L’Evangile selon le cardinal Marx - France Catholique

L’Evangile selon le cardinal Marx

L’Evangile selon le cardinal Marx

Copier le lien

Le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich et de Freising, dans un récent interview avec le magazine “America”, s’est joint à la campagne du Cardinal Walter Kasper pour changer la discipline de l’Eglise, soutenant que l’Eglise doit trouver un moyen de donner la sainte communion aux adultères divorcés remariés (Nota Bene : il n’a pas utilisé ce terme descriptif)
Le Cardinal Marx déclare :

Je suis prêtre depuis 35 ans. Ce problème n’est pas nouveau. J’ai l’impression que nous avons beaucoup de travail à faire dans le domaine théologique, non seulement en ce qui concerne la question du divorce, mais aussi de la théologie du mariage. Je suis stupéfait que certains puissent dire : « Tout est clair » sur ce sujet. Les choses ne sont pas claires. Il ne s’agit pas de conformer la doctrine de l’Eglise aux temps modernes. C’est une question d’  « aggiornamento » pour le dire de manière à être compris par tout le monde. Il faut toujours adapter notre doctrine à l’Evangile, à la théologie, de manière à comprendre de manière nouvelle ce que Jésus a dit, le sens de la tradition de l’Eglise, de la théologie, et cetera…

Analysons ceci : L’enseignement de l’Eglise sur le mariage est en fait clair. Revoyez le magnifique enseignement du magistère de Saint Jean Paul II, le « Code de la loi canonique », et le catéchisme de l’Eglise catholique. En fait, c’est tellement clair que les gens qui ne l’aiment pas ne prétendent pas que c’est incertain ou obscur. Ils prétendent plutôt que c’est une mauvaise interprétation de l’enseignement de Jésus.

La « stupéfaction » du cardinal Marx est une technique classique de débat. Prétendre que la doctrine n’est pas « claire ». Donc, il faut en découvrir le vrai sens avant de décider de la manière correcte de l’appliquer. Cela implique que personne ne devrait tenter de défendre quelque chose qu’il n’a pas correctement compris.

Dans cette perspective, celui qui déclare que la chose est claire se montre ignorant, ou pire, obstinément aveugle sur le vrai état des choses. De tels hommes d’Eglise ne participent pas bien à l’effort commun pour découvrir le sens précis et complet de ce que l’on ignore encore. Cet effort, bien sûr, est une occasion en or de changer l’enseignement de l’Eglise.

L’affirmation selon laquelle nous devons « toujours adapter notre doctrine à l’Evangile » est déconcertante, étant donné que l’Eglise enseigne déjà les vérités de l’Evangile distillées en des propositions claires et compréhensibles. Marx nous appelle à « trouver un sens nouveau à ce que Jésus a dit ». Qu’est-ce que cela pourrait bien être après près de 2000 ans : « Quiconque renvoie sa femme et en épouse une autre commet l’adultère avec elle ». (Marc X 11)
Le sens en est irréfutable. La seule approche nouvelle possible est d’affirmer que les mots ne veulent pas dire ce qu’ils veulent dire, c’est-à-dire que l’adultère n’est plus toujours un adultère, et la cohabitation avec quelqu’un avec qui l’on n’est pas marié, un péché mortel. Ici le principe de non contradiction est rejeté et avec lui la structure entière de la pensée et du discours rationnels.

Le Cardinal Marx en vient à faire une remarque.

Il demande : «  Que pouvons-nous faire quand une personne se marie, divorce , et plus tard trouve un nouveau partenaire ? Il y a différentes positions. Certains évêques au Synode ont dit : ‘ils vivent dans le péché’. Mais d’autres ont dit : ‘on ne peut pas dire que quelqu’un vit dans le péché tous les jours. Ce n’est pas possible.’ Vous voyez, il y a des questions dont nous devons parler ». Le fait que certains Pères du Synode aient apparemment rejeté les paroles du Seigneur ne stupéfie pas le cardinal Marx. Il le prend plutôt comme une invitation à faire le procès de l’enseignement de l’Eglise sur le mariage. Le verdict qui a sa préférence est évident : un second mariage adultère n’est pas adultère per se, ni péché mortel, et en conséquence il n’y a pas d’obstacle à recevoir la sainte communion.

Le cardinal Marx continue en déclarant illégitimes les efforts contraires de certains pères du Synode. Ils ne devraient pas chercher à en faire une polémique, mais plutôt à accepter une sorte de compromis : « Il est très important qu’au Synode ne règne pas l’esprit du ‘tout ou rien’. Ce n’est pas la bonne manière. Le synode ne peut pas avoir des gagnants et des perdants. Ce n’est pas l’esprit du Synode. L’esprit du synode est de trouver un moyen ensemble… »

Ses principes et sa conclusion sont évidemment faux. C’est toujours le devoir des évêques catholiques de défendre et de mettre en avant l’enseignement de l’Eglise, chaque fois que, et partout où c’est nécessaire pour le bien des âmes. Le cardinal Marx proclame le contraire : Si vous voulez être un bon père du Synode, plutôt que de combattre, trouvez un compromis avec vos adversaires. Après tout, personne n’oserait essayer d’imposer son avis à un synode.

Quel espèce de compromis ? «  Dans l’esprit d’Evangelii Gaudium, nous devons voir comment l’eucharistie est un moyen de soigner et d’aider les gens…nous devons faire travailler notre imagination et nous demander ‘Pouvons-nous faire quelque chose ?’ Peut-être que dans certaines situations, ce n’est pas possible. La question n’est pas là. Nous devons nous concentrer sur l’accueil des gens. »

Les vues du cardinal Marx sont claires. Il considère que la discipline ordinaire de l’Eglise n’est pas charitable, puisqu’elle exclue les gens de l’Eglise et de la vie de Foi. C’est une erreur. Les gens en état de péché mortel sont toujours tout à fait dans l’Eglise. Leur incapacité à recevoir la sainte communion, et la discipline canonique qui l’interdit ne pourrait être considéré comme une exclusion que si le fait de recevoir la sainte communion, acte public, était une condition nécessaire pour faire partie de l’Eglise. L’Eglise n’a jamais enseigné cela.

L’Eglise enseigne que le fait de communier alors qu’on sait qu’on n’y a pas droit, par une décision délibérée est un acte sacrilège. La mission de l’Eglise comporte nécessairement l’enseignement (conformément au droit canon) que quiconque est en état de péché mortel ne doit pas recevoir ni se voir donner la sainte communion pour éviter d’offenser le Seigneur, et d’éviter d’être un grave objet de scandale qui pourrait en entraîner d’autres à faire le même péché de sacrilège.

Cette troublante interview du Cardinal Murray est un avertissement.
Nous ne pouvons pas affirmer que l’enseignement et la discipline de l‘Eglise seront correctement maintenus au synode sur la famille à Rome en Octobre.

Traduction de The Gospel according to Cardinal Marx