Débranchons-nous ! - France Catholique
Edit Template
Van Eyxk, l'art de la dévotion
Edit Template

Débranchons-nous !

Il y a cinq ans, des « Twittos » ont créé à Paris la FASM : Fraternité des Apôtres de Saint-Médard. Tous les mois et demi, ils se retrouvent après la messe autour d'une bière pour des discussions entre réel et virtuel.
Copier le lien

La FASM. Derrière cet acronyme sibyllin se cachent des jeunes (et des moins jeunes) souvent branchés. Pas sur la dernière mode, mais sur la 4G. Il se font appeler ManuTop, Skeepy ou Polydamas. Koz Toujours est l’un d’entre eux. Ils sont souvent cathos, parfois à demi-mot. Tous les mois et demi, ils se retrouvent autour de la maxime : Ora et Bibe. à savoir, autour d’une bière, voire de plusieurs. Le plus souvent, ils se rencontrent à l’Académie de la bière ou chez les Dominicains, au couvent de la rue du Faubourg-Saint-Honoré à Paris. Mais cette fois-ci, le cadre est une boutique près de Notre-Dame-des Victoires où une messe a précédé la soirée.

Au Comptoir des abbayes, l’ambiance est décontractée. On commande un plateau de fromages et de charcuterie, on sirote sa mousseuse, on discute. Des anars de droite s’assoient à la même table que des militants d’Europe Écologie Les Verts (EELV). Les désaccords n’empêchent pas les discussions. Ces dernières mêlent questions personnelles et professionnelles, virtuel et réel. On parle de son métier, de son blog, de politique, de son premier enfant… Avec des gens qu’on critique parfois sur Twitter, « parce qu’en 140 caractères, on n’a pas le temps de nuancer », me souffle l’une des « Fasmettes ». Chaque participant possède en effet un compte Twitter. Car il faut bien comprendre que ces Parisiens d’adoption se sont principalement « rencontrés » grâce au chant fictif du petit oiseau bleu (symbole de Twitter). La première question que l’on pose à un nouveau visage qui fait son apparition au cours d’une soirée FASM est : « C’est quoi ton pseudo sur Twitter ? »

Mais les réseaux sociaux ne sont pas les seuls à être au centre des discussions. Il y a les blogs aussi. Ces sites Internet où l’on peut donner, de manière développée, son avis personnel sur tel ou tel sujet. On découvre ainsi Mars Attack, un blog sur la stratégie de défense de la France, envisagée par l’œil chrétien de son instigateur. On fait la rencontre de la rédactrice du Petit Chose, un autre site d’inspiration chrétienne. Nombreux sont ceux qui veulent placer le Spirituel d’abord, titre du blog d’une autre jeune femme.

Parmi « les anciens » on trouve des blogueurs comme Koz Toujours, Edmond Prochain, ou Henry le Barde, qui rassemblent, à eux trois, près de 23 000 suiveurs réguliers sur Twitter. L’ambiance est amicale. Loin des clichés « cathos coincés ». Après la tiédeur du début de soirée, on ne sait presque plus qui se connaît depuis deux heures ou depuis deux ans. Les verres se sont vidés, « à la conscience et à la santé du Pape » peut-on lire sur le compte Twitter de la FASM. Chacun retourne chez soi, à ses tweets, à son blog.

Quand je ferme la porte du Comptoir des abbayes, j’ouvre une réflexion sur la rencontre. Virtuelle ou réelle, elle semble avoir opéré un virage à 180°. Est-il plus facile de tenir dans sa main son téléphone portable avant de pouvoir serrer celle du voisin ? Cela semble étrange. Mais compréhensible dans un sens. à nous voir marcher dans la rue, tête baissée et regard rivé sur le petit écran, on se dit qu’il n’est pas facile de se parler. Sans doute avez-vous déjà fait cette expérience. Les initiateurs de la FASM aussi. C’est d’ailleurs pour lever un peu la tête qu’ils ont lancé ces rencontres informelles. Comme une invitation à se regarder à nouveau dans les yeux. à parler avec sa voix plutôt qu’avec ses doigts. Mais se débrancher pour l’espace de quelques heures, reste un exercice difficile pour certains. Au cours de la soirée, ils n’ont pu résister à la tentation de rédiger un ou deux tweets bien sentis. Vite fait, bien fait. Ha ! comme il est tentant de rester connecté !

Allez, il est l’heure de déjeuner. J’abandonne mon clavier d’ordinateur. J’oublie mon téléphone portable sur le bureau et je file à la boulangerie. Peut-être ferai-je une rencontre réelle sans passer par le virtuel ? Mais qui sait encore vraiment ce qui relève plus du réel que du virtuel ?

— 

http://www.fasm.org/