JEÛNER POUR L'AVENT - France Catholique
Edit Template
L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
Edit Template

JEÛNER POUR L’AVENT

Copier le lien

Noël est là. C’est ce que voudraient nous faire croire les galeries marchandes, et les chaînes de radio. l’Avent, la saison de la préparation spirituelle à la naissance du Christ, a depuis longtemps été absorbée par les scintillements de la « saison des vacances », qui atteint son paroxysme non pas à l’Epiphanie du Seigneur, le 6 janvier, mais à l’Epiphanie du nouvel an. Il est peu probable que le Noël de la consommation, déploré par les croyants depuis des années, relâche son emprise à court terme.

Mais il y a quelque chose que, en tant que croyants, nous pouvons faire à la fois pour nous préparer à Noël, et pour lutter contre le courant du siècle. C’est une pratique plus ancienne que Noël lui-même, une observance obligatoire dans les siècles passés, et une discipline recommandée par le Seigneur lui-même : Nous pouvons jeûner pendant l’Avent.

Jeûner est une forme de pénitence, qui au premier regard semble étrangère à la période de l’espérance. Cependant c’est le besoin et l’action de la pénitence qui nous prépare à la venue du Sauveur, qui est venu pour nous sauver de nos péchés. Et Il ne nous sauvera pas sauf si nous nous repentons d’abord – la reconnaissance de nos péchés et le besoin d’être pardonné – et ensuite que nous manifestions notre repentance par des actes de pénitence : prière, jeûne et charité.

La prière et le jeûne sont encore à juste titre associés à Noël, la saison des cadeaux. Mais le jeûne en décembre est une pratique que les fidèles étaient encouragés à pratiquer à une certaine époque, ainsi que le démontre les sermons du Pape Léon le Grand (440 – 461).

Un certain mois de décembre, le Pape Leon proclamât « Qu’est ce qui plus efficace que le jeûne par lequel nous approchons Dieu et, résistant au Démon, nous surmontons nos vices habituels. Car le jeûne a toujours été la nourriture des vertus : les pensées chastes, les désirs raisonnables, et les réflexions plus saines profitent du jeûne. Et par ces sacrifices volontaires, la chair meurt à la concupiscence et notre esprit est renouvelé pour une excellence morale ».

Le jeûne, en nous privant de biens matériels, aiguise nos efforts à combattre le péché et à agir charitablement. Mais nous voyons à travers les exhortations du Pape Léon que le jeûne, et l’esprit qui l’accompagne, loin de transformer l’Avent en un Carême de plus courte durée, nous aide à résister à la tentation de réduire l’Avent à une frénésie d’achat. Du jeûne nous recevons la grâce de contempler la Crèche plutôt que les étalages chics, les bergers plutôt que les mannequins, les mages plutôt que les grands magasins.

Bien entendu, combattre le péché n’est jamais hors saison, et les lectures de la messe du dimanche pour la première moitié de l’Avent pointent dans cette direction. Le premier dimanche de l’Avent n’est pas consacré à l’avènement de Bethléhem, mais à la fin du monde lorsque le Christ reviendra comme notre Juge : « Prenez garde, soyez vigilants, veillez et priez; car vous ne savez pas quand viendra le moment. » (Marc 13:33). Le second dimanche introduit Saint Jean Baptiste, le chemin vers la Nativité, qui nous demande de préparer nos coeurs pour le Seigneur en acceptant « un baptême de conversion pour la rémission des péchés (Marc 1:4) ». Pour le Baptiste il n’y a pas de Noël sans pénitence antérieure.

Le jeûne produit en nous un effet supplémentaire qui est rarement évoqué, et qui met en avant l’essence de l’Avent : le désir. Quand nous jeûnons, notre corps réclame ce que nous lui avons refusé volontairement, que ce soit de la nourriture, du confort, du divertissement ou d’autres biens. Au lieu de répondre avec complaisance, nous pouvons répondre avec la prière : «  Seigneur hâtez-vous pour ce Noël de remplir le vide qui est en moi, car je sais que Vous seul pouvez satisfaire pleinement les aspirations de mon âme. » Avec un estomac vide et un coeur attentif, la vieille prière d’Israel – Oh viens, Oh viens Emmanuel – résonne avec une nouvelle émotion et une nouvelle vigueur.

Le Noël commercial voudrait nous faire croire que nos attentes peuvent être rassasiées par les cadeaux les plus actuels et les tendances de la mode. Mais les inconforts du jeûne nous rappellent que la satisfaction provenant des biens matériels est éphémère; seul Dieu, source et finalité de toutes les aspirations normales, peut vraiment satisfaire. Par conséquent le jeûne peut nous fortifier pour accomplir les préparations matérielles nécessaires pour Noël – les achats, la pâtisserie, la décoration, l’envoi des cartes, la réalisation des paquets, la cuisine – dans un esprit qui regarde au delà de tout le tralala vers leur but final : la grande célébration de Dieu venant vivre parmi nous. On peut même rappeler aux enfants, bouillonnants d’excitation pour les cadeaux et visites à venir, le véritable Cadeau qui arrive à Noël en les encourageant à faire un petit sacrifice durant l’Avent.

Dans le même sermon, le Pape Léon ajoute que « puisque le salut de nos âmes n’est pas uniquement apporté par le jeûne, ajoutons lui des oeuvres de charité aux pauvres,… de façon à ce que celui qui, par son juste labeur, offre un sacrifice de piété à Dieu, auteur de tout bien, puisse mériter de recevoir par leur intermédiaire la récompense du Royaume Eternel. » Puisque, en cet Avent, nous ajoutons le jeûne à nos prières et à notre charité, puissions-nous aussi mériter de recevoir la même récompense, trouvée non pas dans les magasins ou dans des catalogues, mais plus loin dans la Crèche.


David G. Bonagura, Jr. enseigne au séminaire St Joseph’s, à New York

http://www.thecatholicthing.org/2014/11/30/fasting-for-advent/

Tableau : rencontre du pape Léon et d’Attila, par Francesco Solimena, vers 1720.