Mossoul martyrisée - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Mossoul martyrisée

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Une simple vidéo, enregistrée par les bourreaux du Califat, a suffit pour nous donner de ce repaire de brigands l’image la plus sombre qui soit : des hommes armés de lourdes masses cognaient comme des brutes sur des sculptures datées de deux mille ans avant notre ère ! Toutes les collections, notamment assyriennes, de Mossoul ont ainsi été réduites en poussière : des bombes dites artisanales ont fini par faire disparaître le musée lui-même en une grosse explosion noire, monument sans doute infâme aux yeux de ces automates formatés par les gourous du Da’esh.

Des monceaux de livres très anciens étaient en train de brûler : parmi eux des ouvrages de grande taille ornés de miniatures d’une grande beauté… Un peu plus tard, nous avons vu un dominicain quitter précipitamment un autre musée, emportant entre ses bras une sorte d’énorme ouvrage pendant que le journaliste insistait pour que nous ne puissions pas oublier l’information : un autre dominicain avait dû s’enfuir alors que l’on mettait le feu à la bibliothèque dont il était le conservateur et où avaient trouvé refuge, pendant des siècles et des siècles, plus de cinquante mille livres anciens.

Ainsi, ont été rendues au néant de longues vies d’homme consacrées à des écritures plus précieuses que l’or, où l’histoire de divers empires avait été longuement documentée et méditée… Et cette histoire qui a contribué à nos histoires, à nos cultures, a ainsi été comme évaporée au-dessus des fumées noires de leur autodafé, monstrueux à une échelle jusqu’ici jamais égalée.

Les exilés qui par dizaines de milliers ont dû fuir leur ville, leur maison, leur histoire, les voilà dépouillés même de leur mémoire : de l’autre côté de la frontière qui, aujourd’hui, sépare Mossoul d’un Kurdistan replié sur lui-même, peut-être ont-ils, ahuris de tristesse, regardé de loin les fumées dissipant à travers l’espace ces particules de rien dont étaient porteuses leur culture, leur fierté, leur amour : car les oeuvres méritent l’amour qu’on leur porte puisqu’elles rendent pour un instant vivant celui ou celle qui en fut l’auteur. Ne sont méprisables que celles qui détruisent la beauté, vêtement de l’image de Dieu, celles qui furent ou sont conçues pour blasphémer ou insulter Dieu : mais l’on ne peut oublier combien de prières furent pétries dans la glaise, sculpées dans la pierre et le bois, fondues dans le bronze tout autant que donnée à lire dans les poèmes et les hymnes.

Depuis des millénaires avaient été transcrites tant de pages qui assuraient la mémoire des plus anciens comme des plus jeunes et sans laquelle quelque chose de la grandeur des hommes n’aurait pu se transmettre… Oui, la disparition si violente de ces ouvrages, non par l’accident mais par la sottise destructrice des fauteurs de désastres, a dû causer le désespoir d’un nombre incalculable d’hommes et de femmes dont l’esprit avait été formé par la consultation et la contemplation vibrante de ces témoins de marbre ou de papier.

Mossoul est loin de nous, mais je fais un rapprochement avec les événements de janvier ; les barbares qui tiennent le Califat entendent bien parvenir à leurs fins et faire en sorte que leur rage bestiale puisse un jour s’acharner sur notre Louvre, sur l’ensemble de nos musée, de nos cathédrales, comme l’on voit si souvent, presque chaque jour, on ne sait quels forcenés inscrirent des ignominies sur les autels de nos églises, les incendier parfois, ou en démolir des parties… La profanation est l’arme des lâches et l’argument probant de leur misère d’esprit. Pour ces fidèles du Da’esh, la guerre s’étend à tous ce qui n’est pas eux et à tout ce qui n’est pas ce qu’ils ont fait. Et ce qu’ils font n’est qu’un témoignage de haine, de mépris, d’insolence… à quoi s’ajoute nécessairement une ignorance abyssale.

Je viens de recevoir les premiers volumes de mon livre sur les événements de janvier : « Seule la Vérité rend libre : 7 janvier 2015 »1. J’avais hâte qu’il sorte en effet, même si pour l’instant je ne puis compter que sur trois ventes, mais je le regrette aussi car une note sur ces massacres de statues et de livres touche au plus profond de ce qu’est notre humanité. Seule notre espèce s’accomplit à travers l’éclosion de poèmes, de romans, de mélodies et de symphonies, aussi de sculptures, de tableaux et de dessins : d’architectures sublimes qui se fondent admirablement au travers de nos paysages travaillés par les paysans encore en vie, encore au travail. Ne pas oublier que nombre des oeuvres anciennes célébraient la prière à des dieux qui n’étaient pas le vrai Dieu mais qui pouvaient conduire à Lui : Mais quand on est témoin d’une telle sauvagerie on s’interroge sur ce que deviendront nos civilisations une fois le but du Califat atteint !

  1. Editions Andas : cet ouvrage de 294 pages peut se commander sur le site Parvis des Alliances au prix de 16 € (port compris), ou bien être, toujours sur le Parvis, téléchargé pour 3€ : prix très faible pour que l’on n’hésite pas à y aller voir.