Sur Dominique Venner - France Catholique
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Saint Benoît, un patron pour l'Europe
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Sur Dominique Venner

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Le drame, qui s’est déroulé mardi après-midi à Notre-Dame de Paris, a provoqué une émotion légitime et souvent digne, même de la part de ceux qui récusaient l’idéologie de Dominique Venner. Cet homme engagé a, sciemment, mis en scène sa mort, conformément à un code esthétique qu’il tenait d’une certaine culture, se référant notamment à l’écrivain japonais Mishima. Un livre posthume doit d’ailleurs paraître, où il se réclame de l’éthique du samouraï. Je ne le connaissais pas personnellement, je ne l’avais jamais rencontré. Certains, qui l’appréciaient, m’ont dit que c’était un homme estimable. J’ai lu l’historien, qui n’était pas sans talent. Mais je dois à la vérité de dire que, pour moi, Dominique Venner était un adversaire intellectuel de toujours et que je me fais un devoir de le rappeler, en dépit des circonstances tragiques de sa mort et de la peine des siens. D’ailleurs, ne serait-il pas le premier à reconnaître un droit de contestation à ceux qui ne partageaient pas ses opinions ? N’était-ce pas conforme au principe chevaleresque qu’il revendiquait ?

Adversaire intellectuel ? Oui, Dominique Venner s’est toujours réclamé d’un paganisme contraire au christianisme et il n’a jamais renoncé à polémiquer contre la vision biblique du monde à laquelle il reprochait son universalisme, solidaire de son monothéisme. Je veux croire qu’au fil des années il avait renoncé à certaines outrances, n’hésitant pas à manifester, me dit-on, son estime au pape Benoît XVI. Il n’empêche que sur son refus de la foi chrétienne, il ne transigea jamais, cultivant un différentialisme qui exaltait l’hétérogénéité des cultures, tout en professant un véritable culte de la force. Il rejoignait ainsi toute une thématique nietzschéenne.

C’est pourquoi je mets instamment en garde contre la tentation de la fascination à l’égard de l’acte transgressif qu’il a posé dans le lieu le plus symbolique qui soit. Il serait dangereux de ne pas avertir les jeunes gens, notamment, du caractère foncièrement ambigu du message qu’il a voulu adresser de la façon la plus spectaculaire. Il faudra peut-être prendre le temps d’analyser avec soin tous les motifs de son idéologie. Mais dans l’émotion du moment, il faut s’opposer à tout possible emballement qui pourrait conduire la protestation actuelle à l’excès et même à la dénaturation. Cela ne nous empêche pas de confier Dominique Venner à la douce pitié de Dieu, comme aurait dit Bernanos, et de prier intensément pour tous les siens.

Chronique lue sur radio Notre-Dame le 23 mai 2013.