Carnage au Caire - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Carnage au Caire

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Plus de 27 morts et 300 blessés graves, tel est le bilan provisoire du carnage perpétré dimanche 9 octobre, place Maspéro au Caire, par l’armée égyptienne sur de pacifiques chrétiens, qui défilaient en portant des cierges : le pire est arrivé en Égypte. Récit par des témoins directs.

Le Dr Adel Ghali (le célèbre médecin copte des chiffonniers du Caire, qui fut pendant vingt ans le bras droit de Sœur Emmanuelle, diacre copte-orthodoxe) a failli être tué dans le carnage du dimanche 9 octobre, place Maspéro au Caire ; un blindé de l’armée l’a frôlé en chargeant les Coptes.
Le massacre a été effroyable : plus de 300 blessés, et il est impossible qu’il n’y ait que les 27 morts dont on a emporté les corps à la morgue, car beaucoup d’autres cadavres jetés par l’armée dans le Nil n’ont pu être récupérés, le bilan est donc beaucoup plus lourd en réalité. Dimanche 16, le Nil charriait encore des cadavres et deux blessés sont morts à l’hôpital.
Le Père Matthias Nasr, le saint curé des chiffonniers qui conduit depuis des mois les manifestations pacifiques des Coptes, est sain et sauf aussi. Avec son vicaire le Père Philopater, et un autre prêtre copte le Père Philémon, ils ont fait un rempart de leur corps à un militaire qui venait d’écraser volontairement 7 chrétiens et que les Coptes venaient d’arracher à son blindé pour le rouer de coups et peut-être le lyncher. Ils l’ont pris dans leurs bras puis se sont couchés sur lui. Cet assassin les suppliait de le sauver. Le Père Philémon l’a pris dans dans ses bras en lui disant «Tu es protégé par le Christ».

Voici donc les faits : 150 000 chrétiens (dont de nombreuses femmes et enfants) marchaient pacifiquement le plus grand calme au Caire entre Chobra et Maspéro, portant des cierges, une forêt de croix, des icônes de Jésus et de Marie, demandant justice pour les Coptes assassinés et les églises brûlées, et l’égalité entre tous les Égyptiens.

Trois blindés (pas des chars, mais ce que les militaires appellent des V.A.B., véhicule à l’avant blindé, que l’on connaît bien comme escorte des groupes de touristes depuis une vingtaine d’années) ont donc frôlé le Dr Adel et ont commencé à écraser les Coptes, en manoeuvrant pour rattraper ceux qu’ils rataient, avec acharnement et détermination. Il ne s’agit donc pas de bavure ou débordement comme on l’a dit, mais d’attaque de sang-froid et déterminée. Les soldats ont commencé à tirer sur la foule des chrétiens, en professionnels, tous les morts ont été touchés à la tête ou au coeur par des tireurs professionnels. C’est ensuite semble-t’il (mais après tout peu importe que ce soit avant, pendant ou après) que des salafistes islamistes sont arrivés avec les sabres dont ils sont toujours munis lors de leurs démonstrations de force (je les ai vus de mes yeux à Alexandrie en 2005) et ont commencé à couper les chrétiens en deux avec. Le Dr Adel est formel : il a vu les soldats exciter les islamistes contre les chrétiens.

Une jeune fille, Viviane, a témoigné : elle supplié les soldats de ne pas achever son fiancé Michael, ce qu’ils ont fait quand même sous ses yeux, ils l’ont rouée de coups de pied alors qu’elle était à terre en la traitant de mécréante et apostate. Les insultes proférées par les militaires étaient religieuses et pas politiques, le Dr Adel entendait les soldats traiter les chrétiens de « kafara » (mécréant, infidèle) et d’apostats.
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Pendant ce temps, la radio et la TV mentaient à tour de bras en affirmant que «notre armée se fait massacrer par les voyous Coptes »!
La jeune Viviane a porté plainte contre le maréchal Tantaoui, chef suprême de l’armée et du gouvernement provisoire (ex ministre de l’intérieur de Moubarak, ne l’oublions pas, qui a couvert de nombreux massacres de Coptes depuis des années), non pas par vengeance mais pour rendre justice à Michael, et elle va continuer à manifester avec les autres les prochains jours.

A l’appel du pape Chenouda III, les Coptes ont observé 3 jours de jeûne, messes et prières, mardi, mercredi et jeudi derniers.

Une semaine avant la tragédie, le grand mufti d’El Ahzar, toujours fidèle à sa manière de souffler le chaud et le froid, de dire blanc aux Occidentaux puis noir aux musulmans, -il vient de donner au Figaro une interview à faire pleurer dans les chaumières-, a dit à la TV nationale, appuyé par le chef des salafistes, que les Coptes étaient des mécréants et des apostats. Le journaliste lui a demandé «Alors on va tirer sur eux ?» Il a répondu «Non, mais c’est le Coran qui le dit, nous sommes obligés de dire la vérité, d’ailleurs les chrétiens aussi nous traitent de kafaras» [ce qui est faux j’en témoigne]. Appel au meurtre à peine déguisé…

Le pire, l’impensable est donc arrivé en Égypte, une armée qui massacre de paisibles compatriotes, hommes, femmes et enfants (de nombreux enfants ont été tués et blessés), et sous les yeux du monde entier, sans que personne ne réagisse à part Benoît XVI.

Dimanche 16 à Paris, une manifestation de 2 à 3000 personnes, composées de familles avec femmes et enfants, conduites par une dizaine de moines et prêtres coptes, porteuses de croix, a marché 4 heures durant de l’UNESCO à l’Assemblée Nationale, en demandant le départ du maréchal Tantaoui, l’instauration d’un État laïque en Égypte et en rebaptisant la place Maspéro du Caire «place des Martyrs coptes». Le cortège, discipliné, policé et recueilli, enfants et jeunes bien élevés, comme toutes les manifestations coptes, fait rêver une fois de plus rêver à ce que serait l’Égypte si elle était gouvernée par les chrétiens.