Des confitures pour les cochons - France Catholique
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Padre Pio, ses photos inédites
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Des confitures pour les cochons

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Lors des dernières JMJ à Rio de Janeiro le Saint-Père François a encouragé la jeunesse catholique « à se répandre dans le monde entier, et à le bouleverser ! ». Il a dit son intention de secouer l’Église, de « faire bouger les choses ». Évidemment, il veut déclencher ce remue-ménage en proclamant sans déviances l’Évangile de Jésus Christ. La révolution à laquelle le pape appelle est une révolution spirituelle, un mouvement culturel contre le matérialisme et l’athéisme actuels. Malheureusement, ce pontificat vibrant se heurte déjà à des difficultés. Et je voudrais mettre un peu les pieds dans le plat en suggérant que ce n’est peut-être pas la façon la plus efficace d’aborder le monde qu’avoir sans cesse des échanges au pied levé avec les médias. Suivre la méthode ”Benoît XVI” ? À voir ci-dessous. Par exemple, pendant le vol de retour, le pape a eu une longue conversation avec les journalistes, au cours de laquelle il a brièvement évoqué sa position sur l’homosexualité et les prêtres homosexuels. Dans ses déclarations, il n’y avait pas la moindre différence avec ce qu’en avaient dit ses prédécesseurs. Il faisait la nette distinction entre l’orientation et l’acte homosexuel, il parlait de confession et de repentir, et réitéra la position de l’Église, que les homosexuels ne doivent pas être rejetés en raison de leur orientation sexuelle. Là, rien de révolutionnaire. Mais la presse a fait son choix, et n’a retenu qu’un mot : « Qui suis-je pour les juger ? ». Dans le contexte de cet entretien comme de toutes les autres déclarations du pape il n’y a rien de nouveau ni de surprenant. Pourtant, la plupart de la presse, surtout aux USA, a préféré interpréter cette phrase non pas dans le large contexte des commentaires du pape, mais selon les tendances actuelles « anti-jugement » et le relativisme moral de notre société. Dans le monde actuel, « ne pas juger les gens » se traduit par « ne pas juger leurs actes » et la presse a présenté ceci comme une approche de l’Église pour réexaminer sa condamnation morale des relations et actes homosexuels. Peu importe ce qu’a dit le pape avant ou après cette phrase, la presse a décidé de le présenter comme ouvrant la porte à une nouvelle attitude morale. C’est bien là maintenant le danger de ces entretiens impromptus. La presse ne retient que des éléments frappants et propices aux controverses. Des sujets aussi complexes que l’homosexualité et les homosexuels dans le clergé ne peuvent être traités ainsi avec les « farfouilleurs » des médias, sans mises au point permanentes pour corriger les interprétations viciées et le sensationnalisme journalistique. La presse n’éprouve aucune espèce d’intérêt pour l’Église ou sa mission, mais uniquement pour les scandales et chicaneries sur les sujets de culture contemporaine, et comment en trouver dans l’Église. Nul, parmi ceux qui ont suivi le pape et saisi la profondeur de sa foi, et le poids de l’enseignement de l’Église et de la tradition dans sa vision des ces sujets brûlants, ne saurait imaginer qu’il envisage vraiment un quelconque changement substantiel. Mais la plupart de ces journaleux n’ont rien à faire de l’Église et ignorent tout de la nature contraignante de son enseignement sur les questions sexuelles, et la position irrévocable sur des questions telles que l’ordination des femmes. Déclarant au cours de cette conversation que l’ordination des femmes était définitivement exclue, le pape voulait bien dire absolument exclue. Mais ils ne comprennent pas le sens des mots « définitivement » ou « absolument ». Ils ne savent pas s’abstenir d’insister dans l’espoir de voir paraître des changements. Quand le pape parlait d’homosexuels demandant le pardon pour leur péché, cela signifiait indubitablement qu’il tient les comportements homosexuels comme de graves péchés, mais je ne crois pas que les journalistes soient capables de le comprendre. Ils font une fixation sur sa déclaration qu’il ne serait pas leur (ultime?) juge, ce qui peut signifier bien des choses, mais certes pas qu’il ne juge pas leurs acte en tant que péchés et graves désordres. Çà ne nous révèle rien non plus de son opinion sur les homosexuels dans le clergé. A-t-il une position différente de celle de ses prédécesseurs quant à l’admission d’homosexuels dans les séminaires, ou ne parle-t-il simplement que d’homosexuels déjà membres du clergé ? Je ne crois pas que S.S. Benoît XVI ait jamais appelé à chasser de tels prêtres tant qu’ils ne se livraient pas à l’acte ni ne divergeaient de l’enseignement de l’Église sur les actes d’homosexualité. S.S. François suivait la même ligne en parlant du prétendu lobby gay. Si un prêtre commence à faire de la propagande en faveur de changements susceptibles de justifier son propre comportement, je doute fort que le pape s’abstiendrait de porter un jugement là-dessus. De même, je suis plutôt certain que le pape, un prélat qui a vécu dans le siècle, ne serait guère naïf devant le problème posé par de tels individus dans les séminaires. Un homosexuel chaste n’est sans doute pas un homme affichant sa tendance homosexuelle comme un brevet de bonne conduite. De tels individus ont des idées en tête, et lorsque des séminaires en ont admis au cours du siècle passé, ils sont vite devenus des nids d’homosexuels militants. J’imagine que le pape le sait bien, et ne s’éloignerait pas de Benoît XVI en la matière. Aucun pape ne voudrait retrouver une telle situation. Alors, demandant « qui suis-je pour les juger ? », il parlait de la proximité que peut avoir tout homme avec Dieu quand il s’efforce de vivre une vie de chasteté. Il ne jugerait pas que ce serait impossible pour un homme ayant une tendance homosexuelle, mais ceci ne concernerait nullement un homosexuel militant. Avec notre culture actuelle super-sexiste et relativiste, il est certainement bien plus difficile pour un homme de mener une existence chaste, mais plus difficile encore pour un homosexuel vivant en permanence avec d’autres hommes, comme par exemple dans un séminaire ou un presbytère. Ces sujets complexes ne sont sûrement pas appropriés à des entretiens impromptus avec les médias. Espérons que le pape révisera l’expression de sa générosité naturelle et son ouverture au dialogue. Et voici une suggestion d’alternative positive : suivre l’exemple de Benoît XVI, de longs entretiens accordés à un interlocuteur cultivé et intelligent, puis publiés sous forme de livres. Ce qui éviterait bien des malentendus — simple suggestion d’un vieux semeur de controverses.
Le Père Mark A. Pilon est prêtre dans le diocèse d’Arlington, en Virginie. Il est Docteur en Théologie sacrée de l’Université Santa Croce à Rome. Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/casting-pearls-before-swine.html