Suicides - France Catholique
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Pèlerinage de Chartres : la jeunesse de l'Église
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Suicides

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N’en déplaise aux néo-stoïciens pour qui, tels les vieux Romains, le suicide est une manière noble de sortir de la vie, une fois qu’on en a épuisé les aspects positifs et qu’on n’en supporte plus les lourdeurs, et qui ré­clament un « droit au suicide assisté », le suicide reste un appel au secours. C’est aussi vrai quand il ne laisse aucune chance à son auteur — ainsi l’avocat failli du barreau de Melun qui, après avoir tiré sur son bâtonnier, a retourné l’arme contre lui — que lorsqu’il s’agit d’une tentative heureusement ratée comme dans le cas du docteur Bonnemaison.

Au cours de l’analyse de la personnalité de ce dernier au tribunal, on avait évoqué le suicide de son père, qu’il avait qualifié lui-même de « suicide de médecin », c’est-à-dire ne laissant aucune chance… Il faut bien en déduire que le sien était différent, tout médecin qu’il fût. Cela n’enlève rien à l’appel au secours. Donc à la mise en cause des tiers : ceux qui sanctionnent la faute (de l’avocat failli ou de l’urgentiste euthanasieur) et à qui, par rétorsion, une sorte de chantage au suicide est censée infliger une condamnation morale publique ; ceux qui encadrent ou entourent le suicidaire et seraient « responsables », soit de ne pas avoir vu venir la crise et de n’avoir rien fait d’efficace pour la prévenir, soit de ne pas comprendre le désespoir de celui qui est « injustement » sanctionné alors qu’il pensait bien faire…

Un ex-employeur de l’avocat de Melun a dit de son confrère que son cas était psychiatrique ! Dans quelle mesure cela exonère-t-il notre société de ses responsabilités ? Quant au médecin girondin, la justice avait voulu écarter l’influence d’un éventuel état dépressif, peut-être un burn out par manque de moyens hospitaliers, sur sa tentation de faire disparaître au plus vite ses vieux patients en fin de vie, par une philanthropie dévoyée qui mettait ainsi en cause l’organisation des soins. Désolé, mais une tentative de suicide n’est pas une preuve d’équilibre mental, quelle que soit l’épreuve subie auparavant. Ce n’est pas forcément une preuve de folie non plus ! La nature humaine est ainsi faite que chacun d’entre nous peut, à un moment ou un autre, craquer. Si cela se retourne contre soi-même, c’est bien triste. Si cela se retourne contre les autres, c’est autrement scandaleux.

Quant à l’indignation, on la voudrait pourtant un peu moins sélective. Tuer son prochain par vengeance et désespoir est probablement pire que pour le débarrasser d’une vie jugée sans issue. Mais mieux vaudrait respecter la vie, toute vie. Quand on risque de craquer, il n’y a que les principes moraux qui peuvent encore nous empêcher de commettre l’irréparable.

Et saluons ici les généreux secouristes qui ont sauvé la vie du docteur Bonnemaison sans tenir compte de son prétendu droit au suicide !