Brendan Bartlett était garde-frontière américain dans l’Arizona quand il a réalisé qu’il ne pouvait rien faire de mieux pour les gens à qui il avait affaire – que de devenir prêtre. Il a été ordonné Samedi pour le diocèse d’Arlington en Virginie (en même temps que 6 autres hommes de ce diocèse), et a célébré sa messe d’actions de grâces hier.
Tout ceci a commencé il y a plusieurs années, et il lui a fallu passer par deux différents séminaires avant qu’il ne s’établisse au collège pontifical d’Amérique du nord à Rome. Pour couronner le tout, il y a quelques mois, on l’a choisi comme servant d’autel à la messe de Pâques du pape François à Saint Pierre de Rome.
A 37 ans, il est un peu plus âgé que la moyenne des prêtres que l’on vient d’ordonner pour la promotion 2013, selon une étude – qui concerne en gros 500 hommes – réalisée par le centre de recherche appliquée sur l’apostolat, organisation à laquelle les évêques américains demandent chaque année de dépister les vocations.
Les évêques ont raison de rechercher des données pour s’assurer qu’ils font tout ce qu’il faut pour recruter et former les hommes qui seront pasteurs et confesseurs, professeurs et conseillers, dans les années à venir. Et dont certains même leur succéderont comme évêques et assumeront la responsabilité de l’église catholique aux Etats-Unis.
Mais les seules statistiques, si utiles soient elles, ne peuvent pas saisir la fine fleur de la réalité d’une vocation. Ma famille connait le Père Bartlett depuis 30 ans. Mes enfants et lui ont joué ensemble et il est le parrain d’un de mes petits-enfants. Il a reçu de fortes influences dans son proche entourage : Son père, Dennis, a passé un certain temps comme apprenti jésuite ; Sa famille était amie de toujours avec notre collègue TCT le Père James V. Schall, et son oncle maternel, Curtis Bryant, S.J., est mort d’un cancer il y a 10 ans.
Pourtant, quiconque connaissait sa famille aurait pu presque dire (mais pas tout à fait – car il aurait fallu la connaître) ce que sa mère, Denise, lui a dit quand il est venu lui annoncer qu’il entrait au séminaire, « Brendan, je ne pourrais pas être plus étonnée si tu m’annonçais que tu es homosexuel ! »
Les catholiques parlent souvent des mystérieux chemins de la grâce, mais c’est l’enterrement de son oncle jésuite qui a fait réfléchir Brendan. Et par ces voies que Dieu seul connait, la grâce nous émeut et nous transforme en quelqu’un que même notre famille, nos amis – et nous-mêmes – sommes surpris de découvrir.
L’ordination à Arlington a été une des plus magnifiques que j’aie jamais vues. Mais assister à sa messe d’action de grâces et recevoir la communion des mains du Père Bartlett pour la première fois a représenté pour moi quelque chose d’infiniment plus grand qu’une histoire humaine.
L’Église a souffert ces dernières décennies d’une pénurie de prêtres et il n’y a pas d’explication à ce phénomène actuellement. On parle de changements profonds dans la culture de l’Europe et des Etats Unis, d’un déclin de l’engagement envers la religion, et envers le respect pour les institutions, même envers la part institutionnelle de l’Eglise. Tous ces facteurs sont probablement pertinents. Parfois nous essayons de nous réconforter en nous disant que le nombre des vocations s’accroît dans les pays en voie de développement. Mais cela ne résout pas les problèmes qui se posent chez nous.
Les prêtres qui autrefois étaient les personnes les plus instruites des paroisses, bénéficiaient d’un grand prestige. Mon estimation qui n’a rien de scientifique, est que la plupart de ceux qui passent par le filtrage et la formation du séminaire actuellement bien améliorés, en savent beaucoup plus que les laïcs qui croient avoir reçu une éducation supérieure. Et bien des jeunes prêtres qui de nos jours ont passé du temps à exercer un travail dans le monde – comme de garder les frontières – en tirent une vision des hauts et des bas de la vie humaine qui est loin d’être réduite.
Par bien des aspects, la grande question pourrait même être pourquoi se faire prêtre de nos jours ? Marchez dans la rue avec un col romain – j’ai appris cela par mon frère qui est un monsignor – et à l’occasion, là, sur le trottoir, quelqu’un qui n’a pas mis les pieds dans une église depuis 20 ans et qui a besoin d’un conseil spirituel viendra vous trouver. Cela vaut le coup. Mais évidemment, étant donné que le monde ne supporte pas la présence de quelque chose de plus grand que lui, on pourra aussi bien vous insulter et vous cracher dessus.
Le père Fasano raconte avoir reçu un bienheureux message juste avant sa propre ordination – de la part du grand Fulton J. Sheen. Alors qu’il essayait de se relever, Sheen l’en a empêché, a pointé son doigt sur lui et lui a dit : « Si tu veux être un bon prêtre, n’oublie pas de passer une heure par jour devant le saint sacrement ». (Malheureusement le bon père n’a pas de copie de cette extraordinaire homélie, et je ne peux donc pas vous l’envoyer, mais j’y travaille).
Aussi suffit-il en cette occasion spéciale, qui dans les semaines qui viennent, va se reproduire dans tout le pays et dans le monde, de demander à Dieu la venue de beaucoup plus d’hommes généreux, et de rappeler les paroles de Lacordaire qui terminaient le sermon d’hier :
Vivre au cœur du monde
Sans en souhaiter les plaisirs ;
Etre membre de chaque famille,
Sans appartenir à aucune.
Partager toutes les souffrances ;
Pénétrer tous les secrets.
Guérir toutes les blessures ;
Aller des hommes à Dieu
Et Lui offrir leurs prières ;
Revenir de Dieu vers les hommes
Et leur apporter le pardon et l’espérance ;
Avoir un cœur brûlé de Charité
Et un cœur de bronze pour la chasteté ;
Pour enseigner et pardonner,
Consoler et bénir toujours ;
Mon Dieu quelle vie,
Et c’est la tienne,
O prêtre de Jésus Christ.
Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/o-priest-of-jesus-christ.html
Deacon Bartlett concélèbre avec le Pape François (messe de Pâques 2013).





