L'humour corrézien persiste... - France Catholique
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Un pèlerinage aux racines de la foi
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L’humour corrézien persiste…

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On se souvient de Jacques Chirac, il y a tout juste deux ans, en juin 2011, visitant le musée du Président à Sarrant en Corrèze en compagnie de François Hollande, dire à celui-ci : « Si vous vous présentez à l’élection présidentielle, je voterai pour vous » et, devant la manifeste incrédulité de celui-ci, réitérer sa déclaration en proclamant haut et fort : « Je voterai Hollande ! » Les proches de l’ancien Président, très gênés par cette prise de position, avaient alors préféré esquiver en mettant ces propos sur le compte de « l’humour corrézien ».

Pourtant, Jacques Chirac n’en était pas à son coup d’essai en matière d’alliance improbable. En 1981, après son échec au premier tour de l’élection présidentielle, il n’avait pas donné de consigne de vote pour le second tour, même s’il avait indiqué qu’à titre personnel il voterait Valéry Giscard d’Estaing. Le Président sortant avait néanmoins été déstabilisé et nul doute que François Mitterrand en avait tiré le meilleur profit pour son élection à la magistrature suprême.

Deux septennats plus tard, en 1995, François Mitterrand n’avait manifestement pas oublié ce geste. Peu enclin à soutenir l’austère et ancien trotskiste Lionel Jospin, il a appuyé discrètement son ancien adversaire, favorisant ainsi son élection. On se souvient, à l’issue du scrutin, des deux hommes présidant conjointement avec leurs épouses les cérémonies du 8-Mai dans un climat détendu attribué à la tradition « républicaine ». Ce dont on se souvient moins, c’est que l’homme qui avait été à la manœuvre pour ce rapprochement n’était autre que Pierre Bergé.

On ne sait pas finalement pour qui a voté Jacques Chirac en 2012, celui-ci ayant donné procuration à son épouse, la très sarkozyste Bernadette Chirac. Mais, comme l’a clairement montré une récente fiction diffusée sur la chaîne France 2, il n’y a pas de doute sur son inclination profonde. L’ancien président est sans doute plus le disciple d’Henri Queuille, le député radical-socialiste de la Corrèze plusieurs fois ministre sous la IVe République, considéré comme un sage en politique, que du Général de Gaulle. D’autres ont été moins discrets, tels les proches de Dominique de Villepin, ancien Premier ministre de Jacques Chirac, qui n’ont pas hésité, à l’instar de Brigitte Girardin, secrétaire générale de République solidaire, à appeler à voter dès le premier tour pour François Hollande.

Dès lors, il semble bien que le balancier soit reparti dans l’autre sens comme le montre le débat, ou plutôt l’absence de débat, autour du mariage et de l’adoption par les personnes homosexuelles, défendu avec virulence par Pierre Bergé. Sans que l’on puisse être, faute de preuve, totalement affirmatif, il est néanmoins des faits troublants qu’on ne peut manquer de faire remarquer.

Les 700 000 pétitions déposées par les opposants à la réforme auprès du Conseil économique, social et environnemental ont été écartées par son président, le très chiraquien Jean-Paul Delevoye, d’ordinaire pourtant plus modéré et aux analyses sur l’état de la société française plus pertinentes. De même, le Conseil constitutionnel, instance finalement plus politique que juridictionnelle, présidé par le non moins chiraquien Jean-Louis Debré, n’a rien trouvé à redire, pas même pour un alinéa d’un article, sur la loi votée par le Parlement.

L’humour corrézien persiste. Pas sûr qu’il fasse toujours autant sourire.