Va-t-on vers une radicalisation des opposants au mariage homosexuel ? Certains le craignent et s’en indignent. Désormais, aucun répit ne serait plus accordé aux responsables gouvernementaux. François Hollande parle jeudi sur France 2 ? Un rassemblement très conséquent est organisé face à l’immeuble de France Télévisions, et l’on dit que le personnel en a été vivement frappé. Christiane Taubira est chahutée à la sortie de l’Opéra de Lyon. Même sort à Rennes pour trois ministres venus s’exprimer au forum du quotidien Libération. Du coup, on parle de stratégie de la tension et on s’interroge. En même temps, les choses s’aggravent encore avec la constitution d’un groupe intitulé Homen qui est le pendant des désormais célèbres Femen, celui-ci n’hésitant pas devant la provocation musclée. Cette fois, c’est Le Monde qui prend la mouche et évoque le passage de la ligne rouge.
On ne sache pas que le même Monde ait manifesté une indignation égale, lorsque Pierre Bergé, son actionnaire, a repris un tweet affirmant qu’il n’aurait nul regret si une bombe éclatait au milieu de la foule de la Manif pour tous. Décidément, l’indignation est sélective pour ce journal qui ne manque jamais d’épingler les dérapages de l’adversaire, généralement présentés comme des lapsus évocateurs de sa bassesse morale. J’avoue que là, je ne marche pas et que je m’insurge et m’indigne à mon tour. Que l’on compare les styles des grandes manifestations des uns et des autres, et l’on pourra apprécier où se trouvent la tenue, le bon goût et le respect. Mais là-dessus, on se tait pudiquement. On se garde bien de comparer les slogans. Il est vrai que ce ne serait pas du tout à l’avantage des partisans du prétendu « mariage pour tous ». La grossièreté s’étale toute crue autant que l’anticléricalisme primaire, sans aucune limite, dès lors qu’il s’agit d’agresser l’autre camp. Il est vrai que certains échappent à la tentation. Mais aujourd’hui, le problème, c’est qu’en refusant obstinément d’entendre la voix d’une opposition pourtant massive, le gouvernement s’expose à un risque de radicalisation qui, en l’espèce, s’inscrit dans une contagion mimétique dangereuse, qu’il faut refuser résolument.
