Prières pour le Nigeria - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Prières pour le Nigeria

Traduit par Bernadette Cosyn

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Je suis membre du bureau de direction de l’Aide à l’Eglise en Détresse – USA. George Marlin, contributeur de The Catholic Thing, est le président du bureau. L’Aide à l’Eglise en Détresse – USA est une antenne nationale de l’organisation internationale et fondation pontificale destinée à aider les croyants souffrants et persécutés partout dans le monde.

Au cours des dernières années, nos efforts ont beaucoup porté sur le Moyen Orient. Monsieur Marlin a récemment publié un livre sur la situation de ces communautés, les plus anciennes de toutes les implantations chrétiennes. (Rappelez-vous que Saul est devenu Paul alors qu’il était en route pour persécuter les chrétiens qui vivaient déjà à Damas.)

Mais les catholiques et les autres chrétiens sont également en danger ailleurs dans le monde (on pourrait même dire partout, d’une façon ou d’une autre) et l’Aide à l’Eglise en Détresse – USA vient en aide à plus de 145 pays, dans des actions allant de l’aide aux réfugiés à la construction d’églises.

Pour ceux d’entre nous en lien avec l’Aide à l’Eglise en Détresse, l’une des joies a été de rencontrer des gens qui sont sur la ligne de front dans la bataille pour la foi dans les endroits les plus dangereux. Rien que durant les deux dernières années, nous avons eu le grand plaisir d’accueillir aux Etats-Unis :

L’évêque Camillo Ballin, qui doit avoir le titre ecclésiastique le plus remarquable au sein de l’Eglise : vicaire apostolique de l’Arabie du Nord. Mgr Ballin est en train de construire une cathédrale à Bahreïn : Notre-Dame d’Arabie. Elle pourra accueillir son immense troupeau : 2,5 millions de travailleurs étrangers, philippins pour la grande majorité.

L’archevêque melkite d’Alep (Syrie), le Révérend Jean-Clément Jeanbart, qui fait face à la tâche herculéenne de tenir bon avec sa communauté au milieu de ces décennies de guerre et de terrorisme qui ont créé l’une des plus grandes crises de réfugiés de l’histoire du monde, et qui se consacre à aider à reconstruire une structure économique viable à Alep, ce qui permettrait à son peuple de rentrer chez lui un jour – du moins ce qu’il en reste.

Et tout dernièrement, Mgr Matthew Hassan Kukah, évêque de Sokoto au Nigeria, qui a pu visiter Boston, New-York et Washington sous l’égide de l’Aide à l’Eglise en Détresse.

Ce n’est pas pour me mettre en avant ici, mais quand j’ai quitté un repas que nous avions organisé pour l’évêque, durant lequel des échanges agréables avaient eu lieu sur de nombreux thèmes, je marchais vers la gare en pensant à la discussion à bâtons rompus que nous venions d’avoir à propos d’Amoris Laetitia. C’est un problème mondial de premier plan. Comprenez-moi : la théologie morale de l’Eglise et l’intégrité du magistère sont extrêmement importantes.

Quoi qu’il en soit, Mgr Kukah vit dans la partie nord-ouest du Nigeria, où les catholiques sont une petite minorité parmi une majorité musulmane de plus en plus agressive. Il est difficile d’imaginer ce que lui et son troupeau doivent affronter, bien que les choses soient pire encore dans la partie nord-est du pays. Cette région est une base de repli pour Boko Haram, le groupe terroriste bien connu en Occident pour avoir kidnappé 276 collégiennes et lycéennes du village chrétien de Chibok. Il en manque toujours 219. On sait que certaines d’entre elles ont été converties de force à l’Islam, d’autres ont été utilisées comme esclaves sexuelles, et d’autres encore endoctrinées comme combattantes.

Cette horreur a été commise à environ 1 100 km du diocèse de Mgr Kukah, cela montre ce qu’il doit affronter à Sokoto. Boko Haram est en réalité un surnom pour le groupe. La désignation officielle est Jama’atu Ahlis Sunna Lidda’awati wal-Jihad. « Boko Haram » a à voir avec le cœur de la « mission » du groupe (si l’on peut s’exprimer ainsi) et signifie – dans un mélange d’arabe et de haoussa – « l’éducation occidentale est un péché ».

Au Nigeria, la situation n’est pas la même à l’ouest qu’à l’est. Cependant, il y a là aussi une méfiance parmi les musulmans à l’égard de la forme d’éducation qui est une large part du programme de l’évêque Kukah dans son diocèse, qui englobe Sokoto mais également les états de Zamfara, Kebbi et Katsina.

L’éventail des niveaux éducatifs est large au Nigeria : les chrétiens ont des taux d’alphabétisation élevés, et les musulmans des taux très bas. Dans l’ensemble, le pays se répartit à cinquante – cinquante entre chrétiens et musulmans (l’islam se concentre dans le nord) mais les chrétiens ont tendance à tenir les postes gouvernementaux les plus importants justement parce qu’ils sont mieux instruits.

L’objectif de l’évêque Kukah est donc de bâtir un pensionnat ouvert à tous les jeunes, indépendamment de leur religion. La vie en internat est incontournable, pas seulement pour des questions de sécurité, mais également pour s’assurer que les gamins aient une alimentation équilibrée, suffisamment d’heures de sommeil, et l’expérience de l’amitié entre chrétiens et musulmans.

Une audacieuse et remarquable clairvoyance de l’évêque a été – même si dur à faire accepter aux parents dans une région où les chrétiens sont une si faible minorité – de déplacer les écoles loin du voisinage des églises dans des bâtiments séparés. Pourquoi ? Pour encourager les enfants musulmans à les fréquenter.

Et cela marche. Comme l’explique Mgr Kukah :

Rien que le mois dernier, j’ai emmené des enfants d’une de nos écoles à Katsina… pour rencontrer… le Gouverneur. Deux des élèves avaient obtenu les meilleurs résultats de tout le pays aux examens nationaux. Tous les deux étaient musulmans, fille et garçon ! Vous devriez avoir vu le visage des enfants quand ils ont rencontré le Gouverneur, et sa fierté à lui concernant notre école. Je l’ai persuadé de prendre en charge la scolarité de ces deux enfants. La fille veut faire médecine et le garçon devenir ingénieur. Voilà l’avenir !

S’il vous plaît, priez pour Mgr Kukah, le peuple de Dieu au Nigeria et pour la fin de la violence là-bas et partout ailleurs en Afrique.


Brad Miner est rédacteur en chef de The Catholic Thing, membre éminent de l’Institut Foi & Raison et membre du bureau de l’Aide à l’Eglise en Détresse aux USA. C’est un ancien rédacteur de National Review.

Illustration : Mgr Kukah

Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/05/02/prayers-for-nigeria/