales de vocabulaire. C’est ce qu’il faut souhaiter aujourd’hui, face aux grands travaux qu’impliquent les orientations synodales. Travaux que ne saurait initier la seule rhétorique du changement. Les crises peuvent être fécondes – c’est l’étymologie même qui l’indique – lorsqu’elles sont à l’origine d’une éclaircie du jugement.