Noël, la joie à travers les larmes - France Catholique

Noël, la joie à travers les larmes

Noël, la joie à travers les larmes

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Au Moyen Âge, le peuple manifestait spontanément sa joie par de sonores cris de « Noël ! », tant il est vrai qu’il n’est rien de plus beau que le jour de la naissance, et singulièrement le jour de la naissance du Fils de Dieu. La langue populaire est spontanément accordée aux sentiments profonds, ceux qui jaillissent du cœur : Vox cordis ! Et la référence à l’événement de Bethléem a engendré une poésie, dont le charme n’a jamais cessé de réjouir ceux et celles qui savent que la visite de Dieu parmi nous inaugure un nouvel âge de l’histoire, alors même qu’elle s’offre sous l’aspect le plus humble. L’ange l’avait dit aux bergers : « Vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une crèche. » Et Luc poursuit son récit : « Ils vinrent donc en hâte et trouvèrent Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la crèche. Et l’ayant vu, ils firent connaître ce qui leur avait été dit de cet enfant ; et tous ceux qui les entendirent furent émerveillés de ce que leur racontaient les bergers. »

L’émerveillement ne prendra jamais fin, car il se rapporte au paradoxe inouï d’une théophanie qui se distingue des caractéristiques habituelles du sacré, qui produisent crainte et tremblement, ou encore fascination et terreur. À Noël, Dieu s’offre sous le signe du plus extrême dépouillement. On peut déjà parler, avec la théologie, de kénose au sens de Paul dans l’épître aux Philippiens : « Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave, et devenant semblable aux hommes. » Bien sûr, l’humiliation kénotique aboutit ultimement à la Croix du Vendredi saint. Mais elle se révèle à Noël, selon une modalité qui transforme les représentations du divin. Et l’on peut penser, avec la plus profonde tradition patristique, que dans le projet trinitaire, l’Incarnation précède la Rédemption. Ce n’est pas seulement en vue de sauver les hommes du péché et de la mort que le Christ est venu en ce monde, mais pour affirmer la vocation suprême de l’homme. Dieu nous a faits pour Lui, le Verbe étant le Premier-né de la création avant d’être le Premier-né des morts, selon l’expression de saint Irénée.

Comment dire mieux que Noël est la source même de la lumière et que sa grâce continue à briller dans nos ténèbres ? Le pape François déplorait qu’à l’approche de la nativité, le monde contredise l’appel de la crèche, en s’enfonçant dans la violence. Et il demandait le don des larmes pour pouvoir pleurer sur les crimes qui ne cessent de nous endeuiller. Mais ce don des larmes ne signifie pas abandon à la fatalité. Il est protestation intime en faveur d’une vénération du petit enfant qui, dans la crèche, est salué par les anges, à l’enseigne du prince de la Paix.  

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