Les échanges de l'évangélisation - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Les échanges de l’évangélisation

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Scène inattendue dans une église d’une ville de la France profonde, que la sociologie d’aujourd’hui rapporterait à la France périphérique… Un jeune prêtre d’origine vietnamienne, ordonné la veille dans la belle cathédrale du diocèse, célèbre sa première messe. Au premier rang, ses parents venus spécialement du pays, accompagnés par sa sœur elle-même religieuse, rejointe par six autres membres de deux congrégations vietnamiennes. Autour du nouveau prêtre, une dizaine d’aînés dans le sacerdoce, dont la moitié de compatriotes. Eh oui, il y a aujourd’hui une belle vitalité de cette Église de l’autre bout du monde, à laquelle nous sommes attachés par des liens profonds, même s’ils ont subi l’épreuve d’une histoire tragique. Pourtant, le régime du Vietnam est toujours communiste et la liberté religieuse n’est pas vraiment garantie. Elle est même explicitement limitée, puisque des quotas de séminaristes sont fixés chaque année par le gouvernement. C’est ainsi que Joseph s’était trouvé refoulé du sacerdoce, avant qu’un évêque français, averti de son cas, ne l’invite à venir chez nous réaliser sa vocation.

Ce cas singulier en rejoint beaucoup d’autres. Nous sommes de plus en plus habitués à cette présence dans nos paroisses de prêtres venus d’ailleurs. Du Vietnam et plus encore d’Afrique. Il n’est pas rare, aujourd’hui, de voir des prêtres africains curés de vastes secteurs ruraux. C’est une prédiction qui est en train de s’accomplir et que j’ai entendue autrefois : « Vous êtes venus nous évangéliser, il est normal que nous venions à notre tour chez vous, vous réévangéliser dès lors que vous avez perdu le don de la foi que vous nous aviez transmis. » Nous vivons désormais en régime d’échanges et de communion directe entre Églises du monde. Et c’est une grâce pour laquelle il faut remercier le Ciel.

Certes, il s’agit d’accueillir au mieux ces prêtres et ces religieuses venus de loin. Pour certains, l’adaptation est moins facile, surtout lorsque la transplantation d’un pays à l’autre est brutale. Il faut ménager des espaces de transition, ne serait-ce que pour faciliter l’apprentissage de la langue française à ceux et à celles qui n’en ont pas l’usage courant. Attention à ne pas placer dans des conditions difficiles, psychologiquement et moralement, des personnes qui pourraient mal vivre des réalités auxquelles elles n’étaient pas préparées. L’obstacle n’est pas insurmontable, il suffit de la fraternité des paroisses et des communautés pour apporter le réconfort nécessaire et l’accoutumance progressive qui s’impose. Ces échanges se révèlent, à l’expérience, extrêmement riches. Je puis l’attester, en connaissance de cause, l’expérience urbaine s’ajoutant à l’expérience rurale !