Qu’est-ce qui rend Dieu joyeux ? - France Catholique
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Qu’est-ce qui rend Dieu joyeux ?

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I don’t know… but I’ve been told… he finds us irresistible.

Je ne sais pas… mais on m’a dit… qu’il nous trouve irrésistibles

(Marie Bellet).

Cette musique me trotte dans la tête ainsi que les paroles, issues d’une mélodie si charmante, si positivement captivante. Il semble que je ne puisse pas en débarrasser ma tête. D’ailleurs je ne le veux pas car si elles sont vraies, si elles correspondent à la réalité, à quelque chose qui est vraiment arrivé, alors, cela change tout

La chanson provient d’une vieille bande sonore de Marie Bellet, une chanteuse compositeur à la voix et à l’intelligence superbes, composée en 2003 et nommée Illumine. C’est de ce chant que proviennent les deux vers qui suivent et qui en sont le refrain :

It was his delight to walk among men.

C’était son délice de marcher parmi les hommes.

Heaven lend me light to see what he sees in them.

Le ciel m’a donné la lumière pour voir ce qu’il voit en eux.

Deux vers d’une beauté à couper le souffle, mais que veulent-ils dire ? Et pourquoi ne quittent-ils pas ma tête ? Parce que dans le rythme et la simplicité de ce chant, tout le mystère de la vie chrétienne se révèle. Et grâce à l’alchimie spéciale de l’artiste, il ravit le cœur.

Mais, encore une fois, que signifient exactement ces vers ? Seulement que Dieu, qui n’a aucun besoin de nous, -en effet, la pure perfection de son être le place infiniment au-dessus du moindre calcul de gain ou de perte – a choisi librement d’intégrer l’état d’être humain et de devenir véritablement un de nous contre toute espèce de bon sens.

Dieu n’a pas fait cela, voyez-vous, par simple pitié pour notre vulnérabilité, assez évidente pour justifier la protection divine la plus compréhensive. Mais par pur délice, la perspective de notre compagnie l’ayant poussé à descendre du ciel et à planter sa tente au milieu de nous. Pour le simple plaisir de notre compagnie, si on peut le croire. A quoi pensait-il ? Est-ce quelque chose qu’on peut tenter de comprendre ?

Mais comment le pourrait-on ? A moins d’être Dieu nous-mêmes, il n’y a simplement pas de mécanisme qui permette d’analyser quel motif l’a attiré dans la crasse et la boue d’un monde déchu. Je veux dire : Si vous étiez Dieu, feriez-vous cela ? Est-ce que quelque chose, sur notre planète terre, pourrait vous tenter assez pour quitter les bienfaits de l’éternité ?

Bien sûr que non. Et n’est-ce pas réconfortant de le savoir ? Autrement, nous pourrions risquer de nous prendre pour Dieu. Quel désastre ce serait !
« Si tout était à notre portée », prévient Grégoire de Nysse, « la Toute Puissance ne nous surpasserait pas ». Et donc, si cette chose impossible était vraie, il s’ensuivrait que nous aurions tous besoin d’énormes cataractes de lumière céleste juste pour voir ce que Dieu peut bien pouvoir trouver en nous ? Quelle juste leçon, et qui s’appliquerait d’un coup à nous tous. Qui d’autre Madame Bellet avait-elle en tête quand elle a écrit ce chant ?

Et un pécheur de plus,

Se demandant quoi faire pour le dîner.

Et je ne saurai jamais quelle est cette agitation,

Qu’est ce qu’il peut bien voir en nous ?

Eh bien, au moins il est assez clair que quoique Dieu voie en sous, il aurait difficilement pu venir plus près pour se faire comprendre. Comme Joseph Ratzinger nous le rappelait dans son Introduction au christianisme, ouvrage qui jouit presque d’une réputation d’icone parmi les théologiens orthodoxes catholiques :

Dieu est venu si près de nous que nous pouvons le tuer…Aussi aujourd’hui nous tenons nous passablement déconcertés face à cette merveilleuse révélation chrétienne , surtout si on la compare avec la religiosité asiatique, nous demandant s’il n’aurait pas été beaucoup plus simple de croire en un Eternel mystérieux, et de nous confier à lui avec nostalgie ; Dieu n’aurait-il pas mieux fait, si on peut dire, de nous laisser à une distance infinie.

C’aurait été plus simple, oui, mais beaucoup moins excitant. Et certainement loin d’être aussi consolant que de savoir qu’il n’a jamais suffi à Dieu de nous avoir créés  puis, tel un horloger céleste, de nous avoir laissés fonctionner tandis qu’il s’éloignait à la recherche de quelque chose de plus intéressant à faire.

Nous ne sommes peut-être pas les stars du spectacle, aussi, les rôles qu’on nous a donnés demeurent tout au plus à la tangente de la pièce. Mais qu’est-ce que cela peut faire puisque c’est la pièce de Dieu, après tout, et les textes qu’on nous a demandé de dire ont d’abord été écrits par Lui ? Puis répétés en costume par son fils ?

Finalement, n’est-ce pas là le fin mot de l’Incarnation ? Que dans l’être humain qu’est Jésus, nous voyions et entendions les textes que nous sommes supposés dire. Nous ne sommes pas seulement censés voir le visage de Dieu briller à travers le comportement de Jésus ; C’est aussi le visage de l’homme, le sens véritable de son être, que le Christ est venu révéler.

Chesterton est en plein dans le mille, à merveille, quand il dit que ce qu’il aime le mieux à propos de Dieu, c’est qu’ « Il prend un intérêt si intense dans ses seconds rôles ».

Alors, laissons tomber la pieuse horreur qui nous empêcherait d’accepter le fait que Dieu a vraiment assumé notre condition humaine. Sinon, comment brillera-t-elle comme un soleil de midi ? Ou, comme le dit la chanson : Illuminera-t-elle ?

https://www.thecatholicthing.org/2016/11/20/what-makes-god-glad/

Tableau : Sermon sur la montagne par JJ Tissot, c. 1890 [Brooklyn Museum]

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http://www.france-catholique.fr/Cheyenne-Marie-Carron-La-chute-des.html