La fin de vie en catimini - France Catholique
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Pèlerinage de Chartres : la jeunesse de l'Église
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La fin de vie en catimini

Au regard du processus des états généraux de la bioéthique qui avaient duré plusieurs mois et mobilisé des milliers de personnes, ceux de la fin de vie, qui viennent de s’ouvrir, paraissent microscopiques.
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C’est le Comité Consul­tatif National d’Éthique (CCNE) qui a été chargé de l’organisation des états généraux de la fin de vie. Depuis qu’elle a produit des conclusions hostiles à l’euthanasie, l’instance a été largement renouvelée, mais elle a peu de moyens. Les travaux ne mobiliseront qu’une trentaine de citoyens tirés au sort par l’Ifop. Ils se dérouleront à huis-clos durant quatre week-ends, « à l’abri des controverses publiques », a précisé le président du CCNE, Jean-Claude Ameisen, sous la forme d’un dialogue avec une douzaine de personnalités.

Seul Jean-Luc Romero, président de l’ADMD (Asso­ciation pour le Droit de Mou­rir dans la Dignité — entendre pour l’euthanasie) a annoncé qu’il avait été sollicité pour rencontrer le panel. Le troisième week-end serait dédié à la « concertation » avec des personnalités choisies par les citoyens. Il resterait un tout dernier week-end pour rédiger l’avis qu’une conférence de presse programmée pour le 16 décembre ferait alors connaître.

« Au terme de ce débat il y aura, sans doute à la fin de l’année, un projet de loi » qui « complétera, améliorera la loi Leonetti », avait indiqué en juillet dernier François Hollande. Mais tout porte à croire qu’aucune loi ne sera débattue avant les municipales… Le député Jean Leonetti s’est étonné de la légèreté de la consultation citoyenne : « Huit mois ont été nécessaires pour mettre en place les états généraux de la bioéthique […]. Ce n’est pas à la hauteur de l’enjeu. »

La mesure 21 du candidat socialiste comportait une promesse assez vague : « Je proposerai que toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander, dans des conditions précises et strictes, à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité. »

Le président de la République n’a jamais pris à son compte le mot « euthanasie » ; les avis successifs du professeur Didier Sicard, remis à François Hollande en décembre 2012, puis du CCNE, en juillet 2013 l’ont aussi écartée, provoquant la colère de l’ADMD. Celle-ci joue-t-elle aujourd’hui son va-tout ? À en croire le plus récent sondage qu’elle a commandité, 92 % des Français seraient favorables à l’euthanasie pour les personnes qui en font la demande et qui souffrent de « maladies insupportables et incurables ». Ce sondage Ifop a été publié le vendredi 1er novembre, à la veille du jour des défunts que Jean-Luc Romero persiste depuis 2008 à vouloir transformer en « journée nationale pour le droit de mourir dans la dignité ».

Mais ses rassemblements du 2 novembre n’ont pas attiré les foules. Dans un communiqué protestant contre cette « tentative de récupération d’une journée dédiée au recueillement », le docteur Xavier Mirabel, président d’Alliance VITA, a jugé « particulièrement inquiétant, spécialement en période de crise économique, d’entendre présenter l’euthanasie comme une mort « digne » qui apporterait une solution aux souffrances des personnes dépendantes ou en fin de vie… »

Deux initiatives ont vu le jour pour contrer ce risque. En France, cinq personnalités concernées par le handicap et la dépendance ont lancé un appel « Solidaires en fin de vie », qu’on peut signer sur le site www.solidairesfindevie. Leur tribune, publiée dans le quotidien La Croix du 30 novembre, prépare de grandes mobilisations. En s’élevant contre les risques d’euthanasie et de suicide médicalement assisté, elle conteste l’interprétation des sondages favorables à l’euthanasie : « La définition qui [en] est donnée laisse croire que l’injection d’un produit létal est la seule façon d’échapper aux « souffrances insupportables ». Qui peut s’obliger à ce qui est « impossible à supporter » ? Dire qu’il faudrait soit « survivre en souffrant atrocement » soit « mourir paisiblement sans souffrir », n’est-ce pas imposer un « choix truqué » ? »

À Bruxelles, le 13 no­­vembre, c’est une coalition internationale qui a été rendue publique. L’Euthanasia Prevention Coalition Europe (EPC-Europe) regroupe des organisations et des personnalités unies pour conduire des campagnes en faveur de lois protégeant les personnes contre l’euthanasie et le suicide assisté. Plus que du modèle belge ou hollandais — qui fait de plus en plus figure de repoussoir tant l’euthanasie s’y est répandue sans contrôle —, c’est en effet du côté du suicide médicalement assisté tel qu’il a été légalisé dans l’État américain de l’Oregon que viendrait désormais la menace.