LA PROVIDENCE ET LES MICROSCOPES... - France Catholique
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LA PROVIDENCE ET LES MICROSCOPES…

Chronique n° 332 parue dans F.C.-E. – N° 1788 – 20 mars 1981

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J’entends souvent déplorer que la science, si puissante à explorer, l’immense et l’infime, n’ait pratiquement rien trouvé d’utilisable quand elle s’est mise à étudier l’homme.

Et c’est vrai. Les immenses travaux des sociologues et des économistes, pour ne parler que d’eux, ont souvent révélé des faits insoupçonnés. Mais ces résultats n’ont permis ni d’améliorer la société ni de gérer ses richesses. Les améliorations, quand elles se sont produites, semblent avoir été mises au monde par le hasard1.

Cette situation m’en rappelle une autre : du temps d’Hippocrate, il y a vingt siècles, les savants se trouvèrent soudain capables de prédire les éclipses et de démontrer de nombreux théorèmes de géométrie ; mais quand on lit les livres du fondateur de la médecine, on est consterné de son impuissance et de son ignorance. Il savait immensément de choses. Il y réfléchissait avec un puissant génie, maintenant encore admirable. Mais l’essentiel, faute d’un microscope, il l’ignorait.

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À mon avis, ce fut une grande chance pour l’humanité qu’un collègue d’Hippocrate n’ait pas découvert le microscope. Réfléchissez à ce qu’auraient pu faire de l’homme, si elles en avaient connu comme nous les mécanismes, des sociétés où l’infanticide était permis, ne parlons pas de l’avortement, où la foule regardait en mangeant des gâteaux des hommes s’égorger dans les stades. Heureuse ignorance, que j’appellerai plutôt providentielle : pour découvrir la science sans danger majeur, il fallait d’abord qu’apparaisse le christianisme, puis que mille ans au moins se passent.

De même, je crois providentielle notre ignorance des ressorts sociaux. Pauvres de nous, si la science les découvrait, les livrant aux aveugles qui nous gouvernent ! Dieu merci, personne jusqu’ici n’a deviné où se cachent ces ressorts, qui restent aux mains de Dieu. Nos pilotes peuvent nous verser dans le fossé. Ils n’ont pas encore trouvé le « truc » capable de nous conduire comme moutons vers les mirages qu’ils prennent pour des paradis. Quand ils essaient, ils échouent. Rien, jamais ne se passe comme prévu2.

J’ai inventé la seule loi historique dûment avérée et prouvée par les faits : c’est qu’il suffit de prédire quelque chose pour que cela se passe autrement. Si j’avais le temps, je proposerais même la création d’un service d’État uniquement recruté chez les fous dangereux et qu’on paierait très cher pour prédire l’avenir. Ils nous annonceraient d’affreuses catastrophes qui, étant annoncées, ne pourraient plus se produire3.

En réalité, cette non-loi que je qualifierai modestement de géniale exprime d’une autre façon ce que disait Hugo : Sire, l’avenir est à Dieu. Le Créateur a plus d’imagination que ses créatures.

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À propos de Marthe Robin, j’écrivais l’autre jour qu’elle brillait comme une étoile dans notre crépuscule4. En y repensant, je me demande quel moment de l’histoire ne fut pas vécu par les hommes comme un crépuscule. C’est notre ignorance du passé, c’est l’infirmité de notre mémoire qui seules nous empêchent de reconnaître l’histoire pour ce que Taine disait qu’elle est : un coupe-gorge et un mauvais lieu (« mauvais lieu » se dit maintenant en un seul mot). Notre monde est plein d’atrocités. Mais lisez le rapport de Vauban à Louis XIV intitulé la Dixme Royale, et vous verrez ce qu’il en coûtait de sang et de larmes d’être sujet du Roi-Soleil dans la douce terre de France en son triomphe, et ne parlons pas de ses voisins du Palatinat et des Pays-Bas.

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Tout de même, me dit un ami, et la détresse du Tiers-Monde ?

J’aime cette question, car elle contient tout. D’abord, il y a cent ans, ou si vous y tenez, deux cents, la terre entière appartenait au Tiers monde. Le Tiers monde est resté l’état normal de l’humanité entière presque jusqu’à nous.

La Rome des Antonins était un pays du Tiers monde – pensez à la majorité de sa population, les esclaves. Relisez les « rites de passage » à Sparte, et dites-moi où pareilles abominations se pratiquent encore de notre temps.

Ce qui est nouveau, et que sous-entend la question de mon ami, c’est que maintenant, même un Hitler et un Staline savent que leurs crimes sont des crimes et doivent être cachés. Et s’il vous plaît, d’où cela vient-il ? Cela ne vient pas de l’invention du microscope, ni de la découverte des microbes, ni des Nations Unies, ni de la télévision.

Cela vient d’une lente maturation de l’humanité commencée par un certain événement datant de l’an 33 environ de notre ère.

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Le Pape était ces jours derniers au Japon. Quelle tragédie, pensent beaucoup, qu’un peuple si sérieux, si désireux de bien faire, si héroïque à l’occasion, n’ait pas compris le message des premiers missionnaires ! Pensez à ce que serait un Japon chrétien !

Le Japon n’est pas chrétien, certes, quoique je connaisse quelques Japonais chrétiens, et éminents. Mais ce pays lointain témoigne de l’imprégnation universelle des valeurs chrétiennes. Il en témoigne par son abandon de la violence et de la haine.

N’avez-vous jamais été frappé par les réponses répétées de Jésus aux questions enfiévrées des disciples sur le « Royaume » ? Ces réponses sont toujours des métaphores de changement, d’évolution : le grain de sénevé, l’arbre et ses fruits, le levain, la vigne… Le Royaume est quelque chose qui pousse, qui change. On ne peut pas le définir par son but. Seulement par la métamorphose qu’il requiert des hommes. Au-delà de la métamorphose, toute réalité devient indicible.

Les passages où est évoqué l’« Avènement » décrivent tous des épisodes incompréhensibles5. Ce n’est pas par hasard que les derniers mots du Nouveau Testament « Reviens, Seigneur Jésus » se trouvent à la fin de cette Apocalypse où la raison se perd. Cela, je crois, veut dire que le propre de l’avenir (providentiel) est de sans cesse dépasser les rêveries de la raison.

Depuis toujours, les hommes vivent leur bref passage en ce monde comme un crépuscule. Ils ont raison : à chaque instant un âge meurt. Mais ils ont tort : dans les étoiles, dans les fleurs, dans le cœur de l’homme, éternellement lève le mystérieux levain. De quoi nous plaignons-nous, puisque c’est cela, le Royaume ? Un crépuscule du matin.

Aimé MICHEL

Chronique n° 332 parue dans F.C.-E. – N° 1788 – 20 mars 1981. Reproduite dans La clarté au cœur du labyrinthe, Aldane, Cointrin, 2008 (www.aldane.com), pp. 670-672.


Notes de Jean-Pierre ROSPARS du 7 avril 2014

  1. Aimé Michel ne s’est jamais départi de son scepticisme à l’égard des sciences humaines. Ainsi, en mars 1981, il évoquait déjà « les pseudo-évidences des “sciences humaines”, qui ne nous apprennent rien sur l’homme dans un langage farci de mathématiques inapplicables à la moindre expérience. Quand les sciences humaines auront découvert quelque chose, cela se saura. » (Chronique n° 255, Les mouches – Ces théologiens sérieux qui repoussent l’idée d’une Personne divine, 11.02.2013). Son jugement peut paraître sévère, surtout en matière économique, où existe un socle de connaissances de base sur les mécanismes de création des richesses, l’importance de la productivité du travail, le rôle de l’innovation… Mais sans doute Aimé Michel a-t-il d’abord en tête la capacité de prévoir l’avenir. Si la physique ou la médecine peuvent prévoir c’est que les phénomènes qu’elles étudient obéissent à un fort déterminisme, à des lois qui ne changent pas au cours du temps. Il n’en va pas de même dans les sciences économiques et sociales où une multitude de facteurs entrent en jeu, dont un grand nombre ne sont pas connus ou mal mesurés et dont les lois d’évolution sont instables. A chaque instant surviennent des innovations (qu’on songe à Internet, aux gaz de schiste etc.) et des invités inattendus (le changement climatique, la peur du nucléaire, etc.) qui viennent bouleverser la donne et remettre en cause les positions les mieux établies et les scénarios les plus raisonnables. Alors, c’est vrai, les capacités de prévision des sciences humaines demeurent profondément limitées.
  2. « Disons-le clairement : la planification de l’homme sous prétexte de sciences humaines n’est pas seulement aberrante. C’est une escroquerie. Toute physique cesse d’être valable dès qu’un phénomène, un seul, la contredit. Les lois mises en évidence par les sciences humaines ne tiennent pas compte de l’exception. Toute société régie par elles est donc par essence totalitaire. Elle ignore les minorités. Or, nous sommes tous minoritaires par quelque bout, car tout homme est unique. Si nos contemporains sont moroses, c’est qu’ils rechignent à la moulinette. » (Chronique n° 162, La moulinette qui nous menace – La planification de l’homme sous prétexte de sciences humaines est une escroquerie, 10.06.2013).

    Une tentation constante de l’esprit humain est de créer une société idéale. De multiples auteurs au fil des temps ont proposé leur vision de la société idéale, de Rousseau à Proudhon et de Hobbes à Skinner (voir la chronique n° 151, Les poux, les enfants et le lion – Skinner, Walden II et Twin Oaks : une société régie par les lois de la science ? 29.04.2013), mais c’est Marx dont on a le plus vanté les solutions et tenté de les mettre en pratique de par le monde, avec l’insuccès que l’on sait et c’est sans doute à lui qu’Aimé Michel pense en premier lieu, à une époque où le marxisme jouissait encore en France d’un prestige considérable.

  3. L’idée que le futur n’est pas prévisible est développée dans la chronique n° 203, Impossible futurologie – Apprenons à maîtriser l’imprévu quand il se produit car le prévoir est chimérique (23.09.2013). « La maîtrise du futur, y lit-on en conclusion, c’est d’abord de savoir l’accueillir avec ses inconnues. Chaque fois que des prophètes ont voulu nous précalculer leurs imaginaires paradis, c’est de l’enfer qu’ils nous ont fait cadeau », ce qui rejoint le présent propos.

    L’idée qu’une catastrophe annoncée ne pourrait plus se produire est évidemment paradoxale. Ainsi si l’on se met à croire que la catastrophe climatique annoncée ne se produira pas, on ne prendra aucune mesure, ce qui ne manquera pas d’en hâter la venue. Pour que la catastrophe ne se produise pas il faut y croire ! Ce paradoxe a été bien compris par Jean-Pierre Dupuy : « Ma thèse, écrit-il, est qu’il nous faut vivre désormais les yeux fixés sur cet évènement impensable, l’auto-destruction de l’humanité, avec l’objectif non pas de le rendre impossible, ce qui serait contradictoire, mais d’en retarder l’échéance le plus possible. Nous sommes entrés dans l’ère du sursis. (…) Croyant que nous pouvons (…) éviter [la catastrophe future], nous ne croyons pas qu’elle nous menace. C’est ce sophisme que j’ai tenté de briser avec la méthode du “catastrophisme éclairé”. Le catastrophisme éclairé est une ruse qui consiste à faire comme si nous étions la victime d’un destin tout en en gardant à l’esprit que nous sommes la cause unique de ce qui nous arrive. » (La marque du sacré, Carnets Nord, Paris, 2008, pp. 62-63).

  4. Voir la chronique n° 330, Marthe Robin, ou la lumière du soir, mise en ligne la semaine dernière. L’état du monde en ce début de XXIe siècle, le tragique persistant de la condition humaine, l’incertitude de l’avenir nourrissent nos angoisses collectives. Mais Aimé Michel a raison de rappeler que notre ignorance du passé nous empêche de voir les progrès accomplis : « Notre époque nous donne une impression de crépuscule d’abord parce que, pour la première fois dans l’histoire, les hommes commencent à voir les choses telles qu’elles sont. Puissions-nous voir les temps passés pour nous rendre courage ! Pourquoi les historiens ne nous disent-ils pas notre chance de vivre en ce temps ? » (chronique n° 365, Étrange aujourd’hui qui aspire à l’innocence, reproduite dans La Clarté au cœur du labyrinthe, op. cit., pp. 390-393). Les malheurs du XVIIe siècle de saint Vincent de Paul, évoqués en note dans la chronique sur Marthe Robin, ceux du début du XVIIIe étudiés par Vauban et du XIXe par Villermé, en des temps où la France était un pays du Tiers Monde, atteignent des degrés d’horreur à peine concevables aujourd’hui et notre imagination est toujours aussi rétive à nous les représenter. Oui, nous ne savons pas assez « notre chance de vivre en ce temps ».
  5. L’Avènement, aussi nommé Parousie (du grec parousia qui signifie venue ou présence) désigne le retour de Christ à la fin des temps. Il est évoqué notamment dans les deux lettres de Paul aux Thessaloniciens et l’Apocalypse de Jean, ainsi que dans l’évangile de Matthieu où le discours de Jésus sur la fin des temps occupe les chapitres 24 et 25. Le chapitre 24 commence par cette annonce de Jésus alors qu’il sort du Temple de Jérusalem : « Vous voyez bien tout cela ? En vérité je vous le dis : il ne restera pas ici pierre sur pierre : tout sera détruit. » Les disciples alors lui demandent : « Dis-nous quand cela aura lieu, et quel sera le signe de ton Avènement et de la fin du monde ? ». Jésus répond par une vaste fresque, un drame dont les actes successifs sont : la ruine du Temple et la destruction de Jérusalem, des persécutions (« vous serez haïs de toutes les nations à cause de mon Nom »), l’apparition de faux Christs (« si l’on vous dit : Voici le Christ ! ou bien : le voilà ! n’en croyez rien. »), la proclamation de la bonne nouvelle (« cet Evangile du Royaume sera proclamé dans tout le monde habité »), des catastrophes cosmiques (« le ciel s’obscurcira, la lune ne donnera pas sa clarté, les astres tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées »), enfin le retour du Christ (« les tribus de la terre (…) verront le Fils de l’homme venir sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire ») et le jugement dernier (« Devant lui seront rassemblés toutes les nations, et il séparera les uns d’avec les autres, comme le berger sépare les brebis d’avec les boucs »).

    Les annonces de Jésus ont été prononcées en l’an 30 ou aux environs. Elles posent bien des questions et ont donné lieu à d’infinis commentaires. Contentons-nous ici d’en évoquer quelques-uns concernant la rédaction des Évangiles, la violence annoncée de l’histoire humaine et enfin la Parousie elle-même.

    Le premier acte, la ruine du Temple, s’est produit en 70 lors de la prise et de la destruction de Jérusalem par les troupes romaines de Titus. Quand donc surviendront les autres ? Le Christ se refuse à répondre : « En vérité je vous le dis : cette génération ne passera pas que tout cela ne soit arrivé. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne sauraient passer. Quant à ce jour et à cette heure, nul n’en sait rien, pas même les anges des cieux, pas même le Fils : il n’y a que le Père seul. » (Matthieu, 24, 34-36). Cette déclaration contradictoire en apparence (ainsi que celle de Paul qui écrit « nous les vivants qui serons encore là lors de l’Avènement du Seigneur ») et d’autres ont donné lieu à un débat que Claude Tresmontant résume ainsi : « Depuis le début du XIXe siècle au moins, nombre d’exégètes veulent absolument nous faire croire que le Rabbi tenait la fin du monde pour imminente, et toute la première génération chrétienne avec lui. Les notes que nous lisons ici [dans les chapitres 24 et 25 de Matthieu] ont été mises bout à bout, comme il est naturel. La question est de savoir à quelle question se rapporte chaque propos qui a été noté. » Pour Tresmontant, certains propos n’ont été ni notés ni conservés, d’autres « concernent la guerre qui vient, la prise et la destruction de Jérusalem. Certains propos concernent d’autres horizons, ultérieurs. » Il en tire une conclusion majeure : « Ici les propos du Rabbi nous sont traduits les uns à la suite des autres, sans que les divers horizons soient distingués, ce qui prouve que celui qui a fait la traduction n’était pas en mesure d’effectuer cette distinction des horizons. Si la traduction avait été faite après la prise et la destruction de Jérusalem, autour de 80 ou 90, le traducteur – ou si l’on préfère le rédacteur – aurait distingué les horizons : ce qui pour lui était du passé, et ce qui appartenait à l’avenir. » (Évangile de Matthieu, traduction et notes de Claude Tresmontant, 2e édition, F.-X. de Guibert, Paris, 1996, pp. 463 et 465). Il en conclut que cet évangile a été écrit avant l’an 70 contre la majorité des exégètes qui le date de la période 70-100…

    René Girard, professeur de littérature à l’université de Stanford, a fait des évènements qui précèdent l’Avènement (l’histoire du monde depuis 20 siècles et sa suite) une interprétation saisissante. Il place l’enseignement du Christ au centre de l’histoire car elle révèle les origines de la violence et les moyens d’y mettre fin. Bien qu’entièrement orienté vers la non-violence, le message du Christ devient « la cause directe mais involontaire, des divisions et des dissensions qu’[il] ne peut manquer de provoquer, en raison de l’incompréhension quasi universelle » (Des choses cachées depuis la fondation du monde, Grasset, 1978, p. 229). « L’essentiel, c’est de voir que la violence apocalyptique prédite par les Évangiles n’est pas divine. Cette violence, dans les Évangiles, est toujours rapportée aux hommes, jamais à Dieu. (…) C’est donc à une longue décomposition de la cité terrestre qu’on a affaire, aux affrontements chaotiques d’une humanité désemparée. »

    Revenons à la lecture d’Aimé Michel de cet Avènement annoncé qu’il tient pour « incompréhensible » parce qu’il « dépasse les rêveries de la raison ». Pour lui, le passé de l’univers, l’évolution de la vie, la longue histoire des hommes tels que décrits par la science et intégrés par la réflexion philosophique révèlent un monde en continuel changement où l’homme actuel n’est qu’un maillon. Ce qui se profile à l’horizon c’est l’homme transformé par lui-même au point de n’être plus un homme ; l’homme qui cesse d’être sans mourir, transformation qu’il qualifie ailleurs d’« apocalypse molle » (L’eugénisme ou l’apocalypse molle et La fin de l’histoire vue par un géologue) et ici de « métamorphose ». Celle-ci affectera son esprit, en séparant l’intelligence de la conscience (voir la chronique n° 19, L’histoire du gros ordinateur, 02.11.2009), au point qu’« au-delà de la métamorphose, toute réalité devient indicible » (indicible à l’homme actuel s’entend). Comme j’ai eu l’occasion de le signaler, cette métamorphose possède des points communs avec la « singularité » des post-humanistes matérialistes mais ne doit pas être confondue avec elle (voir les chroniques n° 91, La fin de la nature humaine ? – Un avenir impensable : l’homme va changer de nature et devenir un autre être, 26.09.2011, et n° 181, Des machines intelligentes – Ordinateurs intelligents de Turing et machines autoreproductrices de von Neumann, 19.08.2013). Ailleurs il écrit : « C’est un continent inexploré de nous-mêmes, le plus haut, qui sortira de notre ombre comme la crête des montagnes quand nous aurons dépouillé ce que le mystique auteur de l’Imitation appelle le Vieil Homme. Je ne dis pas que l’ordinateur est une voie spirituelle, non plus que la fourrure ! Mais qu’il nous a fallu dépouiller notre toison animale pour conquérir la terre et devenir Sapiens. Et que la machine est en train de nous soulager de la pensée servile, pour le bien ou le mal, mais pour une nouvelle montée vers l’esprit. » (Le sein ou l’œuf – Maintenant, la seule possible évolution de l’homme est son assomption vers l’Esprit, revue 3e Millénaire, ancienne série, n° 2, mai-juin 1982). Cela a-t-il un rapport avec l’Avènement ? Oui sans doute. Lequel exactement ? Voilà qui est trop demander. Cette ignorance ne serait-elle pas providentielle ?