L’ouverture d’esprit catholique - France Catholique
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L’ouverture d’esprit catholique

Traduit par Yves Avril

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Le philosophe britannique Roger Scruton a soutenu dans un article récent que, entraînée par son refus que la vérité existe et par une fausse notion de l’égalité, « l’université moderne n’a d’autre choix que de s’opposer à la culture occidentale ». Même au peu qu’il en reste. Une généralisation assez large pour admettre quelques exceptions, bien sûr, mais, pratiquement, assez proche de la simple vérité.

Pour les catholiques, cette vérité est dure à accepter. Certes, la culture « occidentale » n’est pas le catholicisme ou la culture catholique, mais elles sont si étroitement imbriquées que l’une ne peut pas entrer en crise sans de sérieuses conséquences sur l’autre. C’est l’une des profondes raisons pour lesquelles même les collèges et universités catholiques – à nouveau, avec quelques résistances notables – ne sont guère une alternative au déclin intellectuel général qui nous entoure.

Mais, si on ne veut pas passer son temps à pleurer, que faut-il faire ? La crise se prépare depuis longtemps et elle ne va pas s’inverser dans un proche avenir. Mais quelques-uns d’entre nous ont été engagés, presque depuis une décennie, à semer les semences d’un avenir réellement différent.

J’ai décrit ici il y a quelque temps les séminaires Fides et Ratio qui ont lieu chaque année sous les auspices de l’Institut Foi et Raison, institution proche de The Catholic Thing. Mais leur développement et leur succès continus méritent une attention renouvelée. Depuis l’été 2006, sous la direction du docteur Patrick Powers et Paul Jackson, nous avons réuni professeurs, personnels, administrateurs d’institutions catholiques d’enseignement supérieur (avec, occasionnellement, des personnes qui viennent d’ailleurs) pour des semaines intensives de lectures et de discussions ensemble, dans le but de nous reconnecter nous-mêmes et les uns les autres à la tradition catholique.

Le but ultérieur bien sûr est de galvaniser les gens qui veulent – ou ne veulent pas – continuer à renouveler les esprits, les coeurs et les âmes des étudiants sans qui justement, dans un très proche avenir, la vie de la pensée dans l’Eglise disparaîtra de notre paysage américain. Et, deo volente, en outre, de réformer, de l’intérieur, quelques institutions.

Cela, excepté des grâces spéciales spéciales et abondantes, est travail de longue haleine. Michel et Donald d’Amour, les généreux donateurs qui ont soutenu ces efforts pour la décennie précédente, l’ont toujours pratiquement reconnu. Comme nous. Scruton fait une comparaison brutale basée sur ses expériences en Europe de l’Est durant la guerre froide, « Quand les institutions sont incurablement corrompues, comme les universités étaient corrompues sous le communisme, nous devons prendre un nouveau départ. »

Que signifie prendre un nouveau départ ? Non pas tenter de rivaliser avec le tape à l’oeil des campus et le prestige des cours privés de haut niveau, mais revenir aux choses fondamentales, à la réalité. Nombre d’enseignants, d’étudiants – si vous prenez la peine de les regarder – désirent des espaces où l’on puisse contempler les vérités fondamentales, car cela est devenu difficile dans les institutions dont justement cette activité devrait être la matière de la vie quotidienne.

Quand nous avons commencé en 2006 au Kansas Benedictine College, nous ne savions pas bien où les choses iraient. Et en réalité, si elles devaient aller quelque part. C’était un unique séminaire avec quinze participants. Depuis, l’ensemble du projet a décollé vers de multiples et fécondes directions.

Plus de 400 professeurs et personnels de 85 institutions dans tout le pays (y compris de pays étrangers) ont suivi une ou plusieurs parties du programme. Nous avons tenu des séminaires dans différents lieux, du Thomas More College et de la Belmont Abbey à l’Est au St.Patrick’s Seminary à l’Ouest. Et entre l’Est et l’Ouest : Notre Dame, Wyoming Catholic College, St.John Vianney Seminary à Denver, entre autres.

Aujourd’hui, nous offrons l’été 5 ou 6 séminaires, soigneusement organisés pour avoir le plus grand impact possible. La voie habituelle est de commencer, sur deux ans, avec « les Pères de l’Eglise, les docteurs, et les papes ». Les participants étudient et discutent Athanase, Basile le Grand, Grégoire de Nysse, Augustin, Anselme, Bernard de Clairvaux, Albert le Grand, Bonaventure, Thomas d’Aquin, Dante, Thérèse d’Avila, François de Sales, John Henry Newman, Léon XIII, Jean-Paul II, Benoît XVI et entendent des conférences sur le chant grégorien, la polyphonie, la musique de la Renaissance, et sur l’art sacré (à travers une étude des anciennes basiliques).

Cette année nous offrons aussi pour la première fois un séminaire sur la philosophie politique américaine – non la pensée sociale du catholicisme (un dérivé d’une étude plus profonde), mais une introduction aux principes qui sont à la base de la pensée catholique et de son action sur la place publique américaine. Cette première étape couvre la période de la Guerre Civile ; l’an prochain, nous irons jusqu’aux temps présents.

Nous avons aussi développé deux séminaires orientés vers d’autres institutions, cruciales pour la création d’une culture catholique plus complète : l’un sur les vocations (au mariage et à la vie religieuse), et l’autre orienté vers les écoles secondaires.

Nombre de gens que je rencontre ces jours-ci se résignent au pire, disant que  l’Eglise se dirige vers des temps encore plus troublés et que notre riche tradition intellectuelle catholique se hâte vers sa mort, souvent du fait de gens qui devraient justement être ses champions.

Prions Dieu que ce ne soit pas le cas. Mais l’Eglise a survécu à plusieurs périodes de crise dans lesquelles s’est effondrée la culture environnante tandis que quelques monastères, des centres d’étude, des professeurs et des étudiants obstinément indépendants ont préservé ce qui peut être préservé – jusqu’à ce que des conditions plus favorables reviennent. Cela peut très bien être ce qui nous arrive de mieux aujourd’hui.

Deux notes additionnelles : l’Institut Foi et Raison organise aussi un séminaire d’été sur la Société Libre en République Slovaque (du 26 juin au 4 juillet cette année) pour les étudiants de premier cycle assez avancés et les étudiants diplômés et les jeunes professionnels. La date d’inscription approche. Si cela vous intéresse, cliquez sur l’annonce à la droite de cette colonne.

Et pour tout le monde : The Catholic Thing va bientôt annoncer un pèlerinage /voyage d’étude de dix jours, juste après le Synode d’octobre, dans lequel nous discuterons de ce qui a émergé pendant cet événement et nous visiterons différents sites culturels catholiques à Rome et en Italie centrale.

Le nombre de places est limité, donc prenez contact avec nous (info@frinstitute.org) si vous désirez recevoir l’information.

Beaucoup de graves défis nous entourent. Mais il aussi arrive beaucoup de choses si nous préservons, confirmons et reconstruisons notre foi. Ayez bon courage.

7 mai 2015

Photo : Donald et Michele D’Amour.

Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/05/07/the-opening-of-the-catholic-mind-2/