Le Pape fustige la Curie romaine - France Catholique
Edit Template
L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
Edit Template

Le Pape fustige la Curie romaine

Copier le lien

Avec le pape François, on peut être sûr que ce qu’on appelle la langue de bois ou encore la langue de buis, plus appropriée dans l’Église, sera toujours remisée au vestiaire. L’algarade dont il a gratifié hier le personnel de la Curie romaine se rapporte tout à fait au genre « douche glacée ». On pourrait même parler de franche engueulade, si le terme convenait à ce qui s’apparente quand même au genre traditionnel de la monition spirituelle et de l’exhortation morale. Après tout, ce qu’on appelle parénèse dans les épîtres de saint Paul n’est pas toujours tendre et aimable. Il arrive souvent à l’apôtre de rudoyer son monde. Il existe sans doute dans le langage ecclésiastique des modalités plus douces, ou plus fleuries. Comme celles de saint François de Sales. Mais il y a des moments où il faut que les choses soient dites roidement et rudement.

Non seulement le Pape a déclaré que la Curie doit changer, s’améliorer, se montrer critique à l’égard d’elle-même, mais il a carrément enfoncé le clou en dressant une liste de quinze « maux et tentations », allant de l’Alzheimer spirituel de ceux qui se laissent subjuguer par les biens matériels et le pouvoir à la schizophrénie existentielle de ceux qui ont succombé à un état d’esprit dépourvu de joie et de compassion. Il a encore dénoncé le carriérisme, la rivalité et l’orgueil, la servilité, et les basses manœuvres de ceux qui entretiennent la presse avec des ragots et des fausses informations. Ce qui ne l’a pas empêché au final de souhaiter à son personnel de joyeuses fêtes de Noël, en lui rappelant les bienfaits d’une dose d’humour.

De l’humour, il en fallait aux gens de la Curie pour supporter quand même avec le sourire la philippique qu’ils venaient de subir. Imagine-t-on le président de la République s’en prendre sur ce ton au personnel de l’Élysée ou le ministre de l’Intérieur agonir de cette façon la haute fonction publique ? C’est que, sans aucun doute, il y a une spécificité du service à l’intérieur de l’Église et que l’attitude requise des serviteurs s’apparente à ce que les théologiens appellent l’esprit de la kénose, ce dépouillement intérieur qui doit humilier les dépositaires de l’autorité. Le coup est quand même rude et eu égard aux bons serviteurs qu’il m’est arrivé de côtoyer dans la Curie romaine, je plaiderais en faveur d’un tout petit peu d’indulgence.

Chronique diffusée sur radio Notre-Dame le 23 décembre 2014.