Fraternité chrétienne. - France Catholique

Fraternité chrétienne.

Fraternité chrétienne.

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En 1960, un professeur de théologie quasi-inconnu publiait The meaning of Christian brotherhood (« Fraternité chrétienne »). Son explication: « Ensemble les chrétiens forment un maillon au sein de leur « ethos » (communauté), ils sont (ou devraient être) soudés par un esprit d’amour fraternel…» « Ainsi donc, tant que nous en avons l’occasion, pratiquons le bien à l’égard de tous et surtout de nos frères dans la foi.» (Ga, 6:10). L’auteur : Joseph Ratzinger, maintenant Pape émérite Benoît XVI.

Que je sache, « la pratique du bien à l’égard de tous » selon l’Écriture est terriblement rare. La solidarité implicite dans l’image de la maisonnée est encore plus rare, alors que nous prions en ce sens lors de chaque messe. La prière routinière pour ce que nous ne mettons guère en pratique n’est-elle pas hypocrite ?

Cette vérité catholique essentielle et fondamentale (qui changerait la face de l’Église d’Amérique si on la pratiquait) a été considérablement balayée de l’enseignement catholique dans les pays où les rapports sociaux sont fondés sur le concept arbitraire des relations inspirées par le Siècle des Lumières.
À cette époque, on faisait partie du groupe pourvu qu’on approuve et soutienne les idées de l’élite. Thèse familière? De tels groupes étaient supposés remplacer l’Église tout comme la philosophie publiée par l’Encyclopédie (élaborée par les membres de l’élite) était destinée à se substituer à l’enseignement de l’Église et des Écritures.

Pour Ratzinger, en contraste avec l’avènement du christianisme : « la suppression de barrières qui semblaient insurmontables fait essentiellement partie du renouveau du christianisme.»

En aviez-vous entendu parler? Pas moi. Pourtant çà se trouve dans les Écritures. Avez-vous vu renverser des barrières? Pour moi, quelques très vagues lueurs. Pas de divisions, de paralysie, au sein des paroisses sur des questions majeures telles que la signification du Christ et donc la signification de l’humanité — quel concept !

Nous nous entraidons dans la paroisse afin que nul n’ait faim avant d’aller dormir. Ce qui implique de surmonter les obstacles à la communication, et de communiquer dans la pratique.

Alors, dans les établissements universitaires sous autorité catholique, la fraternité chrétienne est une fraternité de vérité — un sujet soulevé dans la Constitution « Ex Corde Ecclesiae ». Si les présidents d’Universités catholiques ne comprennent pas cette Constitution, ils feraient mieux de démissionner.
Ce sont les Conseils d’administration qui devraient l’exiger, parce qu’ils sont chargés de préserver le catholicisme de leurs institutions. Ou bien les administrateurs incapables d’accomplir cette partie de leur mission ne devraient-ils pas eux-mêmes démissionner? Il n’y a en Amérique presque aucune université catholique mettant « Ex Corde »en application dans tout leur domaine académique. Les Lumières sont toujours dominantes.

L’abdication de responsabilité pour la communauté chrétienne aux États-Unis découle immédiatement de la fascination qu’exerce l’idée des Lumières de confier le gouvernement aux élites. Cette notion semble devoir se substituer à toute autre compréhension de la communauté, y-compris la révélation divine du Créateur du genre humain.

Dans le même esprit, la fraternité chrétienne implique le principe de subsidiarité car la communauté chrétienne est faite d’humains soucieux d’autres humains et non d’organismes gouvernementaux impersonnels allouant de l’argent ou des aides — et prétendant contrôler bien des choses en échange de ces allocations.

On voit bien que l’idée de fraternité chrétienne n’est pas « politiquement correcte » quand on dit qu’ « elle est fondée sur l’idée d’une communauté intimement fraternelle.» (Ratzinger). Et ceci parce que « Jésus lui-même n’a pas cité tout le monde comme ses frères et sœurs mais seulement ceux qui se disaient un avec Lui dans leur adhésion à la volonté du Père.» (Ratzinger).
Nous voici à l’opposé de l’idéal irréalisable des Lumières, une fraternité définie par l’élite. Irréalisable car fondé sur un concept tristement rabaissé de la fraternité, fraternité d’individus et non de personnes, les individus étant soumis à la collectivité comme dans le marxisme.

Je suis sidéré de voir des catholiques américains (y-compris des membres du clergé) se tourner vers la parodie de communauté issue du Siècle des Lumières et non vers la communauté chrétienne, car « Jésus a prédit à ses disciples l’effondrement et l’échec de toute fraternité terrestre et de l’amour familial.» (Ratzinger).

On trouve chez John Le Carré une explication partielle avec ce qu’il a appelé « la croyance en un progrès individuel ». La plupart des immigrants déclarent qu’existe toujours le mythe d’une culture U.S., la dernière forme d’espoir encore vivace de par le monde !

Et, comme toujours, nous sommes confrontés au péché. Mais en général nous sommes face à des gens qui n’ont jamais entendu parler de chrétienté comme alternative — et pourtant la meilleure — à la libre-pensée des Lumières. Si seulement il y avait quelqu’un pensant que c’est son devoir de le leur faire savoir.

Enfin, devant cette situation, Ratzinger déclare : « l’Eucharistie doit redevenir visiblement le sacrement de la fraternité afin de pouvoir réaliser pleinement sa tâche d’unification de la communauté.» Puis il explque : « c’est une avancée sacramentale, mais également éthique… croyant que nous sommes tous devenus hommes nouveaux en Jésus-Christ nous serons incités à abandonner les tendances individualistes de nos egos et à croire à la fusion humaine dans la communauté de l’homme nouveau Jésus-Christ.»
Y a-t-il encore quelqu’un pour comprendre — ou pratiquer — l’enseignement de l’Église et des Écritures

Photo : Joseph Ratzinger, dans les années 1960.

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/christian-brotherhood.html