Le Nobel pour l'enfance - France Catholique
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Le Nobel pour l’enfance

Le Nobel pour l’enfance

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Le prix Nobel de la paix a été attribué cette année à deux lauréats, l’Indien Kailash Satyarthi et la jeune Pakistanaise Malala Yousafzai. L’Inde et le Pakistan associés, c’est déjà tout un symbole, lorsqu’on sait le caractère conflictuel des rapports entre les deux pays, depuis leur séparation en 1947. Mais un point commun rapproche les deux lauréats. Malala a déclaré, lors d’une conférence de presse : « Cette récompense est pour tous les enfants sans voix, et qui doivent être entendus. » C’est bien, en effet, le mérite de cette jeune fille exceptionnelle de 17 ans (la plus jeune des Nobels de l’histoire) que d’avoir défendu très tôt l’enfance menacée et fragilisée de son pays, notamment à cause de l’emprise cruelle des talibans. C’est aussi le mérite du co-lauréat qui, depuis plus de trente ans, se bat contre l’esclavage des enfants et en faveur de leur scolarisation. Cela peut paraître très loin de nous, mais à l’échelle de la globalisation, le lointain est devenu notre prochain. Et sans adhérer à la thèse du choc des civilisations, il faut bien convenir que nous sommes directement impliqués dans des affrontements internationaux, qui requièrent d’ailleurs les interventions de nos armées sur différentes zones sensibles. Et si nous n’avons pas eu à agir directement au pays de Malala, il n’y a pas si longtemps que nous étions aux prises avec les talibans tout proches de l’Afghanistan.

Notre solidarité avec nos deux Nobels n’est pas factice, car la cause qu’ils défendent est vraiment universelle et leur exemple tout à fait admirable. C’est à quinze ans que l’adolescente Malala a été grièvement blessée à la tête par des extrémistes qui l’avaient spécialement désignée dans le minibus scolaire qu’ils avaient arrêté. Elle restera six jours dans le coma et sera évacuée vers l’Angleterre. Après plusieurs opérations, revenue miraculeusement à la vie, elle est devenue la représentante de toute une jeunesse persécutée. Nous savons aussi que le Pakistan n’est pas spontanément favorable à la liberté religieuse. Les minorités religieuses y sont souvent malmenées et soumises à une législation discriminatoire. Mais la vie est aussi dure pour des millions d’enfants qui n’ont pas droit à l’éducation. Là où des écoles existent, notamment pour les filles, elles sont systématiquement détruites par les islamistes.

C’est pourquoi le prix Nobel donne l’occasion à Malala de faire comprendre sa cause par ses propres compatriotes. Faut-il qualifier cette cause de « progressiste » à l’encontre d’une mentalité « conservatrice » ? Le vocabulaire fréquemment employé est trompeur, manipulé par l’idéologie. Ceux qui luttent pour l’enfance et la condition féminine ne sont pas forcément des idéologues. C’est l’amour du prochain et le souci du bien commun qui les inspirent. L’Occident est-il indemne de toute complicité avec les exploiteurs d’enfants, ceux qu’un Kailash Satyarthi arrache à une honteuse condition servile ? Cette question aussi doit être posée.