Des lendemains qui ne chantent pas - France Catholique
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Des lendemains qui ne chantent pas

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Le bras de fer engagé par la CGT contre la loi El Khomri n’est pas une première dans notre histoire récente. Alain Juppé, qui est aujourd’hui en tête des sondages, en sait quelque chose pour avoir affronté comme Premier ministre un mouvement social d’une ampleur considérable. C’était en novembre et décembre 1995, et il s’agissait alors de mettre en échec son plan de réforme de la Sécurité sociale. Déjà le débat public tournait autour de la nécessité de réformes fondamentales pour permettre au pays d’affronter la concurrence internationale et de réduire ses déficits. Mais ce plan Juppé apparaissait comme un démenti formel aux promesses du candidat Jacques Chirac, qui avait mené sa campagne présidentielle sur le thème de la fracture sociale. Le gouvernement dut céder face à l’ampleur des manifestations de rue, en dépit du soutien de la CFDT.

Dans la conjoncture actuelle, le Président Hollande et le Premier ministre Valls affirment leur volonté de ne pas céder sur une loi qui paraît comme l’enjeu fondamental de cette fin de quinquennat. Même au prix d’une désarticulation de la gauche. Même si la détermination du pouvoir permet un passage en force, les dégâts du conflit seront considérables, d’autant que la loi El Khomri ne bénéficie pas du soutien de l’opinion publique. Ce n’est pas seulement un problème pour la gauche, c’en est un de redoutable pour la droite. Imaginons Alain Juppé élu président de la République, il est vraisemblable qu’au lendemain de son élection, s’il est fidèle à son programme, il se heurtera à une opposition syndicale d’une égale vigueur, du côté de la CGT et de FO.

L’éditorial du Figaro d’hier le soulignait de façon provocante : « Le projet des candidats Républicains est à la loi travail ce que les plus hauts sommets du Népal sont au Roc’h Trevelez, point culminant de la Bretagne (384 m). » Et Paul-Henri du Limbert de presser la droite d’agir sans faiblir et dans les plus brefs délais. Quoi qu’on pense du fond de l’affaire, qu’on soit libéral ou pas, la rupture que représente l’adaptation de notre économie aux critères de la mondialisation est d’ordre civilisationnel. Elle ne se fera pas sans affrontements et elle risque d’accuser encore plus l’évolution actuelle vers de nouvelles configurations idéologiques, comme un peu partout en Europe.

Chronique diffusée Sur Radio Notre-Dame le 26 mai 2016.