Sommes-nous un Empire du Mal ? - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Sommes-nous un Empire du Mal ?

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Les Etats-Unis d’Amérique sont-ils un empire du mal ? Mon opinion est qu’actuellement c’est peut-être bien le cas. Il y a pourtant eu à coup sûr beaucoup d’empires du mal dans les presque vingt siècles qui suivent la vie, l’enseignement, la crucifixion et la résurrection de Notre Seigneur et Sauveur.

Seul Dieu sait quand Jésus, après son Ascension, reviendra pour juger les vivants et les morts. Finalement, plutôt que de gaspiller nos énergies spirituelles à imaginer des scénarios apocalyptiques, il faut nous concentrer sur notre propre salut, celui des membres de notre famille et des nombreuses personnes que nous fréquentons jour après jour et qui ne partagent pas notre foi catholique ou l’ont abandonnée.

La plupart des lecteurs de The Catholic Thing connaissent probablement les grandes œuvres de Robert Hugh Benson, fils de l’archevêque anglican de Canterbury. Et parmi elles, peut-être la plus célèbre, celle qui est recommandée par des papes récents, y compris l’actuel Saint-Père, est The Lord of the World [Le Maître du Monde].

Benson, un converti au catholicisme qui devint un grand apologiste de la foi, a écrit bien d’autres livres, y compris des romans historiques comme Come Rack Come Rope !. [Vienne le chevalet, Vienne la corde !] Mais The Lord of the World et The Dawn of All [La Nouvelle Aurore] sont irremplaçables pour imaginer différents scénarios pour le futur (à l’époque de leur rédaction au début du XXe siècle) de l’Eglise.

Le premier, The Lord of the World, raconte l’histoire fictive de la venue de l’Antichrist qui provoque la fin du monde, avec une apogée en Terre Sainte. L’autre, The Dawn of All, présente une lecture plus optimiste du futur où le catholicisme est une fois encore reconnu à travers le monde comme la seule véritable Eglise.

Même si de telles œuvres peuvent nous rappeler les enjeux éternels des événements du monde en rapprochant ou en éloignant les nations et les individus qui les composent d’une éternité dans le Royaume des Cieux, elles ne doivent pas nous conduire à la panique. Il est nécessaire de répéter, dans une époque de troubles comme la nôtre, qu’il y a déjà eu beaucoup d’empires du mal depuis le début de la chrétienté. Et qu’il n’y aucune raison que ce ne soit pas le cas pour les nombreux millénaires à venir.

Notre devoir est de continuer à croire avec une foi inébranlable que Dieu sait ce qu’Il fait. Si nous restons dans sa grâce, qu’importe ce qu’il adviendra, le Seigneur gardera une place au Ciel pour nous ; parce que nous aurons été fidèles aux enseignements de l’Eglise, les portes de l’Enfer ne peuvent pas prévaloir contre elle.

La prière eucharistique est une puissante source de grâce et de soutien dans les temps difficiles que nous vivons, non seulement pour nos besoins propres mais aussi pour tous nos compatriotes, hommes ou femmes, qui sont tombés aux mains de Satan. Chacun de nous devrait ajouter (et avec joie) à la prière et aux sacrements le bienfait du partage de la foi avec notre famille, nos amis et nos collègues.

C’est en effet ce que faisaient les premières générations de chrétiens à une époque qui ressemble plus à la nôtre qu’il n’y paraît. Le chrétien anonyme auteur de l’Epître à Diognète qui nous vient du IIe siècle donne des conseils qui, à force, nous aideront à supprimer l’empire du mal présent aujourd’hui dans notre pays. Car, comme il est dit, ce n’est pas selon les critères habituels que les chrétiens sont différents :

« Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les coutumes. Car ils n’habitent pas de villes qui leur soient propres, ils n’emploient pas quelque dialecte extraordinaire, leur genre de vie n’a rien de singulier. Ils habitent les cités grecques et les cités barbares suivant le destin de chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et le reste de l’existence, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur manière de vivre. »

La véritable distinction qui se fait entre un chrétien et un non-chrétien est extraordinaire, indépendamment de la vision du monde sur des affaires de la sorte :

« Ils résident chacun dans leur propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Ils s’acquittent de tous leurs devoirs de citoyens, et supportent toutes les charges comme des étrangers. Toute terre étrangère leur est une patrie, et toute patrie leur est une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n’abandonnent pas leurs nouveau-nés. Ils prennent place à une table commune, mais qui n’est pas une table ordinaire. Ils sont dans la chair, mais ils ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre, mais ils sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies, et leur manière de vivre est plus parfaite que les lois. »

Evidemment, le monde n’apprécie par cet effort de vivre dans la vertu et la paix :

«  Les chrétiens aiment tout le monde, et tout le monde les persécute. On ne les connaît pas, mais on les condamne ; on les tue et c’est ainsi qu’ils trouvent la vie. (…) Alors qu’ils font le bien, on les punit comme des malfaiteurs. Tandis qu’on les châtie, ils se réjouissent comme s’ils naissaient à la vie. »

Et malgré tout cela, les premiers chrétiens ne se sont pas retirés de la vie, de même qu’ils ne se dérobent pas aux conséquences de foi, nous offrant une leçon encore d’actualité :

« L’âme aime cette chair qui la déteste, ainsi que ses membres, comme les chrétiens aiment ceux qui les déteste. L’âme est enfermée dans le corps, mais c’est elle qui maintient le corps; et les chrétiens sont comme détenus dans la prison du monde, mais c’est eux qui maintiennent le monde. L’âme immortelle campe dans une tente mortelle: ainsi les chrétiens campent-ils dans le monde corruptible, en attendant l’incorruptibilité du ciel. L’âme devient meilleure en se mortifiant par la faim et la soif; et les chrétiens, persécutés, se multiplient de jour en jour. Le poste que Dieu leur a fixé est si beau qu’il ne leur est pas permis de le déserter. »

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[Are We an Evil Empire ?]

http://www.thecatholicthing.org/2015/07/26/are-we-an-evil-empire/?utm_content=buffer9807e&utm_medium=social&utm_source=twitter.com&utm_campaign=buffer

dimanche 26 juillet 2015


Le père C.John McCloskey, historien de l’Eglise et chercheur non-résident du Faith and reason Institute, écrit de Menlo Park, Californie.