Un deuxième tour pour rien - France Catholique
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Un deuxième tour pour rien

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Le système de la primaire est contraire à l’esprit de la Ve République en donnant aux partis un rôle excessif dans la désignation des candidats. Cela dit, vu la tournure qu’ont pris les événements, on peut considérer que le peuple, une partie du peuple au moins, a récupéré son pouvoir de choix en déstabilisant largement les tactiques partisanes. Il faut reconnaître que François Fillon, en partant « nu », c’est-à-dire sans appareil et sans beaucoup de militants, il y a trois ans, a réussi un parcours qui a quelque chose de gaullien.

Quant à Alain Juppé, s’il avait été réellement gaullien, comme il veut le faire croire, il se serait désisté en faveur du vainqueur du premier tour de la primaire de la droite et du centre, dès l’annonce du résultat.

À quoi sert en effet ce second tour qu’il impose à sa famille politique ? Il n’imagine quand même pas renverser la vapeur auprès des électeurs de droite avec le soutien de Nathalie Kosciusko Morizet et de Jean-François Copé ! Même avec le soutien de Jean-Pierre Raffarin et de François Bayrou !

Compte-il sur une mobilisation de l’électorat de gauche en sa faveur ? Outre que ce n’est pas très réglo, ce public savoure le bon tour qu’il a joué à Nicolas Sarkozy et risque de ne pas se déplacer une deuxième fois à 8 jours d’intervalle. De toute manière, on a vu que ce n’était pas déterminant.

Quant au centre ? comment dire ? En quoi peut-il se sentir plus proche d’Alain Juppé que de François Fillon ? C’est question de sensibilités, de personnes, d’ancrage local… sûrement assez peu de programme.

Alors que compte faire le maire de Bordeaux dans cet entre-deux tours ?

Dézinguer le programme de François Fillon en pointant les excès de libéralisme qu’il comporterait, voire en le ringardisant sur l’aspect sociétal. Et même s’il est vraisemblable que le prochain président de la République sera forcé d’en rabattre sur certains objectifs, cela veut-il dire que les Français souhaitent confier à Alain Juppé le soin de partir de moins haut et d’arriver à un quelconque résultat « chiraquien », c’est-à-dire inexistant ? Jean d’Ormesson se trompait, il y a quelques semaines, en prédisant : « Alain Juppé sera élu, et il ne fera rien ». Mais il avait tout de même raison sur la deuxième partie de la phrase. Cette polémique a déjà eu lieu. À quoi bon la reprendre ?

Puisqu’il y a un second tour de primaire, espérons que le débat ne tourne pas à l’affrontement stérile, grossier, écœurant. Qui sait ce qui est possible et ce qui ne l’est pas, en politique et en économie, quand il s’agit de se situer dans une dynamique ? Pas Alain Juppé, sauf pour savoir d’expérience qu’on ne peut en effet pas tout, même quand on est « droit dans ses bottes ». Mais cela constitue-t-il un brevet de réalisme ?

Il faut surtout espérer que la participation à ce second tour « inutile » sera suffisamment importante pour qu’il prenne finalement un sens, en donnant à celui qui sera désigné le 27 novembre le poids politique qui lui évitera de patiner aux moments décisifs.