Joséphine Baker au Panthéon ? - France Catholique
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Joséphine Baker au Panthéon ?

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J’ai déjà expliqué ici-même que j’avais un énorme problème avec le Panthéon. Certes, je n’oblige personne à partager mon genre de goût ou de phobie. Des personnes très estimables sont d’un avis différent du mien, et je les vois disserter avec beaucoup de flamme sur les futures promotions d’illustres défunts éventuellement appelés à peupler la crypte de la nécropole nationale.

Tout un bataillon féministe se débat pour promouvoir quelques figures emblématiques de la cause. Je ne suis pas sûr du tout que lesdites figures, interrogées de leur vivant sur leur possible panthéonisation auraient manifesté de l’enthousiasme ou même simplement admis le transfert de leur dépouille dans l’édifice de Soufflot. Rappelons tout de même que celui-ci n’avait pas construit une nécropole républicaine, mais une église dédiée à sainte Geneviève, patronne de Paris.

Ma prévention à l’égard du Panthéon date de ma première visite qui me glaça littéralement, au spectacle de cette parodie de liturgie mise en scène dans l’esprit de la Convention. Mais celui qui me confirma définitivement dans mon allergie spontanée fut l’écrivain Philippe Muray, qui a consacré au monument une centaine de pages assassines dans son superbe essai sur le XIXe siècle. Pour lui, le Panthéon est le temple de l’antireligion, des fantômes et de l’occultisme. Mon ami Régis Debray, qui a probablement lu Muray, est d’avis que l’intrusion de Joséphine Baker pourrait « mettre un peu de turbulence et de soleil dans cette crypte froide et tristement guindée ». L’idée est intéressante. Elle ne me convainc pas vraiment. Je crains que la chère Joséphine ne soit un peu esseulée dans une telle austérité, et le style de fête qui conviendrait pour l’accueillir jurerait par trop avec le rituel des lieux. Je passe sur d’autres propositions, celle par exemple de l’historienne Mona Ozouf, qui, plus classique, voudrait honorer trois figures de la Résistance. En pareil cas, je les saluerai sans nul doute avec beaucoup de respect, en oubliant, un court instant, mon allergie.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 18 décembre 2013.