Le Pape François et Vatican II - France Catholique
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Le Pape François et Vatican II

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Le pape François plonge dans l’embarras bon nombre de fidèles, en particulier parmi les catholiques qui sont familiarisés avec la clarté du pape émérite Benoît et son saint prédécesseur St Jean-Paul. De ce fait, ces catholiques fidèles aux enseignements de l’Eglise ont du mal à déchiffrer la signification qui se profile derrière sa rhétorique actuelle. C’est bien compréhensible, sachant que nous n’en sommes qu’à deux encycliques de lui – une sur la Foi (écrite avec l’assistance du pape Benoît) et la seconde, sa réflexion profonde sur l’environnement.

S’il est l’objet d’une erreur d’interprétation, c’est surtout à cause des médias laïques qui, chauffés à bloc par Internet, font toujours de lui le portrait d’un homme qui, d’une façon ou d’une autre, a pour intention de modifier les enseignements fondamentaux de l’Eglise catholique, en particulier en matière de vie conjugale.

Aux Etats-Unis, où sa visite est attendue avec impatience, juste une semaine avant le fameux synode sur la famille, les interrogations sont particulièrement vives. Apparemment beaucoup semblent espérer que le pape François fasse des concessions radicales dans le domaine de la morale sexuelle, spécialement en ce qui concerne les divorcés, les remariés, ainsi qu’au sujet de l’homosexualité. Les catholiques ayant reçu une solide éducation pensent que c’est impossible – et les paroles de François, au moins quant à l’homosexualité – paraissent confirmer cette impression. Mais, en partie à cause de ses déclarations « off », cette impression persiste.

Malheureusement, il est des évêques et des cardinaux en charge de la préparation du prochain synode qui partagent les égarements des médias et même les encouragent. Il est heureux que ceux qui travaillent dans cette direction (du moins publiquement), n’appartiennent pas au contingent américain mais viennent surtout de pays du centre de l’Europe, où le catholicisme est en perte de vitesse, particulièrement l’Allemagne et l’Autriche. C’est curieux — et ceci est comme un témoignage du nouveau visage de l’Eglise universelle — les plus forts et plus déterminés défenseurs de la doctrine catholique en cette matière sont les catholiques africains. Les hiérarchies respectives des diocèses catholiques d’Afrique sub-saharienne insistent pour que l’Eglise prêche et encourage les fidèles à respecter le trésor de l’Eglise en matière de foi et de morale. Compte tenu du déclin manifeste de l’Occident, les Africains constituent peut-être le meilleur exemple au monde de communautés catholiques fidèles et positives.

Ceci nous amène à Eduardo Echeverria et à son livre qui vient d’être publié Pope Francis. The Legacy of Vatican II. George Weigel, penseur catholique réputé — ami et biographe de St Jean-Paul — décrit cet auteur comme l’un des plus vivants et profonds penseurs d’aujourd’hui, spécialisés dans la tradition théologique aux Etats-Unis. Son livre éclaire d’une façon nouvelle l’Eglise catholique et le Pape François lui-même à cette époque charnière de notre histoire. Echeverria est professeur de philosophie et de théologie au grand séminaire du Sacré-Cœur de Detroit.

Ce que montre Echeverria, c’est que le Saint-Père, François, est un homme de Vatican II, très fidèle à ses enseignements. Comme le note Robert Royal, du Catholic Thing, dans la préface de ce livre, en faisant une lecture attentive de ce que Jorge Bergoglio avait écrit avant d’être élu pape, Echeverria y a découvert deux éléments fondamentaux. En premier lieu, le pape croit profondément que l’Eglise doit juger et faire un choix clair entre « oui » et « non », quelle que soit l’interprétation qu’aimeraient faire les médias de l’expression connue: « Qui suis-je pour juger ? ». D’autre part, le futur pape insista fortement sur la notion du pueblo fiel (peuple fidèle) en Argentine, par quoi il voulait parler d’un catholicisme authentiquement populaire, profondément fidèle à la tradition catholique. L’auteur cite des chapitres reprenant ses discussions avec des traditionalistes ainsi qu’avec des tenants d’orientations libérale et progressiste de l’Eglise.

Echeverria évoque largement aussi la mission assumée par le pape en vue d’encourager les protestants comme d’autres qui s’en sont éloignés, à engager le dialogue avec Rome. De plus, il souligne la très grande attention que François attache aux peuples du monde, ce qui, nous pouvons l’espérer, pourrait contribuer à en ramener beaucoup au bercail de l’Eglise fondée par le Christ.

Contrairement à l’impression que certains en retiennent, François s’attaque fréquemment à cette partie de la vie chrétienne qui est une « bataille » spirituelle dans l’âme de chaque chrétien (par exemple, la lutte contre le commérage, les préjugés et l’innocence qu’on s’accorde trop facilement). Mais il manifeste aussi l’importance qu’il y a à manifester sa joie et à partager sa foi avec famille et amis, aussi bien que dans son cadre professionnel. Ce livre est très stimulant, car l’analyse théologique qu’il entreprend est profonde. Il mérite bien qu’on fasse l’effort de le lire alors que nous nous préparons à recevoir la visite du pape François à Washington, Philadelphie et aux Nations Unies, en septembre.

A bien des égards cette visite sera historique. Compte tenu de la déchristianisation à laquelle nous assistons aux Etats-Unis, les enseignements du pape et la manière dont ils seront correctement compris joueront un rôle important dans le destin de l’Amérique. destin en même temps marqué par la longue et pénible épreuve de l’élection présidentielle en perspective. Cette campagne électorale aura naturellement des conséquences sur la sélection de nouveaux membres de la Cour Suprême, laquelle a déjà causé tant de dégâts à ce qui fut naguère une terre chrétienne, notamment par le brutal diktat récent autorisant le mariage gay.

L’extraordinaire don du ciel qu’est le pape François recentrera peut-être notre attention sur l’extraordinaire trésor de l’Eglise que le christ a fondée. En tout cas, ce livre aidera tous ceux qui le liront à confirmer que l’Eglise, d’une façon ou d’une autre, survivra jusqu’à la fin des temps, comme son fondateur nous l’a promis.

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Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/08/16/pope-francis-and-vatican-ii/

Le père C. John McCloskey est spécialiste de l’histoire de l’Eglise et chercheur, attaché au Faith & Reason Institute