Un synode n'est pas une démocratie - France Catholique
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Un synode n’est pas une démocratie

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Il n’y a pas tant d’années que cela, quand un synode se déroulait à Rome, presque personne ne le remarquait. Si vous vous en donniez la peine, vous pouviez découvrir un sommaire, un bref résumé des discours du jour dans l’une ou l’autre des publications romaines, généralement dans celle du Vatican, l’Osservatore Romano. Un prêtre sagace, ayant assisté à chacun d’entre eux, remarquait d’expérience qu’ils ne méritaient pas la peine prise et auraient dû être écartés. Un autre, tout autant troublé par la vacuité des procédures, les appelait Journées Mondiales de la Jeunesse pour évêques. Rien d’étonnant à ce qu’une caméra surprenne Jean-Paul II assoupi durant une session.

C’est Paul VI qui a mis en place tout le système moderne des synodes vers la fin du concile Vatican II – essentiellement des réunions consultatives lancées par le pape, généralement tous les trois ans, auxquelles il invitait certains évêques pour l’aider à discerner « le bien de l’Église Universelle ». Comme on pouvait s’y attendre, il s’agissait de sujets ecclésiaux comme fortifier la foi, la prêtrise, l’évangélisation, la catéchèse, la réconciliation, la vie consacrée, les évêques. La cuisine interne du catholicisme.

Rien de plus, et considérant la ruée sauvage pour comprendre ce qui se passe dans le synode actuel – tout comme pour le synode préparatoire de 2014, les seuls au cours desquels il n’y a pas de rapport journalier de ce qui a été discuté par les pères synodaux – on en viendrait à regretter les jours soporifiques d’autrefois. Les synodes précédents ne touchaient pas directement à des sujets affectant la vie quotidienne des gens. Et cela semble de plus en plus souhaitable. Aucun changement proposé pour la prise en charge pastorale des nombreux catholiques divorcés. Aucune discussion à propos d’un langage accueillant envers les personnes vivant avec une personne de même sexe. Aucune impression donnée (à tort) que la doctrine catholique est sujette à un vote majoritaire, tout comme les débats politiques partisans.

Et également moins de vigoureuses et flagrantes manœuvres politiciennes, qui se sont multipliées au point que le Saint-Père a dû mettre en garde, dans une intervention inhabituelle le mardi matin, contre les participants adoptant une « herméneutique de la conspiration » les uns contre les autres.Ce qu’il veut dire par cette phrase plutôt ésotérique est que les évêques ne devraient pas se considérer l’un l’autre comme étant peut-être impliqués dans le soutien de certains intérêts privés ou dans la manipulation du processus – une accusation qui a été faite contre le comité organisateur du synode et même parfois contre le pape lui-même.

Nous savons maintenant, par exemple, que treize cardinaux de tendance traditionnelle ont déposé lundi une requête officielle auprès du pape, s’inquiétant que les règles synodales semblent avoir été élaborées pour conduire tout le processus « d’ouverture » à des changements controversés dans les pratiques pastorales. Ce qui en a filtré n’est pas très précis, selon des gens bien informés qui ne souhaitent pas évoquer le dossier pour le moment. Mais il n’arrive pas tous les jours que treize cardinaux importants résistent, comme groupe, non seulement à des propositions spécifiques, mais à l’ensemble du processus synodal.

Et de fait, le problème pourrait être plus profond que la manière dont ce synode-ci a été organisé, même si cela signifie plus qu’un mal de tête pour plusieurs papes à venir. Si vous portez une attention soutenue à la façon dont les médias – qui généralement ne savent pas grand chose sur l’Église et sont peu curieux d’en savoir davantage – évoquent les sujets catholiques, vous verrez très vite que le monde considère la doctrine catholique comme un ensemble de règles et non comme des vérités révélées données par Dieu et auxquelles nous devons être fidèles. A dessein ou non, l’Église a donné l’impression, dans sa façon de conduire ce synode, que les évêques du monde peuvent vraiment décider, après quelques semaines de discussion à Rome, de permettre ce qui équivaut, dans le langage du monde, à un divorce catholique ou à l’acceptation de l’homosexualité.

Tout vrai catholique sait que ce n’est pas vrai. Cela ne peut pas être vrai. Et le pape François a mis en garde explicitement contre la confusion du processus synodal avec un débat démocratique : « le synode n’est pas un parlement au sein duquel il faut atteindre un consensus ou un commun accord, dans lequel on a recours à la négociation, aux tractations ou aux compromis : en vérité, la seule méthode du synode est de s’ouvrir au Saint-Esprit avec courage apostolique, humilité et assurance évangélique, priant avec confiance pour qu’Il nous guide, nous éclaire et garde sans cesse à notre esprit le bien de l’Église et le salut des âmes, avec nos opinions personnelles mais aussi avec la foi en Dieu et la fidélité au Magistère. »

Ce sont des mots bien choisis. Mais comme vous le diront les gens des relations publiques, il peut y avoir un gouffre entre ce qui est dit et ce qui est compris. Cela a été l’une des contrariétés lorsqu’on cherche à expliquer le pontificat de François, que tant de gens se sentent désorientés par ce qu’il dit et fait. Je crois pour ma part qu’il souhaitait autoriser la communion aux divorcés remariés (sans procédure de reconnaissance de nullité). Et qu’il voulait éliminer autant que possible toute stigmatisation des homosexuels, sans accepter pour autant les actes homosexuels. Il croit, semble-t-il, qu’il peut faire cela comme un moyen de réduire le réflexe de rejet de la Foi et ainsi faire revenir certains au sein de l’Église.

Mais il était déjà clair lors du synode de 2014 que ce que le monde entend dans tout ce branle-bas, c’est que ces questions brûlantes « sont débattues » au plus haut niveau de l’Église Catholique. Et pour beaucoup de gens de notre culture, malheureusement, cela signifie qu’ils vont probablement préférer attendre que les « règles » de l’Église aillent dans leur sens.

Ce qui, pour ne pas dire plus, ne ferait pas avancer vers le but poursuivi par le pape Paul VI en créant les synodes, servir le « bien de l’Église Universelle. »

Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/10/08/a-synod-is-not-a-democracy/