L'obsession euthanasique - France Catholique
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Saint Benoît, un patron pour l'Europe
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L’obsession euthanasique

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Dimanche, il y a donc eu cette belle Marche pour la vie, dont je n’ai pas pu parler hier matin. Mais le sujet me rattrape forcément, ne serait-ce que parce qu’il est inscrit dans l’agenda parlementaire. Il faut donc se battre, dénoncer la culture délétère qui se donne pour avant-gardiste. Et j’ai envie de dire à ce propos : en avant jeunesse ! Selon Libération, il y avait un bon tiers de jeunes à la manif de dimanche, et c’est bien dans l’élan de la révolution de fond qui, depuis la contestation de la loi Taubira, mobilise tous ceux qui ont décidé, pour reprendre le mot de Bernanos, qu’on ne les aurait pas vivants. Mais le combat pour une culture de vie ne date pas d’aujourd’hui. Il a accompagné tout le XXe siècle avec une obsession eugéniste, qui n’appartenait pas à la seule thématique nazie. Même un Alexis Carel, qui valait beaucoup mieux que cela et avait contribué à sauver des milliers de vies pendant la Première Guerre mondiale, n’en était pas indemne, pour avoir contracté la contagion dans le milieu médical et scientifique américain.

Il est vrai que ce sont les nazis qui ont été les plus conséquents dans leur démarche hygiéniste en initiant une pratique euthanasique, sur laquelle on observe souvent un très prudent silence. Le vocabulaire employé alors dans les documents officiels avait de curieuses résonances actuelles : on parlait de délivrance, d’interruption de vie, de mort miséricordieuse, d’aide à mourir ou encore d’euthanasie. Je cite les premières lignes de l’ouvrage de Götz Aly, Les anormaux, paru il y a quelques mois chez Flammarion, et dont on a peu parlé, alors qu’il livre des informations terrifiantes. Informations qui ont attendu très longtemps avant d’être livrées au public, parce que les historiens et les journalistes n’avaient nulle envie de s’y attarder.

On m’accusera sans doute de pratiquer l’amalgame. Non, je ne méconnais pas les différences qui existent entre les idéologies et entre les pratiques. Mais une culture de vie doit pleinement intégrer la généalogie d’une histoire où les critères de ce qui mérite de vivre ou de mourir ont été énoncés avec la plus cruelle assurance.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 27 janvier 2015.