Raisonnements - France Catholique
Edit Template
L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
Edit Template

Raisonnements

Copier le lien

Lisant les Écritures, ou autres bonnes sources comme Thomas d’Aquin, Platon, ou même P.G. Wodehouse [Jeeves !], il nous faut souvent faire une pause et réfléchir. Nous pouvons bien avoir déjà lu ce passage-ci, ou celui-là, plusieurs fois. Et pourtant, à la relecture, nous réalisons que nous n’en avions pas saisi toute la signification.

Un exemple, je lisais dans le Bréviaire un extrait du Chapitre 10 de la deuxième épitre de Saint Paul aux Corinthiens : « Nous renversons les sophismes et toute puissance altière qui se dresse contre la connaissance de Dieu, et faisons toute pensée captive pour pour l’amener à obéir au Christ.» (2Co, 10 : 4 – 5). Ce qui nous rappelle l’immense détestation de Platon envers les sophistes. Un sophiste est une personne, généralement cultivée, qui se sert de la raison pour saper la raison. Une espèce pas trop rare.

Cette faculté de faire appel à la raison contre elle-même explique pourquoi le début de la philosophie consiste, selon un titre d’Aristote, à « réfuter le sophisme.» Aristote remarque: « pour certains, il vaut mieux paraître sensé sans l’être qu’être sensé sans le paraître (car l’art du sophiste réside dans l’apparence de sagesse sans la posséder); et le sophiste est celui qui se fait une situation d’une apparente et trompeuse sagesse.» Paul, quant à lui, préfère démolir les sophistes plutôt que simplement les réfuter, montrés comme pratiquant la course au fric plutôt qu’à la sagesse.

Ce passage de Paul nous rappelle un avis semblable de Pierre : « …toujours prêts à la défense contre quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous. Mais que ce soit avec douceur et respect.» (1 P, 3:15). Paul est plus direct. Certains ne nous écouteront pas si nous sommes trop gentils envers eux. Il y a une différence entre cex qui s’informent honnêtement et les sophistes.

La dernière chose que de nombreuses personnes admettent de nos jours, tout en sachant que leur refus est volontaire, est que toute dépend du Christ — c’est ainsi. Ce qu’ils veulent encore moins entendre, c’est que tout a sa raison d’être. Comment tout dépend du Christ n’est nulement étranger à la raison. La Révélation est en prise directe avec la raison. La raison sait bien qu’elle n’explique pas tout. Mais ce qui complète une explication ne saurait être « déraisonnable », même dépassant l’entendement.

Le catholicisme est isolé et de plus en plus persécuté parce qu’on le soupçonne sans cesse et sans raison d’avoir toujours des explications sur sa croyance. Alors que la philosophie actuelle s’appuie sur le relativisme, elle ne peut traiter de la raison sans accepter ce qu’elle nie. Ainsi la position du Catholicisme s’appuyant sur la raison déclenche des hurlements, des commentaires ridicules ou mensongers, le déni des réalités, et de la haine.

Rappelons que l’Écriture nous conseille, si on est invité dans une maison hostile, de secouer la poussière de nos sandales, et de partir. Mais il y de moins en moins de lieux accueillants. Ceci semble attirer de plus en plus l’attention sur un sujet majeur, la vérité. C’est sans aucun doute le nœud du problème.

Mais nous vivons dans un monde qui ne veut pas écouter. Dans « The Mating Season » (La Saison des Amours) de P.G. Wodehouse je relève : « Ces deux gars durs d’oreille, dans le train. Le train s’arrête à Wembley, l’un d’eux regarde par la fenêtre et dit « Nous sommes à Wembley », à quoi répond l’autre, « Je croyais que nous étions Jeudi » et le prelmier: « Moi aussi ».» Ce qui montre bien qu’on peut écouter sans entendre ce qui se dit.

À la lecture d’un tel extrait, j’ai parfois envie de penser qu’une pause dans un bon Pub anglais résoudrait la plupart des problèmes du monde. Mais là où la plupart des problèmes semblent se poser de tels établissements pour étancher la soif ne sont généralement pas tolérés. Ils sont considérés comme opposés à la raison et à la religion. C’était vraisemblablement selon Belloc le contre-point de :

« Où que brille le soleil catholique

On peut toujours bien rire autour d’un bon vin rouge

Au moins, c’est toujours ainsi que je le vois

Benedicamus Domino.»

Faire des remarques sympathiques sur le catholicisme au cours des dernières décennies a été considéré comme, sinon impoli, du moins, « triomphaliste ». Pourtant je me demande s’il n’est pas grand temps de constater que nous sommes plutôt les seuls à avoir raison et à recevoir la révélation. Il nous faut exprimer nos « raisons » avec douceur et respect, comme Pierre nous y a invités. Mais Paul avait sûrement raison. Les sophistes, généralement payés pour celà, pensent qu’ils peuvent proférer n’importe quel mensonge ou contre-vérité sur nos convictions comme s’ils en avaient le « droit » naturel.

Il n’y aplus guère de dialogues ou de débats, seulement des invectives et des mensonges. De « fières prises de position » s’élèvent « contre la connaissance de Dieu ». En définitive, préférons ne pas « paraître trop sensés ».


Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/on-giving-reasons.html


NDT : citations bibliques, texte français de la Bible de Jérusalem.