La tragédie des exilés - France Catholique
Edit Template
L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
Edit Template

La tragédie des exilés

Copier le lien

Face aux drames répétés qui se déroulent en Méditerranée, le Pape a vivement réagi, dimanche, lors du Regina Cœli, place Saint-Pierre : « Je lance un vibrant appel à la communauté internationale, pour qu’elle agisse avec décision et diligence, afin que de telles tragédies ne puissent se reproduire. » Et de prendre la défense de « frères qui cherchaient une vie meilleure… affamés, persécutés, blessés, exploités, victimes de guerre. Ils cherchaient une vie meilleure ; ils cherchaient le bonheur ». Le petit-fils d’immigrés italiens, partis en Argentine pour changer leur condition sociale, sait de quoi il parle. Et par ailleurs, le Pape est dans la mission de celui « qui préside à la charité » (pour reprendre l’expression de saint Ignace d’Antioche) lorsqu’il se porte au secours des victimes d’une immense tragédie dont on ne voit pas la fin, dans les circonstances actuelles.

Ce sont, en effet, des centaines de milliers de migrants (plus d’un demi-million, selon certaines sources italiennes) qui sont en attente, sur le territoire libyen, d’un passage en Europe. Il faut leur adjoindre, même si leur situation n’est pas tout à fait équivalente, la masse considérable qui a fui la guerre en Syrie. La déstabilisation d’une partie de l’Afrique annonce d’autres vagues d’exilés, et l’on conçoit la perplexité des dirigeants européens devant l’ampleur du défi. Il ne fait pas de doute que des mesures devront être prises dans l’urgence. Le seront-elles à la suite des rencontres prévues à Bruxelles ? Est-il possible d’agir directement en Libye pour contrer le système d’exploitation qui y sévit ? Est-il possible de mieux organiser l’accueil de ceux pour qui un retour au pays est inenvisageable ?

Mais au-delà des mesures immédiates, surgissent des questions fondamentales. Ainsi, le président de l’association des communes de Sicile, Leoluca Orlando, propose carrément d’abolir le droit de séjour en Europe, comme ont été abolis l’esclavage et la peine de mort : « Cessons d’être hypocrites. La mobilité est un droit fondamental dans la société contemporaine (…). Il est temps que l’Europe devienne le lieu de la légalité des droits humains et reconnaisse le droit à la mobilité comme l’une de ses valeurs fondamentales » (Le Figaro, édition du 20 avril). Mais en Italie même, le simple accueil provisoire des réfugiés se heurte à des obstacles sérieux, et en Europe, l’opinion publique se montre de plus en plus hostile aux flux de l’immigration. Par ailleurs, est-il juste et raisonnable de ne proposer aux Africains que la seule perspective du départ, comme si leur continent était définitivement maudit et sans espoir de développement ? Un développement susceptible d’assurer un autre destin à ses enfants. Il y a une grande différence entre la nécessité d’échapper aux dangers les plus graves en bénéficiant d’un droit d’asile et la fuite en avant que constituerait l’organisation de la panique, vidant l’Afrique du meilleur de ses énergies et de ses talents.