Les minorités religieuses en Irak - France Catholique
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Les minorités religieuses en Irak

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Les persécutions — allant jusqu’aux massacres — déclenchées ces derniers temps en Irak amènent à s’interroger sur la situation religieuse de ce pays, à dire vrai compliquée, du fait de l’enchevêtrement d’un grand nombre de minorités. En tout cas, contrairement à ce que l’on pourrait croire, la majeure partie de la population n’appartient pas à l’islam sunnite, majoritaire dans le monde musulman. En effet, les chiites représentent quelque 65-70 % du total, implantés surtout dans le sud et dans le quartier de Sadr City à Bagdad ; considérés comme hérétiques par les sunnites du fait de leur référence particulière à Ali, le cousin et gendre du Prophète, ils se sentent naturellement proches de leurs frères d’Iran, voire aussi de ceux d’Azerbaïdjan et de Bahrein. En revanche, les sunnites constituent à peu près le tiers des habitants ; c’est une petite minorité d’entre eux — des partisans de la charia ayant rétabli le califat et dont on ne connaît pas avec certitude les soutiens extérieurs — qui a proclamé dans le nord l’État islamique en Irak et au Levant, lequel entend s’imposer non seulement à tous les groupes djihadistes, notamment Al Qaida, mais aussi aux musulmans du monde entier.

Les chrétiens se comptaient à plus d’un million avant la chute de Saddam Hussein, mais au moins les deux tiers d’entre eux ont émigré, si ce ne sont les quatre cinquièmes. Il s’agit des plus anciennes communautés de cette religion puisque remontant aux premiers disciples du Christ, notamment par le biais de l’apôtre Thomas, vénéré comme le fondateur de l’Église de l’Est, encore appelée Église de l’Orient, qui a essaimé bien au-delà du monde perse, en Inde et jusqu’en Chine. En Irak, le principal groupe est celui des chaldéens, unis à Rome, tandis qu’existe une Église assyrienne — souvent dite syrienne orientale ou, à tort d’ailleurs, nestorienne — peu nombreuse en Irak et divisée. S’y ajoutent des membres de toutes les Églises que l’on rencontre en Orient : syriaque catholique, syriaque orthodoxe, grecque-catholique [melkite], grecque-orthodoxe, maronite, arménienne apostolique, arménienne catholique, latine et protestantes.

Quant aux Yézidis, dont on a vu qu’ils étaient également pourchassés par les partisans du califat, ils débordent de l’Irak et comportent plusieurs centaines de milliers de fidèles, notamment chez les Kurdes — cette importante minorité ethnique qui administre un Kurdistan déjà largement autonome. Vivant dans un système de castes, ils pratiquent une très ancienne religion organisée autour d’une sorte de super-ange paon, Malek Taous, chargé par Dieu de gérer le monde. Enfin, les mandéens [sabéens] perpétuent le vieux système dualiste opposant le monde des ténèbres à celui de la lumière et accordant une place éminente à un envoyé céleste qui n’est autre que Jean-Baptiste, le cousin du Christ, qu’ils lui considèrent comme supérieur, ne voyant dans Jésus qu’une sorte d’usurpateur à la manière de Mohamed.

Jean-Gabriel Delacour

PS Je ne dis rien des juifs dont il y n’y a sans doute plus aucun représentant. On se souvient qu’ils étaient probablement encore 120 000 avant 1947 et qu’ils représentaient le quart de la population de Bagdad dans les années 20. Une Histoire de 2600 ans qui s’est achevée tragiquement (les pendus de Bagdad en 1969).