Au prix du sang - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Au prix du sang

Un film de Roland Joffé

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Ce qui est difficile à comprendre, c’est pourquoi une production anglo-américaine d’un des plus grands réalisateurs contemporains, avec une coproduction en Espagne et en Argentine, donc des moyens considérables, des acteurs sublimes, des reconstitutions historiques parfaites, n’a pas été proposée aux Français lors de sa sortie internationale en 2011. There Be Dragons est même sorti au Québec sous le titre Ennemi rapproché. Il faut supposer que le public français n’en a pas été jugé digne. Sans doute, en effet ne sait-il rien de rien sur le sujet de la guerre d’Espagne et risque-t-il de ne pas s’y intéresser. 1 Surtout, Roland Joffé, agnostique d’ascendance juive, traite d’un sujet spirituel, voire catholique. L’affiche du film en anglais dit en sous-titre : « Même les saints ont un passé », ce qui ne risque sans doute pas d’intéresser un public réputé laïc, surtout si le saint en question est Josémaria Escriva de Balaguer, le fondateur espagnol de la très décriée Opus Dei, taxée chez nous de liens consanguins avec le franquisme. Pourtant les films de Joffé comme Mission — sur les jésuites obligés d’abandonner les « réductions » guaranies au XVIIIe siècle — et La Déchirure (sur le génocide cambodgien), dont les sujets tragiques recoupent celui de ce film, ont eu un immense succès en France aussi. [|there-be-dragons-2011-us-poster.jpg|] Alors, puisque grâce à la société de distribution Saje, ce film voit enfin le jour dans nos salles de cinéma sous le titre « Au prix du sang », il faut voir ce qui pourrait nous intéresser dans cette œuvre. Don Escriva n’y occupe qu’une place secondaire même si elle reste centrale, que l’on peut mesurer exactement en regardant l’affiche française du film où chaque acteur est figuré en proportion de son importance dans l’histoire. Bien que Joffé ait écrit le scénario en toute liberté, on imagine que la question de départ pouvait bien être : comment parler des origines de l’Opus Dei sans sombrer dans l’hagiographie ou son contraire ? Ce qui fait supposer cela, ce sont les images additionnelles à la toute fin du film où on nous montre des photos de la canonisation en octobre 2002 place Saint-Pierre à Rome. Mais l’intérêt de l’intrigue romanesque n’en souffre pas, qui est un cocktail dostoïevskien : amitié, amour, jalousie, manipulation, crime et possibilité du pardon. Qu’elle soit compliquée, pleine de retournements, voire d’invraisemblances plaide plutôt pour son authenticité jusque dans les moindres détails. Une partie de l’histoire se passe en 1982, année où un journaliste d’investigation, Roberto Torres (Dougray Scott), d’origine espagnole mais qui réside à Londres, achève une biographie de Don Escriva (mort en 1975) grâce au soutien d’une éminence vaticane (Mgr Solano interprété par Charles Dance). Il apprend que son père, Manolo (Wes Bentley), qu’il n’a pas vu depuis huit ans, est malade et il se rend à Madrid pour essayer une dernière fois de l’interroger puisqu’il sait qu’il a été un ami de jeunesse de Don Escriva (Charlie Cox)… Mais l’essentiel du film se situe entre 1936 et 1939, pendant la guerre civile espagnole dont Manolo, le héros principal, est un combattant qui ne maîtrise pas beaucoup ses sentiments (une admiration exagérée pour son père notamment), ses émotions, ses désirs de gloire, ses désirs sexuels… Dans un autre contexte, sans doute aurait-il pu éviter de commettre le pire. Mais on ne lui a guère laissé le choix. C’est un héros négatif mais non dénué de conscience et qui ne sait plus trop où il en est à la fin, où il se trouvera tout de même vivant et du côté des vainqueurs. En contrepoint la démarche modeste et fidèle du jeune prêtre Escriva pour rester au service de son Église, même en se cachant, même en fuyant donne le contexte de folie antireligieuse de l’époque et montre que l’héroïsme tient souvent à de petites choses de la vie ordinaire. Et pourtant, sans l’étonnant coup de pouce d’un officier républicain, et sans un nouveau retournement violent de Manolo, le destin de Don Escriva aurait pu s’arrêter bien avant que son œuvre ne connaisse le moindre développement. L’interprétation de ces deux personnages masculins principaux est bonne. Le méchant, violent comme il se doit, et le bon doux à souhait, sont sans caricature. Don Escriva, grâce surtout aux lunettes peut-être, est bien ressemblant… Le personnage féminin, la lumineuse et mystérieuse Ildiko, brigadiste internationale, libre fille à soldats, amoureuse du chef républicain Oriol (Rodrigo Santoro) au grand dam de Manolo, est incarné avec beaucoup de subtilité par l’actrice française (d’origine ukrainienne) Olga Kurylenko. Sans cette histoire d’amour à trois, pas de film bien sûr. Mais comme tout cela reste pudique à l’image, on peut se demander si ce n’est pas là, la seule raison d’un tel retard de distribution d’un tel film dans notre pays. Pas de nudité, pas de salle de cinéma ! Bon, les temps changent : la sortie est programmée pour ce 25 janvier. À vous d’en faire un succès en allant le voir en famille ou avec des amis, ce qui permettra à d’autres œuvres intéressantes du cinéma international de sortir de l’ombre. Vous ne serez pas déçus. Le film est tout public et comporte tout ce qu’il faut pour susciter l’émotion et l’intérêt jusqu’au dénouement à tiroirs. A voir sur grand écran et dans une salle bien équipée pour diffuser une musique qui est pour une bonne part dans la force du spectacle. Il y a explicitement une réflexion sur la force du pardon, développée par la compagne de Roberto, Leïla (Golshifteh Farahani), qui passera au-dessus de la tête de beaucoup. Mais c’est ce qui, pour nous, fera le plus grand intérêt du film.
— – La sortie aux Philippines en octobre 2011 :
‘There be Dragons’ film out in movie theaters Nov. 9
Un point de vue de l’Opus Dei http://opusdei.fr/fr-fr/article/une-voix-de-lopus-dei-sur-le-film-there-be-dragons/ http://lesuisseromain.hautetfort.com/archive/2017/01/14/au-prix-du-sang-film-sur-saint-josemaria-fondateur-de-l-opus-5898473.html http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2017/01/guerre-despagne-le-simple-fait-de-porter-une-croix-ou-de-se-d%C3%A9clarer-catholique-%C3%A9tait-passible-de-mo.html

 

  1. Ah, il est loin le temps où des professeurs d’histoire communistes faisaient découvrir à leurs élèves le film de Malraux