Survivre, se maintenir, prospérer - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Survivre, se maintenir, prospérer

Traduit par Bernadette Cosyn

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Nous devons reconnaître ces jours-ci que, en plusieurs domaines, une vision superficielle de l’Église est plutôt déconcertante. Un archevêque, dans une réunion internationale, ne semble pas connaître la théologie catholique de base sur la conscience. Des gros titres dans les journaux annoncent que pour une personne qui rejoint l’Église, six la quittent. Des paroisses ferment. Et des sondages indiquent que près de 60% des catholiques se compromettent – et la foi avec eux – en votant pour des partis pro-avortement.

Mais il y a un côté positif à ces problèmes. Avec d’autres tout aussi négatifs, ils ont poussé pas mal de gens que je rencontre régulièrement à se préoccuper de l’Église. Et c’est toujours une bonne chose. Mais ce qui m’intéresse est qu’ils commencent à se poser des questions et également à douter de leur compréhension superficielle de la foi.

C’est là que la faille dans leur éducation de la foi et peut-être le modèle politique de la foi – si je peux l’appeler ainsi – s’est infiltré dans leurs pensées. Dans le modèle politique, je vois l’idée que la foi fonctionne comme la politique locale. Donc au lieu de croire aux Écritures, au catéchisme ou aux autres documents de l’Église, les chrétiens politisés croient de plus en plus en leurs réflexions sur ce qui se passe autour d’eux et en ce que pensent les autres gens.

Face à ce fouillis généralisé, affirmons une nouvelle fois que la foi catholique a un vrai contenu, le genre de contenu qui ne change pas. « Christ est hier, aujourd’hui, toujours ! » (Hébreux 13:8) Ce contenu peut être trouvé dans les Écritures et dans les documents de l’Église. Mais affirmons également que l’expérience de la foi est enracinée dans le Corps du Christ, la communauté ecclésiale remplie de l’Esprit-Saint.

Cette expérience n’est pas menacée par les erreurs d’un évêque, par des reportages sur le synode de la famille, par le comportement quasi apostat d’un homme d’église ou d’un politicien ou par les enseignements bizarres de certaines universités dites « catholiques ». Cette expérience de la foi est uniquement assujettie à la rencontre avec le Verbe Incarné. Et cette rencontre a évidemment sa source dans la célébration de l’Eucharistie et des autres sacrements, dans la prière officielle de l’Eglise et dans sa doctrine officielle.

Ce sont les portes d’entrée pour l’immense royaume spirituel où règne le Verbe Incarné. « Tout pouvoir au Ciel et sur la terre m’a été donné »(Matthieu 28:18). Dans cette perspective, l’absurdité d’êtres humains n’a pas beaucoup d’intérêt si ce n’est pour nous inciter à comprendre plus profondément nos expériences spirituelles et à chercher leurs vraies racines. C’est au nom de cette intériorité que nous sommes appelés parfois à avoir le courage de nos opinions.

Dans le royaume spirituel, lors de l’Eucharistie, le prêtre demande que nous soyons « remplis de l’Esprit-Saint, afin que nous devenions un seul corps et un seul esprit dans le Christ. » Il demande que nous nous joignions à la communauté céleste et que « le Christ fasse de nous une éternelle offrande à ta gloire… Avec les bienheureux apôtres et les glorieux martyrs, avec tous les saints, qui intercèdent sans cesse pour nous en ta présence. » Ces mots sont issus de la Troisième Prière Eucharistique.

Le prêtre décrit la glorieuse assemblée à laquelle nous avons part, à savoir l’assemblée de ceux qui ont réussi l’épreuve de cette vie et ont gardé la foi. En outre, ils intercèdent constamment pour nous alors que nous participons de plus en plus, en union avec le Christ et avec son Église ici-bas.

Ce sont seulement quelques-uns des aspects de l’Église qui nous vient de Dieu. Selon les mots du théologien Henri de Lubac – un penseur profondément admiré par Saint Jean-Paul II : « dans ce sens, [l’Eglise] est entièrement sainte et infaillible. Sa doctrine reste perpétuellement pure et la source de ses sacrements perpétuellement vivifiante. » Comme nous le savons si bien, il y a aussi la dimension terrestre de l’Église, dont de Lubac dit : « dans ce monde, l’Église est une communauté mélangée et le restera jusqu’à la fin – grain et paille mêlés, une arche avec les animaux purs et impurs, une barque pleine de passagers indisciplinés qui semblent toujours sur le point de la faire chavirer ».

Nous avons un pied sur chacune des deux rives de l’Église. Notre propre péché et le péché des autres se mettent en travers de la route, mais c’est une disposition qui nous est commune à tous depuis la chute. Cependant, le Seigneur s’y est pris de manière tellement magnifique avec nous que nous pouvons faire plus que survivre dans cet environnement, Nous pouvons vraiment prospérer.

La raison pour laquelle nous pouvons prospérer est que nous grandissons comme adultes catholiques dans la grâce et la vérité de Dieu. Nous sommes « sous le règne de la grâce » (Romains 6:14). Nous sommes devenus « dociles de cœur au modèle d’enseignement auquel nous avons cru » (Romains 6:17).

Dans cette culture, il y a beaucoup d’adolescents autour de nous, et peut-être même y en a-t-il un en nous. Il y a l’attitude je-sais-tout, l’invincibilité, le pélagianisme, l’ignorance des conséquences, le raisonnement désastreux, l’attitude faites-ce-qui vous semble-bon. Beaucoup ayant passé le stade de l’adolescence biologique croient que prospérer, c’est vivre de cette manière.

Mais lorsque nous devenons plus adultes dans la foi, nous pouvons faire ce que font de vrais adultes. Nous devenons capables d’obéir à la vérité, nous pouvons devenir moins avides et plus attentifs aux autres. C’est cela, prospérer vraiment. Et même dans les pires moments, c’est la sorte de croissance que le Christ et l’Église ont rendu possible pour nous.

Le père Bevil Bramwell, docteur en philosophie est l’ancien doyen de premier cycle universitaire à l’université catholique de Distance. Il a écrit plusieurs livres.

Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/10/25/surviving-striving-thriving/