Libérer les prisonniers - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Libérer les prisonniers

Traduit par Isabelle

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J’étais à la messe l’autre jour, et j’ai entendu un de ces textes d’Isaïe qui parle du serviteur de Dieu apportant la justice aux nations, aux aveugles la vue, et aux prisonniers la libération. J’ai pensé : « Vraiment ? Est-ce que Dieu va vraiment libérer les prisonniers ?

A de tels moments, il est assez facile de transformer un verset comme celui-ci en une métaphore spirituelle, et de dire qu’en fait le texte ne signifie pas que Dieu va libérer physiquement les prisonniers, mais qu’il va nous libérer de l’intérieur, du péché. Je ne sais pas de façon claire s’il serait plus facile à Dieu de libérer un prisonnier d’une prison matérielle, ou de libérer une personne comme moi, de son péché. Faire sauter une porte en fer pour l’ouvrir est quelque chose que même nous, nous pouvons faire. Changer le cœur endurci de quelqu’un semble plus difficile.

Aussi, bien que selon mon humeur, il m’arrive de me demander si Dieu délivre vraiment les prisonniers d’une prison matérielle, à d’autres moments, je trébuche sur la question : Dieu peut-il me libérer le l’emprise du péché.
Vous connaissez peut-être cette impression : Vous allez vous confesser, mois après mois, année après année, et ce sont toujours un tas des mêmes péchés qui surgissent : Orgueil, vanité, désir des biens de ce monde ; Je suis paresseux, je ne pense qu’à moi la plupart du temps, je me préoccupe trop de choses sans intérêt ; un comportement tout à fait l’opposé de « l’imitation de Jésus- Christ ». Et j’en viens à me demander : Dieu ne peut-il pas vraiment fouiller profondément dans ce cachot, faire tomber ces murailles et me libérer ?

Quand surgissent de tels doutes, parfois la meilleure chose à faire est de laisser les deux interprétations se renforcer mutuellement. Quand le péché personnel semble invincible, j’essaye de me rappeler que Dieu peut faire sortir les prisonniers même des pires cachots – et que les tyrans qui ont essayé de détruire l’Eglise ont disparu depuis longtemps, alors que, des siècles plus tard, l’Eglise demeure solide. J’essaye de me rappeler par exemple que l’Union Soviétique s’est effondrée et que le rideau de fer est tombé, presque en une nuit, alors qu’en vérité, presque personne ne s’y attendait, sauf les enfants de Fatima qui avaient entendu Marie le promettre. Mais si Dieu peut faire tout cela, alors je suppose qu’Il peut s’en tirer avec un simple petit pécheur.
Ce n’est pas que je Lui rende la tâche facile, mais alors quoi, Il est Dieu. Il a créé l’univers entier – chaque Quasar, chaque Pulsar, chaque galaxie, et toute la matière noire (quel que soit ce truc)- et Il garde chaque atome, quark et boson de Higgs à sa place. S’il peut faire tout cela, j’imagine qu’il peut se débrouiller avec moi.

Je ne dis pas que cela ne prendra pas de temps. Il n’a pas résolu le problème soviétique en une nuit après tout. Ces choses arrivent selon le temps de Dieu. Cela a tendance à être frustrant car j’aime bien que tout se passe selon ce que j’ai programmé – habituellement tout de suite. Mais, dans mes bons moments, j’imagine que si nous faisons notre part du travail, jour après jour, alors, éventuellement, les murailles s’effondreront, parfois quand on s’y attendra le moins.

Une première interprétation du passage d’Isaïe pourrait être littérale : Dieu libère physiquement les prisonniers. Par ailleurs, une interprétation métaphorique est ce qu’on pourrait appeler son sens moral : il parle de libérer du péché.

Dans la compréhension classique des Ecritures, ces deux sens sont liés de façon cruciale à deux autres : les sens Christologique et analogique. Le premier s’accorde à dire que certains passages des Ecritures se réfèrent en fin de compte au Christ, et le second se rapporte aux « fins dernières ». Mon espoir que les prisonniers puissent être et soient libérés de leurs prisons physique, et mon espoir d’être libéré du péché sont fondés tous les deux sur ma conviction que le Christ s’est relevé d’entre les morts. Saint Paul déclare « Si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi et nous sommes encore dans nos péchés ». En effet, si le Christ n’est pas ressuscité « nous sommes les plus à plaindre du monde ».

Je me suis converti étant adulte, et j’ai passé la deuxième fête de Pâques de ma vie de catholique au chevet de ma mère mourante. Elle est morte un dimanche de Pâques froid, clair et plein d’étoiles, vers 3 heures du matin. Je me souviens avoir pensé pendant le froid et long trajet en voiture qui a suivi l’appel de l’hôpital : « Eh bien voilà la grande question. Après toute la philosophie et la théologie, on aboutit à cela. Est-ce que je crois vraiment que le Christ a gagné pour nous – pour ma mère – la victoire sur la mort ? » Et j’y crois.

Si le Christ peut vaincre même la mort – on peut vraiment parler du dernier défi, je suppose – eh bien j’imagine qu’Il peut gérer le péché basique, quelle que soit la profondeur de son enracinement, d’autant plus qu’il nous a créés et qu’il est clair dans les Ecritures que le péché et la mort sont liés.

Qu’est-ce que je suis sensé croire ? Il peut se ressusciter lui-même, mais il ne peut arriver à se charger de moi – comme si j’étais un problème de maths compliqué qu’il ne saurait pas résoudre? Cela paraît peu vraisemblable. Quel drôle d’orgueil me porterait à penser cela. Donc, plus je tiens à ma foi de Pâques en la résurrection du Christ, et à ma foi en la résurrection des morts, plus j’ai l’espoir de me libérer de l’emprise du péché.

Ce serait curieux de croire qu’on peut être libéré de la mort, et avoir du mal à croire à la libération du péché. Et pourtant, je pense que je ne suis pas le seul à avoir ce problème, quel que soit le nombre de gens qui peuvent rejeter la notion de péché. Il doit bien y avoir une raison pour que tant de personnes, même des non catholiques, qui , autrement, n’encombreraient jamais la porte d’une église, se présentent pour recevoir les cendres le mercredi des cendres. Ils savent qu’il y a quelque chose qui ne va pas.

Et pourtant, si le Christ est ressuscité d’entre les morts, combien d’autres choses aussi extraordinaires seraient possibles ? On en reste sidéré – dans tous les sens du terme.

6 Avril 2016

Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/04/06/setting-the-prisoner-free/