Ce qu'être chrétien veut dire - France Catholique
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Ce qu’être chrétien veut dire

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Semaines après semaines, notre pape François nous assène un rappel à la conversion évangélique, qui doit se manifester dans la vie de tous les jours, notamment dans la solidarité avec les plus pauvres. Il est des lieux et des moments où cette solidarité prend brusquement une dimension impérative et même tragique. C’est le cas, aujourd’hui, en République centrafricaine, où l’armée française a été appelée pour dénouer une situation extraordinairement tendue, avec des prodromes de guerre civile. Malheureusement, le conflit a pris aussi une allure de guerre religieuse avec une opposition frontale entre chrétiens et musulmans. Il faut dire que les chrétiens ont été les premières victimes d’exactions qui n’ont cessé de se multiplier depuis plusieurs mois et dont les auteurs s’en prenaient à leur biens, à leurs récoltes, à leurs églises, et souvent à leurs vies. Le régime qui s’était instauré après le coup d’État du 23 mars 2013, était du côté de la rébellion responsable de ces exactions. Mais avec le retournement intervenu, du fait de l’intervention de notre armée, la tentation à la vengeance s’est manifestée du côté des populations chrétiennes qui avaient été persécutées. D’où des actes répétés de représailles qui ont fait du conflit un affrontement inter-religieux.

Contre cette évolution fatale, l’archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapabanga, en union avec l’imam Kobine Lamaya, s’est dressé pour barrer la route à la surenchère des violences. Les deux hommes ont entrepris une tournée européenne pour alerter les responsables politiques et susciter de leur part une solidarité plus active (la France se trouvant bien isolée sur le terrain). Mais des exemples particulièrement significatifs d’une volonté de mettre fin à cette surenchère nous viennent du territoire de la République centrafricaine. L’envoyé spécial du Figaro, André Jaulnes, a ainsi décrit depuis la ville de Boali l’opération de sauvetage des musulmans qu’avaient réalisée les pères Xavier et Boris en ouvrant leur église à 600 musulmans qui étaient en danger de mort. Ils n’ont pas craint d’affronter les agresseurs pour leur prêcher la miséricorde et le pardon. Alors que la messe était célébrée, ils ont demandé aux chrétiens d’aller saluer les musulmans au moment du baiser de paix. L’armée française est alors intervenue, désarmant équitablement les deux camps. Le journaliste parle d’un véritable miracle à Boali. Se répercutera-t-il ailleurs, alors que c’est dans les villages les plus reculés de la brousse que le conflit et la haine se sont étendus ? Il faut le souhaiter ardemment. L’action entreprise dans le cadre de l’opération Sangaris sera insuffisante et précaire, s’il ne se produit pas parallèlement un grand mouvement de réconciliation, suscité notamment par l’esprit évangélique.