L'Église dans sa Semaine sainte - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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L’Église dans sa Semaine sainte

La Semaine sainte qui s'est ouverte hier, avec le dimanche des Rameaux correspond pour l'Église de France à une redoutable épreuve. Quelle relation exacte établir entre cette épreuve et le mystère de la Passion du Seigneur ?
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L’Église de France, en pleine tourmente, est entrée dans la Semaine sainte. C’est peut-être pour elle l’invitation à vivre son épreuve, dans la méditation et peut-être même la confrontation avec le mystère douloureux, dont elle a, en quelque sorte, la garde. Bien sûr, on peut entendre cela de diverses façons. Devrait-elle se montrer pénitente, écrasée par le fardeau dont elle est chargée, et que beaucoup désireraient qu’il l’anéantisse ? Mais l’esprit de pénitence et la démarche de conversion ne sauraient non plus effacer ce que dans l’ancienne tradition on appelait la parrhèsia, c’est-à-dire la fierté de la foi. Le lynchage dont elle est souvent indistinctement l’objet ne saurait être subi, dans la suspension du jugement, dans l’oubli du discernement. Pour donner un simple exemple : il n’est pas question d’accepter l’opprobre que certains veulent jeter, en ce moment, sur le cardinal Philippe Barbarin. Ce ne serait pas seulement injuste, ce serait une grave offense à la vérité et un déni du respect que l’on doit à un ministre du Christ, qui n’a cessé de faire briller son message.

Le discernement doit s’appliquer à chercher les vraies responsabilités, sans tendre à désigner un bouc émissaire, chargé de toutes les fautes, alors que c’est notre société entière qui est affectée par un mal qui atteint les institutions les plus diverses. Quand le Christ interroge ceux qui veulent lapider la femme adultère, les accusateurs se dérobent, parce qu’ils n’ont pas vraiment la conscience en paix. J’ai parfois l’impression que certains des plus violents de nos lyncheurs pourraient aussi baisser de ton si on leur rappelait un certain passé.

Mais en même temps, il est vrai que la Semaine sainte contraint les chrétiens à s’interroger sur le péché du monde qui écrase le Christ, ce péché qu’il a pris volontairement sur lui seul, dans le passage indicible de la Passion. Isaïe l’avait annoncé : c’est nos péchés qu’il portait. L’Église n’est pas épargnée par des maux terribles qui la défigurent et plus qu’aucune institution elle en a le plus brûlant regret, ne devant aspirer qu’à être la seule Église des saints. Puisse cette grande semaine de l’année être celle de notre plus profond désir de conversion.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 21 mars 2016.