Un vote pas très catholique - France Catholique
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Un vote pas très catholique

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François Fillon aura donc remporté l’élection primaire de la droite et du centre, distançant largement son concurrent Alain Juppé que les sondages prédisaient pourtant gagnants depuis de longs mois. Pour certains observateurs, la victoire de l’ancien maire de Sablé-sur-Sarthe est celle des catholiques qui semblent soudain ressurgir dans le paysage politique français après une longue période d’enfouissement consécutif tant à une posture de l’Église de France qu’à une certaine vision de la laïcité. Pourtant, il semble que les commentateurs ne soient pas plus heureux que les sondeurs dans leur analyse.

En quoi François Fillon représenterait-il l’électorat catholique ? En réunissant 66 % des 10 % du corps électoral qui a participé à ce scrutin, il ne saurait incarner les 56 % de Français qui, selon les dernières enquêtes sur le sujet, se revendiquent comme catholiques.

Certes, François Fillon est catholique affirmé mais appartient à cette frange de chrétiens, généralement plus représentée chez les protestants, qui considère que la foi appartient à la seule sphère privée. A ce titre, il considère que les lois de la République s’imposent aux religions. On sait bien qu’une telle formule vise aujourd’hui, en premier lieu, l’islam, mais le caractère général de l’expression vaut aussi pour le catholicisme. Or, depuis plusieurs années, de nombreuses lois ont été votées qui vont à l’encontre du magistère de l’Église.

Ainsi de la loi sur l’interruption volontaire de grossesse ou plus récemment celle en faveur du mariage homosexuel. S’il n’a pas voté cette dernière, François Fillon a beaucoup insisté, au cours du dernier débat télévisé l’opposant à son concurrent, pour faire taire les insinuations selon lesquelles il pourrait être opposé à l’avortement, comme si cela devait constituer une tâche indélébile sur sa personne. Ne revenant pas sur ses déclarations selon lesquelles il était personnellement hostile, au nom de sa foi, à l’interruption volontaire de grossesse, il a préféré rappeler qu’il avait voté tous les textes en sa faveur, y compris la dernière en date en faisant un droit fondamental. Or, comment une même personne peut-elle croire qu’un acte intimement inacceptable puisse être un bien pour la société ?

Quant au mariage pour tous, François Fillon, à défaut de l’avoir voté, ne veut pas revenir sur la loi ni sur ses effets, promettant seulement de légiférer sur le droit à la filiation, ce qui n’est pas sans intérêt mais un peu court.

Au delà des questions sociétales, le programme de François Fillon ne s’inscrit pas à proprement parler dans la doctrine sociale de l’Église. On peut comprendre son souci de rupture afin de créer un choc salutaire à la fois pour vaincre le chômage et résorber les déficits publics. Mais dans cette volonté louable dans son principe mais brutale dans ses modalités, on cherche en vain l’option préférentielle pour les pauvres. « Non seulement la question de la pauvreté de masse n’est pas « prioritaire » aux yeux de la classe politique, mais la dérive libérale – à gauche et à droite – dissout cette question dans l’idéologie Medef. L’Église catholique voit les choses autrement. Pour que les choses aillent mieux, elle ne pense pas qu’il faille « libérer l’économie de ses blocages français ». Elle pense qu’il faut redéfinir le sens de l’activité économique et de la vie en société. » a écrit récemment Patrice de Plunkett, essayiste catholique, sur son blogue. La politique libérale, voire « ultra-libérale » selon la formule consacrée, proposée par François Fillon ne va pas non plus dans le sens des dernières déclarations du pape François et notamment de l’Encyclique Laudato Si’. Bien que se présentant comme un adversaire de la pensée unique, François Fillon vise plus à sauver le système qu’à le transformer. Ignorant déjà l’écologie humaine, il ne s’intéresse pas davantage à l’écologie environnementale et aux menaces qui pèsent sur lui par une croissance fondée sur l’exploitation excessive de ressources limitées. « Le programme de Fillon, plus encore que celui de Juppé, tourne le dos aux critiques du Pape envers le système économique, et contredit ses appels à sortir du néolibéralisme. », écrit encore Patrice de Plunkett.

Dés lors, si l’on ne peut qu’être d’accord avec le refus de François Fillon de promouvoir une société multi-culturelle, on est en droit d’exiger qu’une société reconnue de culture chrétienne soit mue par des principes chrétiens et par une politique qui en soit la juste application.


http://www.france-catholique.fr/Cheyenne-Marie-Carron-La-chute-des.html