Celui qui vous parle - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Celui qui vous parle

Traduit par Vincent de L.

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Dieu, dans le principe, était seul et éternel. Il voulut créer le monde : pour exécuter ce dessein, il Lui suffit de vouloir et de dire pour que tout fût fait et aussitôt, tout fut fait selon Sa volonté.

Il doit donc nous suffire de savoir que rien n’existe de coéternel à Dieu. Il n’y a rien d’éternel que Lui ; seul, Il était tout. Mais, dans sa solitude divine, Il n’était pas sans raison, sans sagesse, sans puissance, sans dessein. Toutes choses étaient en Lui, Il était en toutes choses.

Quand Il le voulut, et de la manière qu’Il le voulut, Il manifesta son Verbe dans les temps annoncés par Lui, son Verbe par lequel Il a tout créé. Sa volonté crée tout, Sa pensée achève tout, Sa parole manifeste tout, Son enseignement perfectionne tout. Tout ce qui a été créé, l’a été par Sa raison suprême et embelli par Sa sagesse divine.

Il a donc fait toutes choses selon Sa volonté car Il est Dieu. Or, Il engendrait le Verbe pour être le chef, le conseil et l’ordonnateur de tout ce qui a été créé. Ce Verbe, qu’Il portait en Lui-même, était incompréhensible pour le monde ; créé, Il le rendit compréhensible. Ensuite, tirant le son du son, et faisant sortir la lumière de la lumière même, Il départit à la créature son sens divin, comme un flambeau qui devait l’éclairer : Il rendit ainsi visible pour la création ce qui n’était auparavant visible que pour Lui-même, afin que le monde, lorsqu’il verrait Celui qui devait apparaître, pût être sauvé par Lui.

C’est donc ainsi qu’Il s’adjoignit un autre à Lui. Quand je dis un autre, je ne veux pas pour autant dire deux dieux ; mais, de même que la lumière sort de la lumière, l’eau de la source ou le rayon du soleil, ainsi le Verbe, comme une partie de Son tout, qui est le Père, s’est détaché de Son tout. Or, c’est cet Esprit, ou ce sens divin, qui s’est manifesté au monde, et qui n’était que le Fils de Dieu.

C’est ainsi que le Verbe a été manifesté, comme le dit Saint Jean : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. Toutes choses ont été faites par Lui, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans Lui. » Et plus loin, il ajoute : « Le monde fut créé par Lui, et le monde ne L’a pas reconnu ; Il est venu dans Sa propre maison et les siens ne l’ont pas reçu. » Or, si c’est Lui qui a créé le monde et, comme le dit le prophète « Si c’est la parole du Verbe qui a affermi les cieux », il est alors le Verbe qui fut aussi manifesté.

Donc, dans le Christ nous contemplons le Verbe incarné. Dans le Père nous adorons l’intelligence, nous croyons au Fils, et nous adorons le Saint-Esprit.
Voici comment parle Jérémie : « Qui donc a été admis à contempler le secret de Dieu et à voir Son Verbe ? » Le Verbe, ou la Parole de Dieu, peut être vu ; celui de l’homme, ou sa parole, peut seulement être entendu. Quand le Prophète parle de voir le Verbe, il faut bien que je croie que ce Verbe a été envoyé sous une forme visible sur la terre. Or, celui qui a été envoyé, qui serait-il si ce n’est le Verbe ? Saint Pierre atteste la vérité et la réalisation de la mission du Verbe en ces termes lorsque, parlant au centurion Corneille, il dit : « Dieu a fait entendre Sa parole aux enfants d’Israël, en leur annonçant la paix par Jésus-Christ, qui est le Seigneur de tous. » Si donc le Verbe a été envoyé dans la personne du Christ, il est évident que Jésus-Christ représente la volonté du Père.

Or c’est ainsi, mes frères, que s’expliquent les Écritures. Saint Jean, dans son Évangile, rend témoignage de l’incarnation et confesse la divinité dans le Verbe quand il dit : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. »

Si donc le Verbe était avec Dieu et si Dieu était le Verbe, qu’est-ce à dire ? Prétendrait-on que saint Jean parle ici de deux Dieux ? Je répondrai, quant au nombre de dieux, non ; quant aux personnes, oui. Il en nomme deux, et même une troisième, qui est le Saint-Esprit, l’auteur de la grâce. Le Père est unique ; les personnes sont deux avec le Fils, et trois avec le Saint-Esprit. Le Père veut, le Fils accomplit ; c’est par ce qui est rendu visible dans la personne du Fils que nous croyons au Père.

Mais toute notre foi se résume dans la croyance en un Dieu unique ; c’est ce Dieu unique qui veut dans le Père, qui obéit dans le Fils, qui enseigne la sagesse dans le Saint-Esprit : le Père qui est au-dessus de toutes choses ; le Fils, qui est par toutes choses ; et le Saint-Esprit qui est dans toutes choses.
Ainsi, nous ne saurions concevoir l’unité de Dieu sans croire en même temps au Père, au Fils et au Saint-Esprit. Les Juifs, par exemple, ont bien glorifié le Père mais ils ne Lui ont pas rendu grâce ; ainsi, ils ont méconnu le Fils. D’autres ont bien reconnu le Fils mais ils n’ont pas cru au Saint-Esprit ; c’est comme s’ils l’avaient nié.

Or le Fils, qui connaît les conseils et la volonté du Père, parce qu’Il veut être glorifié ainsi et non autrement, expliqua le mystère de la Trinité lorsqu’après Sa résurrection, il dit à ses disciples : « Allez, enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » Or, quiconque n’accomplit pas ce précepte dans tous ses aspects, ne glorifie pas Dieu pleinement. C’est par cette Trinité que Dieu est glorifié. Car le Père a la volonté, le Fils, l’action, le Saint-Esprit, la manifestation. C’est là ce qu’enseignent partout les saintes Écritures.

Qu’il vous suffise de savoir que le Christ a dit : « Ce qui est né de l’Esprit est esprit ». C’est ainsi qu’Il désigna, par la bouche du prophète, la génération du Verbe. Quant au mode de révélation de ce mystère, et quant au temps où elle a eu lieu, voici ce qu’Il dit : « Je t’ai engendré avant l’aurore. »

Il est Celui qui souffle sur Ses disciples et leur communique l’Esprit-Saint ; Il entre dans le lieu où ils se trouvaient réunis quoique les portes fussent verrouillées. Il est ensuite enlevé au ciel à la vue de ses disciples, porté sur les nuées ; c’est là qu’Il est assis à la droite de Son Père, d’où Il doit venir un jour pour juger les vivants et les morts. C’est Lui qui est le Dieu fait homme pour notre salut, à qui le Père a soumis toutes choses. A Lui la gloire et la puissance avec le Père et le Saint-Esprit, dans la sainte communion de l’Eglise, maintenant et dans les siècles des siècles. Amen.

25 décembre 2016

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Hippolyte de Rome (av. 170) est un théologien du IIIe siècle au sein de l’Église de Rome. Il fut martyrisé en 235. Le présent texte est tiré de son ouvrage “Traité contre l’hérésie de Noétius”.

La traduction est une recopie presque complète 1 d’extraits trouvés au bout du lien suivant :

https://books.google.fr/books?pg=PA61&dq=editions:7W-zytUAQ0EC&id=sbRVOV9AzjsC#v=onepage&q&f=false


Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/12/25/he-who-speaks-to-you/

Tableau : Adoration des bergers par Bartolomé Esteban Murillo, v. 1650 [Museo del Prado, Madrid]

  1. J’ai peiné sur cette traduction et, après avoir terminé ma très imparfaite copie, je me suis demandé s’il était judicieux de traduire de l’anglais une traduction du grec ou du latin.

    J’ai donc voulu en savoir plus sur cet Hippolyte et j’ai demandé à « Frère Google » s’il le connaissait. Je l’ai découvert sur Wikipédia, et de là, j’ai été envoyé vers un document passionnant : des fragments de l’ouvrage de St Hippolyte « Traité contre l’hérésie de Noétius » (le lien est in fine de la PJ).
    Alléluia !

    Le texte que je vous envoie n’est pas de moi (peut-être une dizaine de mots sur l’ensemble) mais c’est la recopie des passages de l’extrait proposé par TCT. Ce texte est infiniment meilleur que mon charabia, mais je pense qu’il vaut mieux une bonne copie qu’une mauvaise traduction.

    Vincent