Don Camillo censuré - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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Don Camillo censuré

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On n’a pas tellement l’occasion de sourire en ce moment. Raison de plus pour ne pas bouder son plaisir avec l’affaire de l’affiche pour le denier du culte du diocèse de Gap. Cette affiche a été, en effet, interdite, parce que l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité n’a pas du tout apprécié sa charge humoristique, pourtant bien innocente : « Votez Jésus-Christ, le seul qui n’a jamais changé de programme. » L’affiche est illustrée par un dessin représentant Fernandel dans son personnage inoubliable de Don Camillo, avec une bulle lui faisant dire : « Seigneur, combien de voix allez vous obtenir cette année pour le denier ? » Le dessinateur aurait pu adjoindre à Don Camillo son partenaire inséparable, Peppone, le maire communiste, interprété par l’excellent Gino Cervi. La charge aurait été un peu plus corsée.

Mgr Jean-Michel Di Falco a annoncé l’interdiction de son affiche, qui serait de nature à tourner en dérision les politiques. Le grief est bien étrange. Autant interdire à tous les caricaturistes de France et de Navarre de brocarder quotidiennement nos politiques et envoyer à l’agence nationale pour l’emploi l’abondante bande d’amuseurs qui sévissent sur nos radios et télévisions. L’évêque de Gap a bien eu raison de passer outre à l’interdiction, en déclarant : « On verra si on a des problèmes et on fera face ! » Mais l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité s’est aussi justifiée par des arguments techniques, en relevant l’absence « d’autorisation préalable des ayants-droit de Fernandel pour l’utilisation d’une référence à Don Camillo ».

Que vaut l’argument en termes juridiques ? Je n’en sais strictement rien. Mais il m’étonne quand même. C’est aussi un procédé habituel des caricaturistes de détourner le sens des images, à partir de figures familières à l’imaginaire collectif. Il est encore reproché à l’affiche d’utiliser les couleurs tricolores, celles de la République. Comme si ce n’était pas d’usage commun ! Il reste à espérer que l’humour le plus débonnaire reprendra ses droits et qu’on pourra sourire au souvenir de Don Camillo, non sans méditer quand même sur le programme inchangé, qui n’est autre que celui des Béatitudes.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 14 mars 2017.